Choiseul : origine du nom et son utilisation au Québec
La commune champenoise de Choiseul est sise en Haute-Marne, à environ 35 kilomètres au nord-est de Langres et à 40 kilomètres à l’est de Chaumont, préfecture du département. Son nom, qui vient d’un mot bas-latin servant à désigner au Moyen Âge une sorte de moulin, fut attribué à une noble famille dont certains membres ont joué un rôle dans l’histoire du Québec. Le plus connu est, sans contredit, Étienne-François, duc de Choiseul et comte de Stainville. Né en Lorraine, en 1719, il débuta d’abord dans la carrière des armes.
Remarqué par la favorite de Louis XV, ma marquise de Pompadour, il devint successivement ambassadeur à Rome (1754), puis à Vienne (1757) avant d’être fait duc de Choiseul (1758) et d’exercer le pouvoir au nom du roi. Ainsi, il remplit les fonctions de secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1758-1761 et 1766=1770), à la Guerre (1761-1770), à la Marine et aux Colonies (1761-1766). En fait, pendant douze ans, il dirigea la politique de la France comme un premier ministre, mais sans en avoir le titre.
Choiseul fut notamment l’un des auteurs du Pacte de famille établissant, le 15 août 1761, une étroite union diplomatique et militaire entre les Bourbons régnant à Parmes, à Naples, en Espagne et en France. Ce traité aida la France à maintenir ses frontières pendant la guerre de Sept ans. Il ne put cependant rien pour le Canada. Choiseul, qui connaissait bien la situation et les énormes besoins de la colonie de la Nouvelle-France, considérait, comme la plupart des intellectuels français de cette période, qu’il valait mieux céder le Canada et conserver la Guadeloupe, petite île mais grande productrice de canne à sucre. Il élabora tout de même, à la fin de 1761, un vaste plan visant, entre autres, à intercepter tous les bateaux de pêche anglais sur les bancs de Terre-Neuve. Le chevalier de Ternay allait mener à bien cette entreprise en 1762.
Après le traité de Paris, signé par son cousin, le duc de Praslin, en 1763, Choiseul amorça avec de dernier une importante réforme de l’armée et de la marine afin que, un jour, la France puisse prendre sa revanche sur la victorieuse Grande-Bretagne. Homme brillant, à l’intelligence vive et claire, ouvert aux idées des Encyclopédistes, Choiseul savait aussi être cynique, voire cruel avec les autres. Sa digrâce, imputable à sa politique intérieure, trop favorable aux parlements qui s’opposaient au roi, à sa politique extérieure, belliqueuse envers les Anglais, et à l’hostilité de la comtesse du Barry, nouvelle favorite de Louis XV, l’amena à faire de son domaine de Chanteloup un véritable foyer d’oppositon. Il mourra à Paris, en 1785. Un autre Choiseul, également duc, fit partie de la délégation française, lors du premier Congrès de la langue française au Canada, tenu à l’université Laval de Québec en juin 1912. Organisé par la Société du Parler français eu Canada, cet événement avait pour but de sensibiliser les participants, et la population en général, à l’importance de préserver, de cultiver et de développer la langue française dans tous les secteurs d’activité au Canada.
Deux ans plus tard, afin d’honorer le délégué, mais aussi indirectement son ancêtre ministre, on retrouvait l’hydronyme Lac Choiseul dans le Dictionnaire des rivières et des lacs de la province de Québec. Ce plan d’eau, d’un peu plus de 7 kilomètres de longueur, s’étend au nord-est du lac Capitachouane, dans lequel il se déverse par le ruisseau Choiseul, à 150 kilomètres à l’est de Val-d’Or et à environ 65 kilomètres au sud-ouest du réservoir Gouin, en Abitibi.
Lac Choiseul
D’un peu plus de 7 kilomètres de longueur et à une altitude de 426 m, ce lac aux nombreuses anfractuosités se situe à la latitude de Val-d’Or et à 150 km à l’est de cette ville. Il s’écoule au sud-ouest par le ruisseau de même nom dans le lac Capitachouane. Le nom Choiseul qui apparaît sur un levé des lacs de cette région effectué en 1936 et publié dans le Répertoire géographique du Québec en 1969 a été attribué en l’honneur d’Étienne François de Choiseul (1719-1785), devenu duc de Choiseul en août 1758 alors qu’il était secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Diplomate et administrateur autant que militaire, il s’était donné comme but de préparer la revanche contre l’Angleterre au lendemain du traité de Paris. Il existe deux autres lacs de ce nom, l’un dans Pontiac, l’autre à l’ouest du réservoir Outardes Quatre où l’on remarque aussi le lac Praslin, du nom d’un cousin de Choiseul, César Gabriel de Choiseul-Chevigny, duc de Praslin (1712-1785).
Bibliographie :
- La France et le Québec. Des noms de lieux en partage. Commission de toponymie du Québec, les Publications du Québec, l’Association française pour l’information géographique, 1999.
- Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d’un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d’un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
Voir aussi :
