Inquiétude à Ottawa au sujet des relations franco-canadiennes
Relations France – Canada : Ottawa – Le départ précipité du général de Gaulle a certes soulagé le gouvernement fédéral, mais l’inquiétude persiste.
C’est évident, les relations franco-canadiennes sont tendues. Hier (26 juillet 1967), à bord de l’avion présidentiel, le général a expédié un message à M. Daniel Johnson, pour sa « magnifique réception ».
Ottawa, qui l’a invité, n’a rien reçu. Hier, on attendait des explications. Rien. À travers les canaux diplomatiques, le gouvernement fédéral a tenté d’obtenir du général qu’il s’explique. Toujours rien. Aucune réponse à ces appels.
Aujourd’hui donc, un grand point d’interrogation. De retour chez lui, que dira, que fera le Général?
Et surtout, que fera le premier ministre du Québec?
Hier, à Dorval, c’était visible, M. Daniel Johnson était mal à l’aise et perplexe.
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D’ailleurs, l’adjectif “froide” colle aisément à cette cérémonie de départ. À la hâte, le gouvernement fédéral avait dépêché à l’aéroport la garde d’honneur du 22e régiment qui participe habituellement aux cérémonies d’accueil à la Place des nations.
Seule la presse attendait le général, le public n’étant pas admis sur la piste. Sitôt arrivé, le président a reçu le salut de la garde, puis après quelques rapides poignées de main, il s’est dirigé vers la passerelle conduisant à la cabine du DC-8F. En haut, il a de nouveau salué ses hôtes qui, poliment, ont reçu ce salut.
Quel contraste avec la cérémonie d’accueil, au Foulon, le dimanche précédent !
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À Dorval, M. Lionel Chevrier représentait le gouvernement fédéral. Il était accompagné de M. Jules Léger, ambassadeur du Canada à Paris et celui qui a reçu vers minuit, mardi, le message de Couve de Murville annonçant la fin précipitée de la visite.
Le Québec était largement représenté, M. Daniel Johnson en tête.
Le premier ministre du Canada n’a appris qu’à six heures, hier matin, la décision du général. Le cabinet a été réuni vers neuf heures, puis le premier ministre a déclaré ce qui suit :
« La décision du général de Gaulle d’abréger sa visite au Canada est facile à comprendre dans les circonstances. Toutefois, ces circonstances, qui ne sont pas le fait du gouvernement, sont fort regrettables. »
Dans les milieux politiques fédéraux, on estime que le gouvernement s’est bien tiré d’une situation fort difficile. Le discours du maire de la Métropole, peu avant le discours du général, a été reçu avec un grand enthousiasme. Personne, dit-on dans ces mêmes milieux, n’aurait mieux pu faire valoir la cause de l’unité nationale. Dans l’esprit de la grande majorité des politiciens fédéraux, de quelque parti qu’ils soient, M. Drapeau est le héros du jour.
Le gouvernement fédéral attend maintenant la réaction du gouvernement du Québec.
(C’est arrivé le 26 juillet 1967).
Inquiétude : (
Du latin in, négatif, et quies, repos; s’oppose à acquiescer).
1) Dans un sens laudatif et favorable, c’est un mouvement de l’esprit à la recherche d’un dépassement de la situation présente. L’inquiétude s’oppose alors à la satisfaction plénière et à la détente relâchée et comporte une idée de tension vers un but, de progrès, de volontarisme.
2) Dans un sens plus pathologique, le terme désigne un état d’insécurité qui n’est pas aussi fort que l’angoisse, n’en entraîne pas la conviction d’un danger et n’envahit pas tout l’être, mais le parasite suffisamment pour ne pas lui laisser – par moments au moins – ses pleines possibilités de détente ou de concentration. Il y a donc à la fois une ombre, un doute dans sa conscience, et les apparences rassurantes.
L’inquiétude peut se présenter en psychiatrie comme une forme mineure et réduite de l’anxiété et lui servir de prodrome. On peut donc la voir partout où l’anxiété peut survenir, à l’exception des états paroxystiques naturellement.
Elle se rencontre surtout dans les psychonévroses conflictuelles ou constitutionnelles (obsédés, douteurs, phobiques, psychasthéniques de Janet).

Pour en apprendre d’avantage :
- La visite du président de Gaulle
- La célèbre phrase
- Le Vive le Québec libre n’avait rien d’improvisé
- Bienvenu, mon général! (La visite de 1944)