Histoire des cabarets au Québec
Les cabarets sont fréquentés par de nombreuses personnes, surtout en hiver, quand les visiteurs peuvent se chauffer gratuitement, boire ou jouer aux cartes à l’abri des intempéries.
Les coureurs des bois, les journaliers et les militaires sont de bons consommateurs de bière et les patrons les aiment bien.
À l’occasion, les séjours dans ces lieux dégénèrent en bagarres ou en débauche. D’autres fois, certains habitués commettent des vols, et des duels sont provoqués régulièrement entre soldats.
Les procès-verbaux de l’époque constatent que la moitié des vols sont commis sous l’influence de l’alcool. Du moins, c’est l’excuse qu’avancent la plupart des voleurs. Curieusement, le prétexte «je ne savais pas ce que je faisais, c’était à cause de la boisson» est parfois accepté comme une circonstance atténuante.
Au cabaret, il arrive aussi que des groupes criminels fabriquent de la fausse monnaie: au cours de l’automne 1717, quatre soldats en garnison à Montréal, Nicolas Petit, Jacques Laroche dit Léveillé, Nicolas Payet dit Jolibois et Pierre Vendard dit Vincent, produisent de fausses cartes chez le cabaretier Saint-Jean. Le soldat Nicolas Petit écrit sur la carte «pour la somme de», et frappe avec un poinçon les cachets, Nicolas Payet imite les signatures des autorités, Pierre Vendard vérifie la «qualité» de la carte fabriquée. Le tambour Jacques Laroche bat de son instrument pour couvrir le bruit des diverses opérations.
La contrefaçon est d’autant plus facile que l’argent sonnant y est rare et que les autorités utilisent pour le remplacer des cartes, des ordonnances et des certificats de paiement.
C’est aussi au cabaret que les duels sont provoqués. Les occasions ne manquent pas: une insulte pendant le jeu est suffisante pour déclencher un duel. Les gens se traitent de «blanc bec», de «laquais», de «petit visage», c’est suffisant. Il suffit ensuite d’aller dans un endroit discret, au pied des remparts de la ville par exemple.
Enfin, les cabarets sont les lieux de travail des prostituées, les «femmes légères» de la colonie.