
Contre l’entrée en vigueur de la Loi 43
Fermeture de 7800 restaurants et marche sur Québec, le 13 mars 1984
Successeur du ministre Alain Marcoux comme titulaire du ministère du Revenu, l’ex syndicaliste Robert Dean hérite d’un dossier difficile, celui de la Loi 43.
En vigueur depuis le premier janvier 1984, cette loi a provoqué, un véritable raz-de-marée de contestations tant de la part des employeurs du monde de la restauration que de ses employé(e)s au pourboire.
Jusqu’à présent, seuls les employeurs, groupés au sein de diverses associations régionales (AGAP, ADIP, ATIQ, CSN) ont manifesté leur mécontentement sur la place publique.
Mais voici qu’après avoir créé un véritable front commun provincial, les employeurs ont décidé de passer de la parole aux actes et de porter un coup qui devrait démontrer au gouvernement du Québec que la Loi 43, dans sa forme actuelle, ne sera jamais acceptée.
En conférence de presse, hier, à Montréal, Marie Gaudet, porte-parole du front commun, annonçait officiellement que, le mardi 13 mars, date de la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, à Québec, plus de 7 800 établissements (restaurants, hôtels, tavernes, brasseries) de la province fermeront leurs portes jusqu’à 18 heures et que des milliers d’employeurs, accompagnés d’un certain nombre d’employés, convergeront vers Québec où ils afficheront leur solidarité face à la loi Marcoux. Selon le coordonnateur de cette manifestation, le propriétaire du restaurant montréalais « Chez Alexandre », M. Alain Creton, « nous estimons que 10000 personnes — employés et propriétaires — se rassembleront devant l’Assemblée nationale. »
Désamorcer la bombe
Le front commun voit d’un bon œil l’arrivée dans le dossier du ministre Robert Dean et espère que le gouvernement Lévesque lui a confié la tâche de «désamorcer la bombe que constitue la Loi 43.
Les responsables du front commun ont d’ailleurs, par une lettre datée du 6 mars, invité le nouveau ministre du Revenu à recevoir leur délégation, le 13 mars, à l’occasion de leur manifestation.
Déclarant, dans cette lettre qu’ils jugent cette loi (43) « discriminatoire, mal conçue et inutilement coûteuse… » et qu’ils ont «des raisons sociales, économiques et juridiques » de protester, les dirigeants du front commun affirment que leur manifestation du 13 mars ne fait que marquer le début d’une série d’autres manifestations tout aussi percutantes.
À moins, ont-ils déclaré, au cours de leur rencontre avec les media, que le ministre Robert Dean ne pose le seul geste qui pourrait entraîner l’annulation de leur marche sur Québec et la poursuite de la « guerre » qui vient vraiment de s’engager.
« Ce geste, ce serait l’annonce d’un moratoire, qu’il soit de 3,6,9 ou 12 mois, moratoire qui permettrait d’entreprendre enfin de véritables et fructueuses négociations », a confirmé un porte-parole du front commun.

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