Bigot et sa bande

L’intendant Bigot et sa bande en Nouvelle-France

La famine : quelle aubaine pour l’intendant Bigot et sa bande ! Quels bons coups on faisait avec les blés accaparés de longue main ! Mais si l’on gagnait de l’argent, il était galamment dépensé.

« Malgré la misère publique, des bals et un jeu effroyable », écrit à sa mère Montcalm indigné, et Doreil ajoute dans une dépêche au ministre : « Nonobstant l’ordonnance de 1744 pour défendre les jeux de hasard dans les colonies, on a joué ici chez l’intendant jusqu’au mercredi des Cendres, un jeu à faire trembler les plus, intrépides joueurs. M. Bigot y a perdu plus de 200,000 livres » . Faut-il ajouter que la galanterie était de la fête ? Il semblait que tous les vices de la vieille Europe fussent venus se retremper sur la jeune terre d’Amérique.

(Montcalm et le Canada Français. Par Charles de Bonnechose).

Vergor

C’est à Vergor, pendant qu’il était commandant du fort de Beauséjour, en Acadie, que l’intendant Bigot écrivait: Profitez, mon cher Vergor, de votre place ; taillez, rognez, vous avez tout pouvoir, afin que vous puissiez bientôt me venir joindre en France, et acheter un bien à portée de moi ».

Le fait suivant peint l’administration de Vergor. Afin d’arracher aux Acadiens le peu d’argent qui leur restait, il leur défendait d’aller s’approvisionner chez les Anglais, et il leur vendait les elTets que le gouvernement français envoyait pour leur propre soutien. Au pays d’Évangéline. Abbé H.-R. Casgrain.

C’est ce même Vergor qui chargé de garder la falaise conduisant aux plaines d’Abraham, se laissa surprendre par le général Wolfe.

Un fonctionnaire méticuleux

Dans l’ouvrage de M. le docteur Dionne « Pierre Bédard et ses fils », je lis le passage suivant, tiré d’un article de Pierre Bédard, publié dans le « Canadien » du 4 novembre 1809 :

« Vous avez peut-être vécu dans ces temps malheureux qui ont précédé la conquête de ce pays, où un gouverneur était une idole devant laquelle il n’était pas permis de lever la tête.

Il existe encore dans la ville de Québec un vieillard, dont l’existence semble se prolonger pour attester un fait peu connu et digne de l’être, qui peut nous donner une idée de l’espèce de gouvernement de cette colonie (la Nouvelle-France) à cette époque. C’est un navigateur : il était à Montréal, il en partait lorsqu’on annonça la nouvelle de la victoire de Carillon. Un vent favorable le conduit, à Québec avant que, les courriers chargés de la nouvelle l’eussent apportée officiellement au gouvernement. En arrivant en ville, le brave capitaine la répandit avec enthousiasme, sans songer qu’il en pût résulter aucun danger, et avec la joie que devait sentir un bon citoyen de la gloire qui en revenait à son pays.

Malheureusement la nouvelle alla chez l’intendant ou quelque autre grand subordonné du gouverneur qui, piqué, fit mettre en prison l’imprudent navigateur, et ce. pour la raison qu’il aurait dû l’en avertir le premier, et qu’en fait, c’était lui manquer d’égards »…

(Pierre Bédard el ses fils par M. Dionne).

L’opinion d’un historien

Sous la domination française, la règle était de n’employer les Canadiens ou habitants qu’en qualité d’hommes de peine, ou de gens de métier. Les fonctionnaires étaient , par conséquent, tous Français de France, et très mal payés. Durant leur séjour dans la colonie, ils s’ingéniaient à faire, certains commerces, illicites ou non, pour augmenter leurs émoluments.

Le gouverneur général, les gouverneurs particuliers, l’intendant, ses commis, tous commerçaient, chacun avait ses amis, ses partisans, ses associés secrets. La colonie proprement dite, se fondait à l’ombre, par occasion fortuite, sans recevoir te moindre encouragement.

(Revue Populaire, 1908. Par Benjamin Sulte).

Pour en apprendre plus :

Ville, la nuit. Photo de Grandquebec.com.
Ville, la nuit. Photo de Grandquebec.com.

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