Démocratie de la frontière

Démocratie de la frontière : Démocratie en Nouvelle-France

Démocratie de la frontière : La Nouvelle-France fut fondée à l’époque la plus féconde de la monarchie française, ainsi les colons qui vinrent s’établir dans la vallée du Saint-Laurent appartenaient à une société dotée d’institutions politiques stables. Même éloignés de la France, soumis à de longues interruptions hivernales de la communication avec la métropole, ils n’avaient nullement l’intention de se soustraire à l’autorité du gouvernement royal. Au contraire, la colonie comptait sur son aide pour assure son progrès.

Les coloniaux, d’ailleurs, savaient très bien défendre leurs intérêts. En 1645, les hommes d’affaires les plus influents du Canada s’associent pour former la Compagnie des Habitants qui se fait céder le monopole commercial de la Compagnie des Cent-Associés et se charge en même temps d’assurer le développement du pays. Deux ans plus tard, le roi constitue le Conseil de Québec, où siègent le gouverneur général, le supérieur des Jésuites, le gouverneur sortant de charge et deux autres conseillers choisis parmi les habitants.

En 1663, le régime des compagnies prend fin et Louis XIV rattache directement la colonie à la Couronne. Le roi donne à la Nouvelle-France un gouvernement royal formé du gouverneur, de l’intendant et du Conseil Souverain. Cette nouvelle division des pouvoirs vise à protéger les habitants contre l’arbitraire et permet au gouvernement français d’être mieux renseigné puisqu’il est en correspondance avec plusieurs administrateurs coloniaux.

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Il faut souligner que les Canadiens avaient toujours la liberté de s’adresser au roi et à ses ministres. Chaque groupe d’intérêts avait ses porte-parole auprès de la cour. Souvent, la métropole nomma des coloniaux aux postes les plus importants

Au début du XVIIe siècle, les Canadiens réclamèrent et obtinrent l’autorisation de s’assembler à Québec et à Montréal tous les jours pour discuter de leurs affaires. Les marchands eurent aussi la liberté d’élire deux délégués chargés de parler en leur nom. Ces syndics de marchands en vinrent à représenter non seulement leur corporation mais toute la population urbaine de la colonie.

Bref, la plupart du temps, la politique du gouvernement était celle que les habitants préconisaient eux-mêmes. Par contre, lorsque les décisions prises à Paris ne leur agréaient pas, ils s’empressaient de faire connaître leur opposition. De cette façon, la cour avait tout intérêt à respecter leur point de vue, parce que la défense et la conservation du royaume dépendaient d’abord de l’attachement des coloniaux et de leur collaboration.

D’ailleurs, les conditions de vie en Amérique du Nord avaient créé un climat égalitaire : devant les défis que posait la vie des pionniers, on exigeait de chaque homme du courage et de l’imagination plutôt que des titres de noblesse. Dans la course aux fourrures et les guerres contre le froid, les Iroquois, les Anglais, la nature, les Canadiens s’étaient habitués à se considérer comme des égaux.

Artisans ou commerçants, paysans ou seigneurs, riches ou pauvres, nobles ou roturiers, gouvernants ou gouvernés, ils avaient pleinement conscience de former une collectivité qui, sous la protection de sa métropole nourricière, était maîtresse de ses destinées.

C’est ce qu’on a appelé la démocratie de la frontière.

charles le moyne
Charles LeMoyne. Fête nationale 2011. Photo : © GrandQuebec.com.

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