Attentat chez Jean Drapeau

Attentat terroriste chez Jean Drapeau

I

Attentat contre Jean Drapeau : Une bombe d’une violence que la police a qualifié de « très forte » a causé, tôt ce matin (29 septembre 1969), des dégâts considérables à la résidence du maire de Montréal, M. Jean Drapeau.

Mme Jean Drapeau et son fils Michel, qui étaient seuls à la maison, n’ont pas été blessés par cet attentat, le dixième dans l’histoire récente de Montréal.

Le maire Drapeau, qui dit-on, poursuivait un travail de routine à son restaurant, le Vaisseau d’Or, s’est immédiatement rendu sur place. L’explosion s’est produite à 5 heures 15 très exactement et M. Drapeau était sur place dès 6 heures.

La bombe, placée à l’arrière de la maison de M. Drapeau dans Cité Jardins (quartier Rosemont), a complètement détruit une bonne partie de la résidence et un trou béant a été pratiqué dans la toiture.

II

Des curieux ont commencé à se rassembler rue des Plaines quelques minutes seulement après que ce bruit d’explosion qui fut tel qu’une dame de Westmount, tirée de son sommeil par la secousse, fut la première à communiquer avec la salle de rédaction du journal La Presse.

Un policier, qui faisait le plein de sa motocyclette, rue de Lorimier, dans le voisinage de Sainte-Catherine, se rendit sur place guidé par le bruit de l’explosion.

Les policiers, pourtant vite rendus sur les lieux, étaient cependant encore peu nombreux, une heure après l’explosion.

La police, évidemment, se perd encore en conjonctures sur les raisons qui ont pu motiver cet attentat.

Des témoins qui ont pu pénétrer à l’intérieur de la résidence de M. Drapeau ont décrit un véritable cauchemar.

Les meubles, lancés dans tous les sens, ont été fracassés. L’intérieur de la chic résidence est méconnaissable.

III

Les criminels ont placé l’engin à l’arrière de la maison. Ce cette partie de la construction qui a évidemment le plus souffert de l’attentat.

La maison, aux dires des premiers témoins, ne constitue plus qu’un amas de ruines. Même si vue de face, elle ne paraît pas avoir tant souffert de l’explosion.

Les fenêtres de plusieurs maisons avoisinantes ont volé en éclats. Tandis que des voisins, pris de panique, des femmes surtout, ont gagné la rue en pleurant.

C’est la première fois qu’un attentat terroriste, à Montréal, vise un des dirigeants de la Ville de Montréal.

On peut présumer, d’ores et déjà, que ce dernier attentat aura des conséquences considérables.

Les auteurs de cet attentat terroriste avaient placé l’engin explosif sous le portique, à l’entrée arrière de la maison du maire Drapeau.

IV

Mme Drapeau a dit ne pas être étonnée de la chose. Plus encore, à un photographe elle a simplement confié :

«Dans un coffret, je conserve constamment les papiers importants. Ce genre de chose, je l’attendais d’un moment à l’autre».

Madame la mairesse, qui paraissait surtout soulagée de voir son fils sortir indemne de l’aventure, est apparue dans les circonstances d’un calme extraordinaire.

Note : Dès le lendemain, la police plaçait les maisons des principaux hommes politiques œuvrant aux niveaux fédéral, provincial et municipal sous surveillance policière.

(Publié dans la Presse le 30 septembre 1969).

jean drapeau bombe
Cette photo témoigne de la puissance de la bombe. Source : La Presse, 30 septembre 1969.

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