Manifestation de la LIS à Saint-Léonard
Les autorités ont décrété la Loi de l’émeute, hier soir, le 10 septembre 1969, à Saint-Léonard. Alors que la manifestation à Saint-Léonard de quelque 2,500 supporteurs de la Ligue pour l’intégration scolaire se déroulait dans un climat de violence dont l’intensité allait sans cesse grandissante.
La violence avait atteint son paroxysme quand, à 9 h 04 exactement, M. Léo Ouellet, s’est avancé dans la rue, à l’intersection des rues Lacordaire et Jean-Talon, pour lire la formule décrétant la mise en vigueur de la loi de l’émeute.
Au moment où le maire Ouellet invitait toutes les personnes présentes à se disperser et à rentrer chez elles, sous peine d’être appréhendées et incarcérées, les troubles persistaient toujours face à l’école Jérôme-Le-Royer, située à 800 pieds à l’ouest de l’endroit où il se trouvait.
Le bilan
Cette manifestation, qui a nécessité le déplacement de quelque 500 policiers, dont 300 de la Sûreté du Québec venant de tous les coins de la province, se solde par des dégâts de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Par exemple, des dizaines de vitrines d’établissements commerciaux ont été fracassées.
Dix-huit personnes ont été blessées au cours d’affrontements entre le groupe des manifestants et des groupes de contre-manifestants, la plupart des Néo-Canadiens d’origine italienne.
Du nombre des blessés, on compte 15 Canadiens français et trois membres de la communauté italienne de Saint-Léonard. On a transporté treize à l’hôpital Santa-Cabrini. Alors que l’on a dirigé les cinq autres vers l’hôpital Maisonneuve. Une seule des victimes demeurait toutefois hospitalisée ce matin, les autres ayant pu regagner leur domicile après avoir été traitées.
Les policiers de Saint-Léonard et de la Sûreté du Québec ont procédé à une quarantaine d’arrestations.
(C’est arrivé le 10 septembre 1969).
Historique de Saint-Léonard
Bornée à l’ouest par Montréal-Nord et au nord par Anjou, cette localité de la communauté urbaine de Montréal occupe un territoire de forme relativement carrée de 13 km carrés dans le secteur nord-est de l’île de Montréal. La première attestation relevée pour ce nom, sous la forme Côte Saint-Léonard, remonte à 1706. Les Sulpiciens, propriétaires de la seigneurie, y concèdent des terres en 1707 et en 1714. Lentement l’endroit se développe de telle sorte qu’au début des années 1880 les habitants demandent et obtiennent l’érection d’une paroisse sous la dénomination de Saint-Léonard-de-Port-Maurice en 1885. Elle se détache des paroisses du Sault-au-Récollet et de Longue-Pointe.
Les paroissiens retendront le nom pour identifier la municipalité de paroisse créée en 1886 ainsi que le bureau de poste ouvert en 1887 et en activité jusqu’en 1959. Par la suite, la municipalité accède au statut de ville en 1915 et voit sa dénomination abrégée en Saint-Léonard en 1962. La canonisation de saint Léonard de Port-Maurice (1676-1751) en 1867 a peut-être incité les autorités ecclésiastiques d’alors à retenir son patronyme. On peut croire également que l’on a voulu honorer Léonard Chaigneau (1663-1711), sulpicien qui arrive au Canada en 1688. Desservant de Pointe-aux-Trembles (1699-1702), il a pu inciter plusieurs pionniers à s’installer à la Côte-Saint-Léonard.
Population
Saint-Léonard a vu, par le passé, sa population croître de façon exceptionnelle. En effet, de 5 000 habitants en 1960, on est passé à plus de 77 000 âmes en 1992. Dynamisme aussi du côté culturel, économique, social et industriel (parc industriel de plus de 300 industries). Le caractère multi-ethnique de la population (Polonais, Portugais, Haïtiens, Italiens) se souligne par la présence d’une quinzaine d’ethnies dont les Italiens. Ils représentent 40% de la population léonardoise. Dans le parc Pie-XII, on peut visiter la caverne de Saint-Léonard, de dimensions assez remarquables. Il permet, fait exceptionnel, la pratique de la spéléologie en pleine ville.

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