Conscience nationale

Naissance de la conscience nationale des Canadiens français

De l’époque de la Conquête, le peuple canadien apparait comme une nation solidaire forgée par un même destin. En effet, s’il existe un noyau dur de la « race française » en Amérique du Nord,  c’est la force de cohésion qui a su maintenir son esprit.

Après 1760, le Canadien français substitue la lutte politique démocratique à la lutte armée. Les débats politiques font surgir au milieu des Canadiens des hommes « dont les talents, le patriotisme, l’éloquence sont pour nous un juste sujet d’orgueil et un motif de généreuse émulation » (François-Xavier Garneau, Histoire du Canada depuis la découverte jusqu’à nos jours, page 2). En fait, l’apprentissage de la démocratie fut d’autant plus difficile que le régime autocratique français interdisait les infrastructures qui pourraient promouvoir l’esprit démocratique. Parmi ces structures, on peut noter la libre association des groupes et des individus, la présentation de pétitions politiques, la publication de journaux et de gazettes qui communiqueraient les idées des citoyens.

Par exemple, pendant tout le régime français, la Nouvelle-France n’a jamais possédé de presses à imprimer. Toutes les communications écrites se faisaient de personne à personne. Or l’imprimerie crée ce qu’on appelle un public,  le groupe de personnes anonymes qui ont une même source d’information.

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Après la Conquête, les Canadiens, très vite apprivoisent ces outils de base du futur régime démocratique. (Leur mérite est d’autant plus grand que le régime militaire de 1760-1763, en interdisant la langue française, réprime aussi toute velléité démocratique. Ce n’est qu’après confirmation officielle par l’Acte de Québec de 1774 qui établit les droits fondamentaux des Canadiens que s’éveillent les activités qui soutiennent une société en voie de démocratisation).

Au début du XIXe siècle, la notion de peuple entre sur la scène de l’histoire, développée au fil des ans par l’historien et sociologue français Jules Michelet en Europe et par François-Xavier Garneau au Canada.

Au Canada, selon Garneau, que comme partout ailleurs, les revendications du peuple butent contre le mur d’un pouvoir conservateur, constituée de « chefs absolus qui viennent à lui armés d’un diplôme divin ». Ce mur est bâti par une alliance entre le pouvoir anglais et celui de l’Église, plutôt du haut clergé.

Ainsi, la conscience nationale canadienne – française passe d’abord par l’appropriation et l’apprentissage de pratiques démocratiques. Au préalable, par l’acquisition de certaines infrastructures indispensables à ces pratiques, c’est-à-dire des journaux et des associations.

La parution du Canadien, premier journal politique, en 1806, confirme largement la nouvelle orientation nationaliste. Elle se fonde alors sur une langue et une culture communes.

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Défilé de la Saint-Jean. Photo : © GrandQuebec.com.

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