
La colonisation du Nord au Québec
La colonisation du nord québécois touche d’abord bassin versant de la rivière de l’Outaouais, vers les années 1830.
C’est l’exploitation forestière qui entraîne l’arrivée de centaines de travailleurs et l’établissement de grands chantiers pour les loger et qui assure l’afflux des familles des bûcherons vers 1840, quand des dizaines, voire des centaines partent à l’assaut des Pays-d’en-Haut, en remontant en canot d’écorce la rivière du Nord.
Un peu plus tard, le mouvement de colonisation prend une forme plus structurée et organisée et le personnage à l’origine de ce mouvement est le curé Antoine Labelle de Saint-Jérôme qui voyait le nord des Laurentides comme une terre promise pour les Canadiens français, alors que la situation des seigneuries était au pire et que la plupart des jeunes choisissaient l’exil vers les États-Unis.
À l’initiative du curé Labelle, des villages sont fondées et des fermes sont installées autour des chantiers à peu près à tous les trente kilomètres, en pleine forêt, le long des principaux cours d’eau. Certaines de ces fermes sont encore visibles, échelonnées le long la rivière du Lièvre, comme les fermes d’Oxbow (Val-des-Bois), des Pins (Notre-Dame-du-Laus), du Wabassee, du Lacots (Notre-Dame-de-Pontmain), la Ferme Tapani, la Ferme Rouge, la Ferme Neuve.
Aux débuts, du côté de l’Outaouais, la rivière du Lièvre a été pendant longtemps la seule voie de communication. Pour arriver à la destination, les colons montaient en canot à partir de la ville de Buckingham jusqu’à Mont-Laurier. Cette montée était difficile, car les colons devaient pagayer pendant quatre jours avec un bagage imposant. Ensuite, le curé Labelle, qui voyait les colons se décourager, a eu l’idée de mettre en service deux bateaux à vapeur sur la rivière du Lièvre.
Un premier bateau prenait les colons de Buckingham pour les monter au barrage de High Falls et un deuxième, qu’on avait construit en haut de la chute, les amenait jusqu’aux rapides des Cèdres. Le plan du curé prévoyait un troisième bateau jusqu’à Mont-Laurier (Rapides de l’Orignal à l’époque), mais ce projet ne s’est jamais réalisé, puisque le chemin Chapleau a été ouvert en 1885. Les deux bateaux ont navigué pendant une dizaine d’années.
À la fin des années 1885, le chemin Chapleau s’est allongée à partir de Saint-Jovite vers La Minerve, Nominingue et Kiamika et a permis l’intensification de la colonisation entre Notre-Dame-de-Pontmain et Mont-St-Michel, de telle sorte que les colons s’installaient en chapelet sur tout le parcours de la rivière du Lièvre qui est demeurée la route principale pendant 25 ans, jusqu’à l’arrivée du chemin de fer : le courrier et les marchandises étaient acheminés en canot, alors que les colons se déplaçaient sur la rivière pour se rendre à l’église ou visiter les villages voisins. Le mouvement de colonisation accentué grâce à l’arrivée du chemin de fer dans l’actuel secteur Masson-Angers de la ville de Gatineau et atteint son apogée entre 1876 et 1886.
Ensuite, le chemin de fer appelé le train du Nord relie Saint-Jérôme à Mont-Laurier entre les années 1891 et 1909, facilite la colonisation des cantons du Nord et contribue au développement économique de la région en permettant le développement de l’industrie manufacturière.
(D’ailleurs, si cette ligne a permis de soutenir l’industrie forestière, elle a également favorisé le tourisme qui a connu des jours de gloire durant les années 1920 à 1940 alors que le Canadien Pacifique a mis sur pied les trains de neige pour transporter les skieurs de fin de semaine en provenance de Montréal. Le tourisme connaît également un essor important au niveau de la pêche, la chasse et la villégiature. En parallèle au développement du récréotourisme, l’agriculture a évolué en favorisant la production laitière et l’élevage de bovins de boucherie).
Le développement du réseau routier, dont la construction de la route Montréal – Abitibi dans les années 1930, permet aux forestiers de transporter le bois par voie terrestre, ce qui entraîne, en 1993, la fin de la drave sur la rivière du Lièvre, autorisant alors le développement du récréotourisme et de la villégiature aux abords de la rivière.
En 1948, on finalise la route nationale, soit la 11, aujourd’hui la 117, afin de permettre aux véhicules motorisés d’atteindre les terres du nord des Laurentides. La construction de la nouvelle route nationale permet le développement rapide des régions de Mont-Laurier et de la Haute-Lièvre. En 1989, le chemin de fer est démantelé pour faire place, quelques années plus tard, au parc linéaire Le P’tit Train du Nord, utilisé à des fins récréatives.

Voyageurs canadiens poussant un canot dans un rapide 1870-1873. William Henry Bartlett. Source : Bibliothèque et Archives Canada / C-008373. Licence : Aucune. Le dessin fait partie domaine public.
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