Contacts entre Basques et Malécites
Basques et Malécites : Les Basques seront présents, pendant près d’un siècle, dans la portion de la rive sud du Saint-Laurent que fréquentent déjà les Malécites. Il est donc normal qu’il y ait contact entre ces groupes, que ce soit lors de leur séjour à Tadoussac, sur l’île Verte et sur l’île aux Basques, ainsi qu’à l’embouchure des rivières Verte et des Trois-Pistoles.
Alors que débute une nouvelle épopée commerciale pour Tadoussac, le portage du Madouesca connaît une circulation intense. Les Malécites l’emploient eux-mêmes lors de leurs migrations saisonnières et pour transporter les produits de la traite d’un bout à l’autre de leur territoire. D’autres groupes indiens l’empruntent régulièrement pour profiter des mêmes avantages. Les Micmacs d’un côté et les Abénaquis de l’autre, viennent volontiers à Tadoussac, dans l’espoir d’obtenir de meilleurs prix ou des marchandises différentes de celles offertes par les traiteurs de l’Atlantique, si ce n’est par simple curiosité ou pour des raisons politiques.
Il est raisonnable de penser que les Malécites, qui fréquentent régulièrement la rive sud du Saint-Laurent, côtoient de très près les pêcheurs et chasseurs basques. Des communautés malécites dressent annuellement, à cette époque, des campements saisonniers à l’embouchure de la rivière des Trois Pistoles et de la rivière Verte. Un chaffaud aux Basques aurait même existé à l’embouchure de cette dernière rivière. Aucune recherche sérieuse n’est venue confirmer ou démentir cette affirmation.
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La présence, à cet endroit, d’un petit port naturel utilisé de temps immémorial par les navigateurs locaux, pour s’y abriter et même à une certaine époque pour effectuer le chargement de marchandises, démontre que l’endroit offrait toutes les commodités à des marins d’expérience venus là pour commercer avec les Indiens et y faire sécher leurs morues et saumons.
Situé au cœur d’un vaste marais partiellement recouvert par la marée, l’endroit offre un mouillage sûr. Bien à l’abri des coups de vents et des indiscrets. Sa proximité du village saisonnier des Malécites, situé un peu en amont sur la rive ouest de la rivière Verte au point de jonction entre l’eau douce de la rivière et l’eau salée du fleuve, lui confère un avantage commercial indéniable. On peut y avoir accès prioritaire à tout le trafic de fourrures de la rive sud qui transite vers Tadoussac.
Il est également dans l’ordre des choses que les Basques aient utilisé les commodités de l’embouchure de la rivière des Trois Pistoles. Celle-ci débouche en fait juste en face de l’île aux Basques. En plus de constituer un havre naturel, abrité des vents par les montagnes environnantes, elle se trouve au point d’aboutissement de la voie navigable venant du lac Témiscouata. Les Malécites fréquentèrent assidûment cet endroit jusqu’à une époque récente. Aucun témoignage ne peut toutefois être invoqué pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Source : Ghislain Michaud. Les gardiens des portages. L’histoire des Malécites du Québec. Les Éditions GID.