
Un autre déraillement
Un train déraille à Gorham sur la ligne de Portland à Montréal. – Sept blessés dont l’un est dans un état désespéré.
Nous traversons évidemment une épidémie de désastres de chemin de fer, car il ne se passe pas de jour, sans que nous avions quelque catastrophe à enregistrer.
Un déraillement a encore eu lieu jeudi, après-midi, vers 3.15, près du village de Gorham. La voie ferrée a été enlevée sur un parcours de 200 pieds, et de chaque côté s’empilent les débris des wagons réduits en miettes, à l’exception du char dortoir qui a échappé au désastre et repose sur ses roues, enfoncées dans le sol à une vingtaine de pieds de distance de la voie. La locomotive s’est arrêtée en avent de cet amas de débris après avoir creusé un profond sillon.
Le train du Grand-Tronc #2 qui quittait Montréal jeudi matin à 8.40 en route pour Portland, et qui a subi ce désastre, allait à une vitesse de 50 milles au moment de l’accident. Ce convoi approchait de Berlin Falls et avait augmenté la vitesse pour reprendre les quelques minutes perdues sur le parcours.
On approchait de la gare de Gorham, lorsque le wagon de la malle sauta hors de la voie, arrachant le tender à la locomotive. Emportés par la vitesse vertigineuse, tous deux se tordirent et roulèrent sur la déclivité du terrain et s’arrêtèrent finalement. Le tender laissait ses roues sur la voie, le fourgon seul sautant hors des rails. Rompus, ceux-ci se séparèrent. La locomotive continua sa course sur les dormants qu’elle brisa et alla s’arrêter à une distance de 50 pieds. Le wagon à bagage suivait celui de la malle. Dans ce char se trouvaient M. Birth Cross, le commis d’express, et M. Caron, le préposé aux bagages. M. Cross, qui se tenait à l’avant du wagon au moment de l’accident, a été enseveli au-dessous de valises, boîtes, barils, lui contusionnant le corps en l’enserrant comme dans un étau. C’est un des moins maltraités parmi les quatre employés blessés. M. Caron, compagnon du précédent, se trouvait à l’autre extrémité du wagon. Dans la chute de la voiture hors des rails et du bas du remblai, il roula comme un colis parmi les objets du bagage. Il a été blessé à la tête et aux jambes.
Le wagon des passagers n’a pas échappé au désastre, mais le char dortoir est resté à quelque pieds des rails. Les occupants en furent quittes pour la peur.
À part MM. Cross et Caron, le blessé le plus en danger est le conducteur de malles. Il a d’affreuses coupures à la tête, aux bras et aux jambes. Quand on l’arracha des débris, il avait le corps moitié sorti au dehors par une fenêtre brisée. Il a été transporté à l’hôpital de Portland. Son nom n’est pas connu, et son état est désespéré.
Le chef du train, Thos Délaney, a roulé l’une extrémité à l’autre du char des passagers. Il ne peut expliquer, comment il fut lancé au dehors, c’est là qu’il fut ramassé inconscient. Il s’est fracturé trois côtes dans sa chute. Revenu à lui, il maîtrisa ses douleurs, pour veiller sur les passagers dont il croyait le plus grand nombre tués ou blessés. Le serre-frein Côté n’a reçu que quelques légères blessures.
Des experts croient qu’une roue du char de malle vint à jouer sur son axe, ce qui aurait causé le déraillement. D’autres tiennent pour la rupture d’un rail.
Le nombre de blessés se limite au trois passagers, au conducteur de malle, au chef du train Délaney, au commis d’express Cross et à M. Caron, préposé aux bagages. Il y avait en tout 30 passagers à bord du convoi.
Un train de secours est arrivé sur les lieux, et tous se sont embarqués pour leur endroit de destination. Les trains de sauvetage de Portland et de Island Pond sont sur place avec leurs équipes d’ouvriers pour déblayer la voie.
Les pertes matérielles pour la compagnie sont quatre wagons détruits et une voie de raccordement à construire.

Avenue Van Horne à Montréal, voie ferrée. Photo: GrandQuebec.com.
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