Cinémas permanents au Québec
L’époque des salles de cinéma permanentes commence au Canada en janvier 1906 avec l’inauguration du Ouimetoscope par Ernest Ouimet, dans un ancien café-concert, au coin de la rue Sainte-Catherine et de la rue Montcalm.
La salle peut accueillir jusqu’à 500 personnes et Ouimet veut y accueillir surtout la classe moyenne. Le premier gros succès financier de ce premier cinéma vient avec La Vie et la Passion de Jésus-Christ, au moment de la semaine sainte. En 1907, sa salle est agrandie et reconstruite. La reconstruction coûte 130 000 $. Désormais, 1200 personnes peuvent visionner les films, mais les hommes et les femmes ne peuvent s’y asseoir ensemble! Les sièges ordinaires sont de 10 et 15 cents, tandis que les loges coûtent de 35 à 50 cents.
Ouimet va lui-même acheter ses bobines de films à New York. Souvent il traduit, avec humour, les intertitres en québécois. D’ailleurs, il y présente des films d’actualité qu’il tourne lui-même.
Le succès de la première expérience entraîne l’ouverture de plusieurs autres cinémas la même année et Ouimet est imité par d’autres propriétaires. Ainsi s’ouvrent à Montréal le Bourgetoscope, le Casino, le Nationoscope, le Palace, l’Ovilatoscope, le Supérioscope, le Ladébauchoscope (d’après le nom du personnage d’une bande dessinée), le Nickelodeon (dans l’ancienne église au coin des rues Sainte-Catherine et Bleury).
Dans les années 1910, on y voit apparaître un grand nombre de salles: Bijou Dream, Lune Rousse, Passe Temps, Readoscope, Rochonoscope, Mont-Royalscope, Bodet-O-Scope, Parigraphe et autres.
Interdictions
À compter de décembre 1907, toutefois, l’Église interdit les projections du dimanche. Déjà, dans les mois précédents, les autorités civiles, poussées par l’archevêché de Montréal, prétendent que la loi de 1906, interdisant le théâtre les dimanches, s’applique également au cinéma.
Astucieusement, les cinémas essaient de contourner les problème en vendant des bonbons à l’entrée et en donnant la permission aux acheteurs d’aller regarder les vues animées qui, elles, sont gratuites. L’archevêque de Montréal Mgr Paul Bruchési riposte avec son mandement sur la sanctification du dimanche. Les exploitants d’autres confessionnalités se trouvent ainsi favorisés, car le dimanche apporte toujours les meilleures recettes.

Alors, la Ville de Montréal trouve une solution: pour régler le problème, elle interdit toutes les représentations cinématographiques le dimanche. Point final.
Les exploitants s’unissent alors pour contester ce règlement en cour. La question va jusqu’en Cour suprême du Canada en 1912. Finalement les exploitants obtiennent gain de cause, mais la plupart peuvent difficilement se remettre des torts causés.
Mais le public apprécie beaucoup le cinéma et s’y rend en foule. Alors, vient l’époque des Movie Palaces.
Sources :
- Jean Béraud, Léon Franque et Marcel Valois, Variations sur trois thèmes, Montréal, Éditions Fernand Pilon, 1946.
- Bélanger, Léon-H, Les Quimetoscopes : Léo-Ernest Quimet et les débuts du cinéma québécois, Montréal, VLB éditeur, 1978.
- Yves, Lever. Histoire générale du cinéma au Québec, éditions Boréal, Québec, 1994.
Voir aussi :