L’arrivée du cinéma au Québec
Naissance du cinéma au Québec : C’est le 28 décembre 1895 que naît le cinéma avec les premières projections des frères Lumière, à Paris. Six mois plus tard, le samedi 27 juin 1896, a lieu une première projection au Canada. Cette séance se déroule à Montréal, au 78, rue Saint-Laurent (aujourd’hui boulevard Saint-Laurent), au café-concert Palace.
Deux Français, Louis Minier et Louis Pupier y présentent les premières « vues animées » des frères Lumière, sur un projecteur Lumière. Le public montréalais est représenté par un groupe choisi de journalistes et de notables de la ville.
Première projection des films
La première projection des films au Canada fait la une des médias du lundi 29 juin 1896 et, le lendemain, tous les journaux francophones en parlent. Mais les journaux anglophones ignorent la nouvelle et c’est pourquoi l’on a longtemps cru que la fameuse première projection avait eu lieu à Ottawa en juillet 1896. Jusqu’à nos jours, on peut constater que plusieurs historiens canadiens sont de cet avis, malgré les faits.
Les braves Français passent les deux mois suivants à offrir leurs bandes au public ordinaire. À la fin d’août, ils vont concurrencer le Vitascope d’Edison à l’Exposition de Toronto. Ensuite, ils reviennent au Québec pour faire une tournée des principales villes de la province – Québec, Trois-Rivières, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Hyacinthe et Sherbrooke.
Au même moment, les projections ont lieu, probablement avec les projecteurs Edison, dans diverses salles de Montréal.
Commence l’époque des projectionnistes ambulantes et pendant les dix années suivantes, les représentations se multiplient. Presque toutes les villes d’au moins deux mille habitants reçoivent la visite du cinéma.
Projections à Montréal
À Montréal, d’abord, c’est Louis Minier qui organise les projections au Palace, mais plus tard il est remplacé par Mesguich, l’as des opérateurs chez les frères Lumière. Mesguich fait une grande tournée canadienne. Il filme à Toronto, à Ottawa, à Québec et à Montréal avant de retourner en France.
Le droit d’accès à la nouveauté coûte en général 10 ou 15 sous, mais parfois les prix atteignent 25 cents. C’est à peu près le salaire moyen d’une heure de travail d’un ouvrier non spécialisé. Notons en passant que le coût moyen d’un billet de cinéma a toujours correspondu au salaire horaire moyen d’un ouvrier non spécialisé au Québec.
Germain Lacasse nous apprend que des projectionnistes les plus connus de l’époque, on peut citer la comtesse Marie-Anne d’Hauterives et son fils Henry, qui commencent à faire des présentations à Montréal en novembre 1897 avec un projecteur et des bandes Lumière, Méliès et Pathé. La comtesse surnomme son appareil Historigraphe, car il est destiné à enseigner l’histoire universelle dans toutes les écoles ».
L’Historigraphe
La comtesse et son fils parcourent tout le Québec en neuf tournées annuelles consécutives. Ils vont jusque dans les régions les plus éloignées, présentant tous les succès français et américains de l’époque. Ils offrent même le film coloré (à la main) dès qu’il apparaît en France.
Wilfrid Picard est un autre représentant illustre de ces voyageurs de commerce du cinéma. Il commence ses présentations en 1905. Il parcourt le Québec en tous sens, jusqu’à Mont-Laurier et à la Gaspésie. Picard se fait construire une roulotte à traction animale et puis une seconde ayant comme base une voiture automobile. Il présente surtout des films religieux et des documentaires, ce qui lui évite bien des problèmes, car ses séances sont surtout aux portes des églises lors des rendez-vous dominicaux.
Mais l’époque des projections animées, quoique elle embrassera toute la période du muet, sera en générale surpassée par l’époque de la « sédentarisation » des projections cinématographiques et cela depuis le début du XXe siècle, avec l’inauguration du premier cinéma à Montréal, le 1er janvier 1906.
Sources sur le sujet de Naissance du cinéma au Québec :
- Yves, Lever. Histoire générale du cinéma au Québec, éditions Boréal, Québec, 1994.
- Germain Lacasse, avec la collaboration de Serge Duigou, L’Historigraphe (Les débuts du spectacle cinématographique au Québec), Montréal, Cinémathèque québécoise, 1985.
Voir aussi :
- Religion et cinéma au Québec
- Projections ambulantes
- «Sédentarisation» du cinéma
- Biographie de Léo-Ernest Ouimet
- Ouimetoscope, première salle de cinéma
- Naissance du cinéma interactif