Utilisation du patronyme Cévennes au Québec
En juillet 1984, à Rivière-Éternité, le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République française, résolus à affirmer leur volonté respective de protection et de mise en valeur du milieu naturel, ont signé une entente sur le jumelage du parc de conservation du Saguenay, au Québec, et du Parc National des Cévennes, en France.
Cette entente prévoyait notamment la production, de part et d’autre, de publications et de documents audiovisuels destinés à faire connaître les deux parcs, de même que l’échange d’information scientifique, technique et générale entre les deux organismes responsables et entre les populations concernées.
À l’occasion du 10e anniversaire du jumelage, en juin 1994, les autorités du parc de conservation du Saguenay ont été l’hôte d’une délégation d’une trentaine de personnalités du ministère de l’Environnement de France et de la direction du Parc National des Cévennes. On a profité de l’événement pour dévoiler une plaque illustrant, entre autres, des désignations toponymiques commémoratives effectuées par la Commission de toponymie en 1989 et rappelant le bicentenaire de la Révolution Française.
Les trois entités géographiques alors désignées, le cap Liberté, le cap Égalité et le cap Fraternité, sont présentement situés dans le parc national du Saguenay. Cette manifestation a aussi permis aux autorités présentes d’élaborer un projet d’échange de toponymes : des noms de lieux du Parc National des Cévennes seraient implantés dans le parc du Saguenay et vice-versa.
La liste qui suit présente les toponymes qui ont fait l’objet d’échange. De France : Cévennes (région), Aigoual (mont), Lozère (mont), Gardons (vallées), Jonte (rivière) et Tarn (rivière). Du Québec : Le Tableau (falaise), Éternité (cap), Trinité (cap), Saguenay (rivière), Tabatière (anse de), Passe-Pierre (anse à la), Eau (anse à l’), Moulin à Baude (anse du).
Du côte des Québécois, le nom de Cévennes a été attribué à une entité topographique de choix, soit un majestueux cap faisant face au duo incomparable des caps Trinité et Éternité et situé sur la rive gauche du Saguenay, à peu près à mi-chemin entre Chicoutimi et l’embouchure du Saguenay. Le cap de Cévennes prolonge, à l’ouest, la série de caps dédiés à la devise française, Liberté, Égalité et Fraternité et voisine, à l’est, avec les caps Aigoual et Lozère, des noms qui s’accordent bien avec le sien et qui lui rappellent son pays d’origine.
Cette nouvelle « chaîne française » de ceps ainsi formée, présentant l’allure d’un véritable mur de roc et dessinant une saisissante falaise en dents de scie, haute de 250 mètres, constitue l’un des segments les plus impressionnants du magnifique fjord du Saguenay, dont le nom amérindien, noté par Jacques Cartier dans sa Relation du voyage de 1535-1536, signifie territoire d’où sort l’eau.
La région des Cévennes, dans le sud de la France, est une zone de moyennes montagnes, située au sud-est du Massif Central, à moins de 100 km de la Méditerranée ; son nom, Cebenna chez Cèsar, désigne en gaulois une montagne. Doté d’écosystèmes particulières qui rehaussent son charme naturel, ce territoire est devenu, en 1970, un parc national, le plus grand de France. Il se distingue des autres parcs nationaux par le fait qu’il est le seul à favoriser, à l’intérieur de la zone protégée, des activités économiques destinées au maintien de la population. Ce parc, qui est donc habité par les Cévenols, très fiers de l’être, constitue en plus une réserve du patrimoine mondial de l’UNESCO.
(Source : La France et le Québec. Des noms de lieux en partage. Commission de toponymie du Québec, les Publications du Québec, l’Association française pour l’information géographique, 1999).
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