Les demi-sourds et les demi-voyants iront à l’école

Les enfants demi-sourds et les demi-voyants vont à l’école comme les autres

La Commission des Écoles catholiques de Montréal a tenté cette année une expérience nouvelle en incorporant dans une école de l’est de la ville des locaux pour enfants demi-sourds et demi-voyants.

Le père et l’initiateur de cette idée M. Jean-Jacques Paquet, est coordonnateur des Bureaux de l’Orthopédagogie à la Commission scolaire. L’école Ste-Cécile, située dans le secteur est de la métropole fut durant l’année scolaire en cours (1967-1968), le témoin des difficultés, des efforts et aussi des succès de ces jeunes écoliers qui sent les cobayes pour ainsi dire d’une expérience qui s’étendra d’ici quelques années aux quatre coins de la ville.

Ces enfants qui, selon M. Paquet « ont des problèmes d’adaptation et d’expression et ne peuvent suivre le programme scolaire normal sont obligés d’aller en institution privée. Ils subissent des traumatismes graves qui les empêchent de s’épanouir dans la société actuelle. »

Grâce à un équipement particulier d’audition, les enfants peuvent suivre les cours. Leurs difficultés d’expression qui sont dues à une ouïe déficiente et non à un retard mental, comme bien souvent les gens le croient, sont corrigées par Mme Guérin, orthophoniste compétente et attentive.

Une thérapeutique adaptée, jointe à une instruction spécialisée et à un programme scolaire traditionnel mais flexible, permettent à ces jeunes handicapés de mener à bien leur année scolaire.

Quant aux écoliers demi-voyants, les mêmes attentions leur sont prodiguées aux points de vue pédagogiques et équipement technique. Les pupitres même sont conçus de façon à ce que les enfants puissent lire sans aucune fatigue ; le dessus s’adapte à l’angle désiré. Chacun possède une loupe grossissante afin de faciliter la lecture. Le professeur dispose également d’un épiscope servant à projeter sur les murs des images grossies des centaines de fois.

Le principe fondamental selon M. Paquet est « de placer l’enfant dans un milieu normal au contact d’enfants normaux ». Il ne s’agit pas d’en faire un être à part et de la complexer davantage, ce qui se produit inévitablement dans un milieu fermé comme l’institution privée.

« Ce système mis en branle, M. Paquet espère que rendus à la septième année de scolarité tous ces enfants pourront s’incorporer aux classes ordinaires et poursuivre ainsi leur formation académique.

Il y a dans la région de Montréal, de 100 à 125 enfants demi-voyants et de 700 à 1,000 durs d’oreilles.

Le dépistage cause certains problèmes, surtout en ce qui concerne les durs d’oreilles. Les enfants en bas âge qui présentent des difficultés de langage sont soupçonnés de déficience mentale et les parents songent assez peu à leur faire examiner les oreilles ; surtout dans les milieux défavorisés. Les honoraires d’un spécialiste étant élevés, les parents hésitent à les voir. Il est prouvé pourtant qu’une surdité passagère, séquelle d’une maladie grave peut très bien être enrayée si elle est soignée à temps. Sinon elle s’installe définitivement.

Aux États-Unis et en Europe on a déjà organisé ce genre de classes pour enfants durs d’oreilles et demi-voyants. C’est la première fois au Québec. Le coût de l’installation de ces classes, équipement, éclairage et professeurs spécialisés, est très élevé : à peu près trois fois plus que pour un écolier ordinaire. Cependant grâce à un accord avec le gouvernement, la Commission scolaire ne demande aux parents que la modique somme de dix dollars. Somme minime quand on songe aux effectifs humains et techniques déployés.

M. Jean-Jacques Paquet est heureux des résultats obtenus jusqu’ici. Dès septembre prochain une autre école entrera dans la ronde. Et ainsi de suite au cours des prochaines années. Tous les points stratégiques de la ville seront ainsi couverts et aptes à répondre aux besoins de l’heure.

(C’est arrivé au Québec en 1968)

“Personne n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.” (Proverbe australien). Photo de Megan Jorgensen.
“Personne n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.” (Proverbe australien). Photo de Megan Jorgensen.

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