
Histoire des cantons au Québec
Un des éléments importants de la toponymie administrative du Québec réside dans le quadrillage du territoire en cantons. L’Acte constitutionnel de 1791, à sa section 43, édictait que chaque terre pourra être concédée en franc et commun soccage, c’est-à-dire libre de toute redevance ; en outre, les autorités accordaient « pleins pouvoirs et autorité » pour établir des cantons. Contrairement à la seigneurie qui fut essentiellement un système juridique mis en place pour favoriser un mode de peuplement, le canton est prioritairement un mode de division du territoire en vue de faciliter la concession des terres publiques à des particuliers sous la tenure du franc et commun soccage. On prévoit, selon le Répertoire des cantons du Québec, la division du canton en onze rangs comprenant chacun 28 lots. »
Le premier territoire érigé en canton au Québec fut celui de Dunham, dans la région historique des Cantons-de-l’Est, dont la proclamation date du 2 février 1796. Ce jour-là, on octroyait à Thomas Dunn et ses associés une étendue d’environ 45 714 acres ou 18 515 ha de terre dans ce canton ; 8 400 acres ou 3360 ha étaient réservés pour la Couronne et 8 400 acres ou 3360 ha pour le clergé.
Les cantons de Brome, Bolton et Potton furent ensuite proclamés en 1797, Farnham en 1798, Hinchinbrooke, Hemmingford, Clinton, Armagh, Rawdon, Chatham, Buckingham et Dorset en 1799. Ce premiers cantons se localisent pour la plupart dans la région historique des Cantons-de-l’Est. Par la suite, l’établissement de cantons s’étendra dans l’arrière-pays du Saint-Laurent, sur la rive droite en aval de Québec et sur la rive gauche en amont de cette ville, le long de la rivière des Outaouais et en bordure de la baie des Chaleurs.
Avec les débuts de l’occupation du Témiscamingue, vers 1885, et de l’Abitibi, vers 1911, la toponymie cantonale qui s’implante est presque exclusivement française. Cette nomenclature rappelle dans l’ensemble les noms d’hommes politiques canadiens, ceux de missionnaires, de membres du clergé et d’institutions religieuses, de découvreurs, d’administrateurs, de militaires et autres officiers de l’époque française, des noms de régiments français en Nouvelle-France, d’anciennes provinces de France.
Le canton devint, par la suite, la base de certaines divisions administratives et il servit à l’établissement de territoires cadastraux. Depuis 1966, comme le note le Répertoire des cantons, aucune proclamation n’ été émise à l’effet d’ériger de nouveaux cantons même s’il existe toujours de vastes étendues du Québec qui n’ont été partagées ni en seigneuries ni en cantons. Pour certains cantons, des erreurs de graphie commises lors de leur proclamation ont été consacrées par l’usage et n’ont pas été rectifiés plus tard : il en est ainsi, par exemple, pour Beaudoin, Figuery, Galifet et Sarrazin dont les patronymes des personnes honorées s’écrivent Baudoin, Figiéry, Gallifet et Sarrasin.
Notons également qu’une catégorie d’entités géographiques concerne les lieux-dits, ce type d’entité qui détermine des objets de faible étendue ayant reçu spontanément un nom inspiré de la géographie, de l’histoire ou du folklore. Ces toponymes, qui peuvent être anciens ou récents, sont de langue autochtone, française ou anglaise.
Le profil du trésor toponymique du Québec est donc le reflet conjugué d’une sédimentation des noms d’époques et de langues différentes et du respect dont se fait un devoir de les entourer la Commission de toponymie du Québec.

La vierge. Photographie par GrandQuebec.com.
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