Blancs et Cris signent la paix
Après des années d’opposition de la part des Autochtones face au projet énergétique de la Baie James, un accord entre le gouvernement du Québec et les Cris de La Baie James est signé en 1975.
Pourtant, cet accord ne prend pas suffisamment en compte la nécessité de développer et diversifier la communauté Cris, de la même façon qu’il n’assure pas une résolution équitable pour les Cris.
Ce traité divise le territoire en trois catégories :
- La catégorie 1, qui constitue 1,3 % du territoire en question, inclut les villages Cris et Inuits et les terres réservées à l’usage exclusif des natifs.
- La catégorie 2, soit 14,4 % du territoire, représente les terres dites publiques réservées pour la chasse et la pêche des peuples locaux.
- La catégorie 3, qui comprend 84,3 %, inclut les terres publiques sur lesquelles les Cris et les Inuits retiennent leurs droits de récolte.
Néanmoins, les Cris et les Inuits doivent se contenter des terres qui leur sont assignées, sans pouvoir nécessairement choisir les terres qui correspondaient à leur emplacement original. Si l’opposition locale a eu un tel impact, c’est en partie parce que les chefs Cris ont réussi à former des alliances politiques d’envergure internationale.
En effet, des organisations reconnues dans le monde entier pour leur défense des droits des Autochtones ont épousé leur cause.
Plusieurs ONG (organisations non gouvernementales) se sont aussi alliées aux Cris afin de protéger l’environnement, tels que Greenpeace, le Sierra Club et l’Audubon So.
La crise est longue. Le 22 Avril 1990, à l’occasion de la Journée Internationale de la Terre, les habitants de Kuujjuaraapik et de Whapmagoostui constituent un hybride, moitié canoë moitié kayak, qu’ils surnomment l’Odayak. Ils traversent ensuite la rivière Hudson et parcourent la distance symbolique entre Ottawa et New York.
L’Odayak, ainsi que la traversée entreprise par les Cris, a pour but de symboliser leur mode de vie et leur culture.
Finalement, le 7 février 2002, le Grand Chef Cris Ted Moses et le Premier Ministre du Québec Bernard Landry signent un nouvel accord pour tenter d’établir un climat propice à la construction d’un nouveau barrage sur la rivière Rupert.
Chez les Cris, comme ailleurs dans la province, des craintes persistent au sujet de futurs projets hydroélectriques. Une nouvelle construction de barrage viendrait perturber encore un peu plus un peuple qui a déjà souffert à maintes reprises de ce genre de situation. Avec la ratification du nouvel accord, les Cris espèrent aussi pouvoir enfin profiter de la croissance économique.
Village cri Chisasibi
C’est en 1978 qu’une entente fut conclue entre les Cris de Fort George, les différents paliers de gouvernement et Hydro-Québec pour procéder au déménagement de ce village.
Situé sur l’île de Fort George à l’embouchure de la Grande Rivière, Fort George était menacé par les aménagements hydroélectriques qu’on s’apprêtait à réaliser sur le cours d’eau. On s’entendait donc pour relocaliser à 7 km environ, en amont sur la rivière, le nouveau village auquel les Cris attribuèrent le nom de Chisasibi, qui signifie précisément la grande rivière. Sa proximité de la centrale LG-Deux à laquelle elle est reliée par la route, sa population d’environ 3 mille habitants, ses installations commerciales, administratives, hospitalières et scolaires modernes, font de Chisasibi une communauté de premier plan dans le Nord québécois.
En plus cependant de cette activité socio-économique intense, les activités traditionnelles de trappage, de piégeage, de chasse et de pêche continuent de caractériser Chisasibi. La chasse à la sauvagine, entre autres, représente une source d’alimentation importante pour la population crie du village mais aussi pour la petite communauté inuite installée en permanence à Chisasibi.
À part le village cri de Chisasibi établi sur les terres de catégorie 1A telles que définies dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, deux entités administratives d’importance et portant aussi le nom de Chisasibi sont présentes dans l’espace environnant. Il s’agit de la municipalité de village cri établie sur les terres de la catégorie 1B et de la réserve de chasse et de pêche.
Les terres de la catégorie 1A sont celles habitées par les membres de communautés cries ; l’administration, la régie et le contrôle en ont été transférés par le Québec au gouvernement fédéral pour l’usage exclusif de la communauté autochtone qui y réside. Quant aux terres 1B, elles sont détenues en pleine propriété par des corporations publiques formées des membres de la communauté autochtone résidant sur les terres 1A, habituellement adjacentes. Sous juridiction québécoises, chacune des corporations ne peut vendre ou céder du terrain qu’au Québec.