Le toponyme Bullion au Québec
C’est en 1917 que la Commission de géographie du Québec proposa le toponyme Bullion pour désigner un canton inhabité de l’actuelle région administrative du Saguenay-Lac-Saint-Jean, situé à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de la municipalité de Girardville et à environ 95 kilomètres au sud-est de la ville de Chibougamau. Plus tard, les agglomérations urbaines de Montréal et de Longueuil se sont servi du même nom pour baptiser des voies de circulation.
Ces autorités toponymiques ont voulu ainsi honorer la mémoire de l’une des bienfaitrices de la colonie canadienne en Amérique du Nord au XVIIe siècle, Angélique Faure de Berlise, marquise de Bullion (1593-1662). Son époux, Claude de Bullion (né vers 1580 et décédé en 1640), était un important financier, qui devint surintendant des Finances, puis garde des Sceaux, pendant le règne de Louis XIII. Il fut aussi un précieux et énergique auxiliaire pour le cardinal de Richelieu, premier ministre du roi de France.
Influent en considéré, Bullion légua une fortune considérable à sa femme lorsqu’il mourut. De plus, il lui laissa la seigneurie de Bonnelles, où il avait vu le jour, ainsi que la petite seigneurie de Bullion, sa voisine au nord-ouest. La commune de Bullion se trouve aujourd’hui dans le département des Yvelines, à un peu moins de 15 kilomètres au sud-est de Rambouillet et à quelque 40 kilomètres au sud-ouest de Paris ; son nom vient du nom de personne germanique Bodalo.
À l’abri du besoin, la marquise de Bullion put ainsi donner libre cours à ses profondes convictions religieuses et contribuer généreusement à la plupart des œuvres de charité existantes dans le royaume. Elle s’intéressa notamment au son de la Nouvelle-France naissante, contrée qu’elle connaissait un peu, puisque son oncle, Noël Brulart de Sillery, y avait fondé une mission.
Madame de Bullion accorda donc à Jeanne Mance les fonds nécessaires pour établir un établissement hospitalier dans la colonie de Ville-Marie (la ville de Montréal) que Paul Chomedey de Maisonneuve avait créé en 1642.
La Construction de l’Hôtel-Dieu de Montréal débuta ainsi au printemps de 1644. Quelques années plus tard, Madame de Bullion participa au financement servant à l’engagement des recrues qu’il fallait pour défendre Ville-Marie contre les attaques dévastatrices des Iroquois et en assurer le développement agricole. Son soutien permit à Maisonneuve, en 1653, de faire passer en Amérique plus d’une centaine d’hommes.
Canton de Bullion
Proclamé en 1965 et situé à une centaine de kilomètres au nord-ouest du lac Saint-Jean, le canton de Bullion (Municipalité régionale de comté de Maria-Chapdelaine, Territoire non organisé de Rivière-Mistassini), signalé en 1921 dans Noms géographiques de la province de Québec, honore la mémoire d’Angélique Faure de Berlise, marquise de Bullion (1593-1662), femme du président du parlement de Paris. Bienfaitrice insigne de l’Hôtel-Dieu de Montréal, elle a fourni à Jeanne Mance les moyens de fonder cet hôpital en 1642. Ce toponyme est inscrit à côté de celui d’Aiguillon, attribué en l’honneur d’une autre bienfaitrice, celle-ci de l’Hôtel-Dieu de Québec. Bullion est le nom d’un bourg situé en Seine-et-Oise, en France.
Bibliographie :
- Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d’un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d’un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.
- La France et le Québec. Des noms de lieux en partage. Commission de toponymie du Québec, les Publications du Québec, l’Association française pour l’information géographique, 1999).
À lire également :
