Un DC-8F s’écrase à Sainte-Thérèse : 118 morts
Un aérobus réacté DC-8F s’est écrasé au sol et a explosé, à 6.32, hier soir (29 novembre 1963), à environ trois milles au nord de Sainte-Thérèse de Blainville, entraînant dans la mort 118 personnes : 111 passagers et les sept membres de l’équipage.
C’est la pire tragédie de l’histoire du Canada et la plus désastreuse qui soit survenue dans la province depuis celle d’Issoudun, dans le comté de Lotbinière, survenue le dimanche 11 août 1957.
Selon un porte-parole d’Air-Canada, l’appareil s’était envolé de l’aéroport de Dorval à 6.28, et devait se rendre à Toronto, où il était attendu vers 7h15. Le départ était prévu pour 6h10, mais ce n’est qu’à 6.15 que le quadrimoteur à réaction avait quitté l’aéroport pour aller se placer sur la piste.
L’aérobus n’a tenu l’air que pendant quatre minutes avant d’aller s’écraser dans un terrain boisé, rendu marécageux par la pluie diluvienne qui n’a cessé de tomber au cours de la journée. La visibilité était complètement nulle.
C’est à moins de 1,000 pieds de la route 11, à la hauteur du garage Berthiaume, 1239, boulevard Labelle, que l’avion a piqué le sol.
Les premiers témoins à se rendre sur les lieux n’ont pu que constater leur impuissance à secourir les passagers de l’appareil qui était complètement désintégré. Des morceaux de corps humains avaient été projetés dans les arbres et jonchaient le sol autour du lieu de l’écrasement, tandis que les flammes s’élevaient au-dessus des débris de l’avion.
Alimenté par les milliers de gallons d’essence, contenus dans les réservoirs de l’appareil, le feu a continué de consumer les débris pendant toute la soirée, empêchant les enquêteurs et les secouristes de s’approcher de trop près.
Les témoins de la tragédie ont dit avoir entendu un sifflement aigu puis une violent explosion au moment où l’appareil touchait le sol. D’autres petites déflagrations auraient suivi, après quoi une boule de feu de 50 pieds de hauteur s’est formée dans le ciel.
Sous la violence de l’explosion, le sol a tremblé à des milles à la ronde et plusieurs personnes ont avoué avoir cru leur dernière heure arrivée.
La frayeur du moment calmée, les secours ont commencé à s’organiser et des milliers de curieux ont afflué sur les lieux.
Les premiers policiers arrivés avaient du mal à contenir la foule des badauds qui ne cessait de grandir de minutes en minute. Les ambulanciers avaient du mal à se frayer un chemin à travers le flot de voitures qui obstruaient la route sur plusieurs milles de chaque côté de l’endroit.
La Sûreté du Québec, la Gendarmerie canadienne, les corps de policiers municipaux de la région, de même que les autorités d’Air Canada ont envoyé des hommes sur les lieux, mais comme ils étaient littéralement débordés, on a fait appel au camp militaire Bouchard, situé à environ un mille du lieu de la tragédie. Le major Bernard Dorion, d’Ottawa, commandant du dépôt de munitions, a pris la direction des quelques 300 militaires qu’il a envoyés sur les lieux.
Récupération des cadavres
Pour contenir les curieux, un câble a été installé autour du cratère de 75 pieds de diamètre qui s’est formé dans l’écrasement. Pendant ce temps, des équipes de secouristes commençaient à recueillir les morceaux de corps humains qui étaient accessibles. Ils étaient placés dans des couvertures de caoutchouc et amenés, sur ordre du coroner, à une morgue provisoire installée au dépôt de l’intendance militaire, au camp Bouchard.
Un dirigeant d’Air Canada a également déclaré cette nuit qu’il serait impossible de récupérer tous les corps et que l’on n’identifiera probablement aucun de ceux que l’on pourra retrouver.
Une enquête a été ouverte par le ministère des Transports dans le but de déterminer la cause de l’écrasement.
On a éliminé dès le départ la possibilité d’un sabotage de l’appareil parce que différents témoins s’accordent à dire que l’explosion ne s’est produite qu’au moment où l’avion a touché le sol.
(D’après la presse de l’époque)
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