Histoire du Québec

Les Basques et les Amérindiens

Les Basques et les Amérindiens

Contacts des Basques avec les Amérindiens

Les Basques, comme les Normands et les Bretons, ont connaissance très tôt de la présence de terres inconnues au large des côtes européennes. L’exploitation des ressources marines des « terres neuves est déjà au cours dès les début du XVIe siècle.

Entre 1520 et 1600, alors que le commerce est libre dans le Saint-Laurent, des milliers de contrats sont passés entre les Basques et leurs commanditaires de la ville de Bordeaux, pour la réalisation d’expéditions dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent. Ces transactions portent sur la fourniture d’avitaillement et de marchandise de traite aux équipes de pêcheurs qui partent vers le Nouveau Monde.

Vers 1560, les Basques disposent d’une flotte composée d’une centaine de morutiers et d’une trentaine de baleiniers jaugeant jusqu’à 400 tonneaux. Ils utilisent aussi des navires de 200 et de 50 tonneaux, ces derniers montés par une vingtaine d’hommes.

Rentabilité oblige, les vaisseaux sont polyvalents : pêche à la morue, chasse à la baleine et traite avec les autochtones. Tous sont armés pour assurer leur protection et profiter des occasions lorsque celles-ci se présentent.

Chaque fois qu’ils voyagent, soit en Amérique, soit dans les pays scandinaves ou la Russie, les Basques chargent sur leurs navires une importante cargaison d’objets de troc, objets en métal, tissus, verroterie et pacotille. Ce matériel sera échangé aux Amérindiens contre les peaux de castors, de martres et de loutres, lesquelles sont ensuite remises aux pelletiers parisiens. Ce troc deviendra graduellement aussi important que les activités de pêche elles-mêmes.

L’essentiel des cargaisons ramenées en Europe est constitué de morue verte et de morue sèche, ainsi que de barriques d’huile de baleine. Les Basques ne dédaignent pas, à l’occasion, y ajouter quelques barriques de saumon, espèce qu’on retrouve en abondance dans toutes les rivières à cette époque, et qu’on peut troquer à vil prix avec les autochtones qui en font une grande consommation.

Contacts entre Basques et Malécites

Les Basques seront présents, pendant près d’un siècle, dans la portion de la rive sud du Saint-Laurent que fréquentent déjà les Malécites. Il est donc normal qu’il y ait contact entre ces groupes, que ce soit lors de leur séjour à Tadoussac, sur l’île Verte et sur l’île aux Basques, ainsi qu’à l’embouchure des rivières Verte et des Trois-Pistoles.

Alors que débute une nouvelle épopée commerciale pour Tadoussac, le portage du Madouesca connaît une circulation intense. Les Malécites l’emploient eux-mêmes lors de leurs migrations saisonnières et pour transporter les produits de la traite d’un bout à l’autre de leur territoire. D’autres groupes indiens l’empruntent régulièrement pour profiter des mêmes avantages. Les Micmacs d’un côté et les Abénaquis de l’autre, viennent volontiers à Tadoussac, dans l’espoir d’obtenir de meilleurs prix ou des marchandises différentes de celles offertes par les traiteurs de l’Atlantique, si ce n’est par simple curiosité ou pour des raisons politiques.

Il est raisonnable de penser que les Malécites, qui fréquentent régulièrement la rive sud du Saint-Laurent, côtoient de très près les pêcheurs et chasseurs basques. Des communautés malécites dressent annuellement, à cette époque, des campements saisonniers à l’embouchure de la rivière des Trois Pistoles et de la rivière Verte. Un chaffaud aux Basques aurait même existé à l’embouchure de cette dernière rivière. Aucune recherche sérieuse n’est venue confirmer ou démentir cette affirmation.

La présence, à cet endroit, d’un petit port naturel utilisé de temps immémorial par les navigateurs locaux, pour s’y abriter et même à une certaine époque pour effectuer le chargement de marchandises, démontre que l’endroit offrait toutes les commodités à des marins d’expérience venus là pour commercer avec les Indiens et y faire sécher leurs morues et saumons.

Situé au cœur d’un vaste marais partiellement recouvert par la marée, l’endroit offre un mouillage sûr, bien à l’abri des coups de vents et des indiscrets. Sa proximité du village saisonnier des Malécites, situé un peu en amont sur la rive ouest de la rivière Verte au point de jonction entre l’eau douce de la rivière et l’eau salée du fleuve, lui confère un avantage commercial indéniable : on peut y avoir accès prioritaire à tout le trafic de fourrures de la rive sud qui transite vers Tadoussac.

Il est également dans l’ordre des choses que les Basques aient utilisé les commodités de l’embouchure de la rivière des Trois Pistoles, qui débouche juste en face de l’île aux Basques. En plus de constituer un havre naturel, abrité des vents par les montagnes environnantes, elle se trouve au point d’aboutissement de la voie navigable venant du lac Témiscouata. Cet endroit sera fréquenté assidûment par les Malécites jusqu’à une époque récente. Aucun témoignage ne peut toutefois être invoqué pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Source : Ghislain Michaud. Les gardiens des portages. L’histoire des Malécites du Québec. Les Éditions GID.

Littoral de l'Atlantique. Photographie de Megan Jorgensen.
« Rêve ta vie en couleur, c’est le secret du bonheur. » (Walt Disney) .Littoral de l’Atlantique. Photographie de Megan Jorgensen.

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