Création de la Banque du Cœur

Établissement d’un registre de donneurs de cœurs, à Montréal

La première « Banque du cœur » au monde va être créée par la Fondation du Québec des maladies du cœur. Répondant à une toute récente suggestion de l’Institut de cardiologie, le conseil d’administration de la Fondation a pris cette décision et a annoncé lundi (29 juillet 1968), au cours d’une conférence de presse.

Le porte-parole de cet organisme, M. J. Bruce Brown, ancien président et membre fondateur de la Fondation du Québec des maladies du cœur, deviendra aussi le président du comité spécial chargé de réaliser cette « Banque du cœur ».

C’est à titre d’étude pilote que ce comité travaillera à la mise sur pied d’un registre de donneurs éventuels. On a souligné que le nom « Banque du cœur » a été écarté parce qu’il laisse l’impression qu’il s’agit d’un endroit où l’on conserverait des cœurs. En fait, on se ralliera peut-être à une autre appellation plus conforme à la réalité. Il s’agit surtout de créer un registre de donneurs éventuels. Parce que Montréal est la ville où, pour la première fois au Canada, on a procédé à une greffe du cœur, parce que le besoin de « donneurs » se fait sentir, c’est donc Montréal qui verra le début de projet destin à se répandre à travers toute la province.

Il n’est pas interdit de penser que si les transplantations cardiaques se répandent un peu partout au Canada, tous les centres en cause mettront sur pied une organisation semblable.

Le succès de la Banque sera assuré par la rapidité de l’action en cas de besoin. Donc, un réseau et un système de communications très efficaces doivent être mis en marche pour assurer une coopération très franche de la part des institutions médicales, des équipes de chirurgiens qui se spécialisent dans les greffes du cœur, et des services de police et d’ambulance, dans le cas où un cœur deviendrait disponible.

Le comité tiendra compte du peu de temps disponible et de l’urgence extrême des opérations nécessaires sur le donneur aussi bien que sur le receveur. Un service permanent de vingt-quatre heures par jour pourra alerter immédiatement les équipes de chirurgiens dès que le cœur d’un donneur deviendra disponible. On utilisera le service téléphonique connu sous le nom de « Téléphone Answering Service ».

Un registre central sera constamment mis à jour à l’aide d’une machine IBM, supprimant les noms devenus inutiles. Chaque mois, une copie de ce registre sera remis à la police, aux hôpitaux, etc.

Ce projet, dont tous les détails ne sont pas encore mis au point, et qui est appelé d’ailleurs à être modifié selon les exigences du moment et l’expérience acquise, est financé par des dons particuliers et non avec les fonds de la Fondation qui sont destinés à la recherche. On débute avec une mise de $10.000.

Toutes les personnes désireuses de donner leur cœur après leur décès sont invitées à écrire, à ce sujet, à la Fondation du Québec des maladies du cœur, 6565, boulevard Décarie, Montréal.

Le comité étudiera également l’aspect légal que cette Banque du cœurs ne tranche par pour autant. Comme l’a expliqué le Dr Gilles Lepage, de l’Institut de cardiologie de Montréal, « si une personne, en pleine possession de ses facilités, émet le désir que son cœur serve à une transplantation après sa mort, la famille pour légalement s’y refuser ».

Le cadavre d’une personne appartient à la famille. « Dans ces circonstances, il ne ne s’agira pour les personnes en cause que de respecter le désir du patient décédé. C’est une obligation morale et non légale ».

Le succès de la Banque du cœur dépend, en large part, du nombre d’offres que la population du Québec fera parvenir à la Fondation. La réponse appartient donc au public.

À lire aussi :

Celui dont le mérite est connu ne meurt pas. Illustration par Megan Jorgensen.
Celui dont le mérite est connu ne meurt pas. Illustration par Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire