Du jamais vu !

Du jamais vu !

Même dans l’État de New York, qui a vu d’autres, la tempête de pluie verglaçante qui glace le sud du Québec, le nord de l’État de New York et une partie de la Nouvelle-Angleterre et de l’Ontario est sans conteste la pire jamais vu! Par sa sévérité, son étendue et sa durée.

Rien n’aurait pu être fait pour la prévenir ou pour amenuiser les dégâts au réseau électrique hydro-québécoise ou aux autres réseaux.

« On n’a jamais fait face à cela, dit Louis Champagne, président du Syndicat professionnel des ingénieurs d’Hydro-Québec. Le taux de destruction du réseau dépasse largement ce qu’une armée ennemie aurait eu besoin de faire pour détruire les installations d’Hydro ».

Il n’y a pas de précédent pour ce type de tempête. M. Elias Chnnoum, un des principaux spécialistes en transport d’énergie d’Hydro-Québec, rappelle que le verglas qui a frappé la région de Lanaudière l’an dernier ne dépassait pas 30 millimètre (mm), une charge supportable pour le réseau de transport qui a été conçu pour accepter une charge de 45 mm. La tempête a laissé 60 mm et plus. En 1961, l’épaisseur de la glace ne dépassait pas 40 mm.

« On a des détecteurs de verglas. On a une équipe de dédiée à ces phénomènes climatiques, dit-il. Toutefois, on n’a eu aucune indication qu’on pouvait avoir des charges aussi importantes, aussi vite ».

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Si Hydro peut se prémunir et protéger son réseau contre le givre des nuages, un phénomène que la société d’État connaît bien notamment dans la région de Sept-Îles, elle ne peut pas se prémunir contre la pluie verglaçante, ajoute M. Channoum. « On sait que le verglas c’est notre ennemi au Québec. » Cela fait 27 ans qu’il conçoit des lignes de transport et jamais dans la documentation « a-t-on vu une tempête de pluie verglaçante s’étendre sur une si grande distance. »

Outre l’étendue, a aussi nuit à Hydro la durée de la tempête qui en fait est la succession de trois tempêtes. Du déglaçage préventif? Il s’en faisait dès le début, mais avec autant de verglas, il était difficile d’atteindre les équipements, et l’ensemble du réseau était glacé.

Et le réseau de distribution? Si le réseau de transport a flanché, répond M. Channoum, le réseau de distribution n’avait aucune chance.

La priorité pour Hydro est d’abord de reconstruire le réseau pour alimenter ses clients. Après, ce sera le temps du post-mortem. Il faudra alors étudier ce qui se fait ailleurs en technologie de déglaçage, notamment au Manitoba, et voir si cette technologie se transpose au Québec, note M. Champagne. « Il faudra revoir toutes nos façons de faire et soumettre les coûts aux Québécois ».

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Seule Hydro dispose au Canada de lignes de transport de 735 kiloVolts (kV). Dans les autres provinces, ce sont des lignes de 500 kV. Selon les dernières données de l’Association canadienne de l’électricité, les lignes de 735 kV sont dix fois plus fiables les autres.

La dernière panne majeure que le Québec ait connue remonte à 1989. Causée par un orage magnétique solaire, elle a laissé la province sans électricité pendant environ 24 heures. Depuis, les pannes majeures de quelques heures sont souvent du délestage requis après un bris d’équipement qui met en péril tout le réseau.

Hydro a connu ses années noires au chapitre des pannes, à la fin des années 1980. Depuis 1989, Hydro a investi environ deux milliards de dollars pour améliorer tout son réseau, soit le transport, la distribution et la réparation de liaison entre le transport et la distribution) et l’entretien du réseau. L’indice de continuité est passé de 6,6 heures par client, par année, en 1991, pour atteindre 3,2 heures en 1996. Cet indice détermine le nombre d’heures pendant lequel le courant est interrompu chez un abonné sur une base annuelle.

(16 janvier 1998).

hydroquebec
Sud-ouest du Québec, janvier 1998, Hydro-Quebec. Image libre de droits.

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