Le rôle du clergé dans la rébellion de 1837-1838
L’appel aux armes est lancé l2 24 octobre 1837 à Saint-Charles. Aussitôt après, 26 mandats d’arrestation sont émis contre les chefs patriotes. Mais en ce moment, quel rôle jouait le clergé de l’Église catholique-romaine que représentait la totalité des Canadiens-français qui vivaient au Bas-Canada.
À l’automne 1837, alors que le climat du Bas-Canada tournait à le révolution, on vit l’épiscopat sortir de son mutisme pour exhorter le peuple à l’obéissance civile et au respect des autorités britanniques. Par exemple, l’évêque de Montréal, Mgr Lartigue, émit un mandement demeuré tristement célèbre; il y dit expressément : « Ne vous laissez pas séduire si quelqu’un voulait vous engager à la rébellion contre le gouvernement établi, sous prétexte que vous faites partie du peuple souverain. » À Québec, Mgr Signaï emploie, ni plus ni moins, les mêmes termes : « Notre peuple devra au clergé d’échapper au naufrage que lui préparent d’aveugles et imprudents nochers. »
La riposte des journaux n’est se pas fait attendre : « Le jour n’est peut-être pas éloigné où les évêques regretteront de s’être immiscés dans les affaires qui ne les regardent pas. » Et ceci encore : « Le Pape a reconnu les gouvernements sortis de la révolte aussi bien que les autres. » Le ton est acerbe. On raconte même qu’à Saint-Charles les paroissiens sont sortis de l’église à la lecture du mandement de Mgr Lartigue.
L’épiscopat canadien a combattu ouvertement le mouvement insurrectionnel : le mandement de Mgr Lartigue, évêque de Montréal, et de Mgr Signaï, évêque de Québec, attestent cette opposition. Mais il ne faut pas oublier qu’une partie du bas-clergé a fraternisé avec les Patriotes et que, pour un, l’abbé Chartier fut à la tête des insurgés de Saint-Benoît. Si le cas de l’abbé Chartier est significatif, c’est que la complicité entre le clergé et les Patriotes a souvent joué, mais de façon moins voyante. Il reste que les rappels à l’ordre des évêques ont nui au soulèvement des Patriotes en le privant d’une sanction morale dont ils n’avaient que trop besoin. Car si les chefs de l’Insurrection défiaient l’épiscopat, il n’en allait pas de même pour les habitants dont plusieurs furent perturbés par l’attitude de la haute Église.
Mouvement des Patriotes, ligne du temps automne 1837 :
- 5 septembre 1837 : Fondation de l’Association des Fils de la Liberté.
- 23 octobre 1837 : Assemblée des Six Comtés, à Saint-Charles.
- 24 octobre 1837 : Mandement de Mgr Lartigue, évêque de Montréal.
- 25 octobre 1837 : 26 mandats d’arrestation sont lancés contre les chefs politiques de la Rébellion, accusés de haute trahison.
- 18 novembre 1837 : Wetherall quitte Montréal avec ses troupes en direction de Chambly. Le même jour, Gore quitte Montréal en direction de Sorel, en vue de remonter le Richelieu.
- 23 novembre 1837 : Bataille de Saint-Denis-sur-Richelieu. Victoire des Patriotes.
- 27 novembre 1837 : Bataille de Saint-Charles-sur-Richelieu. Défaite des Patriotes.
- 5 décembre 1837 : La loi martiale est proclamée (elle sera supprimée le 5 avril 1838). Louis-Joseph Papineau se trouve aux États-Unis.
- 14 décembre 1837 : Bataille de Saint-Eustache. Défaite des Patriotes. Mort de Chénier au combat.
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