Anecdotes historiques par la Gazette Canadienne
Texte publié dans la Gazette canadienne, le 3 août 1807. Montréal, Bas-Canada.
Voici la description précise et bizarre que le comte Oxenstiern donna de l’Angleterre après son départ de Londres : « L’Angleterre est réellement la reine des Isles, la métropole de l’arsenal de Neptune, le trésor de l’Europe, le royaume de Bacchus, l’école de l’Épicure, l’académie de Vénus, le pays de Mars, la retraite de Minerve, l’appui de la Hollande, le fléau de la France, le purgatoire de ceux qui soutiennent l’esclavage, et le paradis de ceux qui chérissent la liberté. »
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Le célèbre Daniel Burgess dinant chez un de ses paroissiens, vit apporter sur la table un gros fromage de Cheshire qui n’était pas entamé, « Où voulez-vous que je l’entame? », dit Daniel. « Où bon vous semblera, Mr. Burgess, », répondit son hôte. Sur quoi Daniel le donna au domestique, et lui dit de le porter chez lui, parce que c’était-la qu’il voulait l’entamer.
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Un pauvre manouvre qui avait souffert l’amputation d’une jambe, reçut un compte de seize sols sterling u bedeau pour la lui avoir enterrée. Le pauvre misérable alla parler au ministre de la paroisse pour s’en faire dispenser, mais celui-ci lui dit qu’il ne pouvait pas l’assister alors, mais qu’il y aurait certainement égard dans son compte, quand il s’agirait de porter le reste du corps à la fosse.
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Je m’étonne que l’on ne trouve dans aucun dictionnaire de différence entre libéralité et générosité. Il me semblerait que le sens du dernier mot devrait être borné à l’humeur et aux sentiments. Nous voyons souvent beaucoup de libéralité où il n’y a pas un grain de générosité.
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Les personnes ‘une grande générosité sont sujettes à de grandes indiscrétions, mais il est rare qu’elles contractent des vices essentiels, et elles se corrigent aisément de leurs folies.
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Un… compatriote (Anecdotes historiques)
Jusqu’à ces derniers temps, les Européens ignoraient tout du Canada ; aussi, le nombre de bourdes qu’ils ont commis à notre égard est-il incalculable. M. Benjamin Suite a collectionné plusieurs de ces galles et il les a publiées en brochure, sous le ttitre « Le Canada en Europe », puis, dans ses « Mélanges d’histoire et littérature».
En voici une, dans laquelle notre artiste et littérateur, M. Napoléon Bourassa joue le principal rôle : « M. Napoléon Bourassa (artiste peintre et littérateur ) étant à Rome, vit son hôte entrer, un matin, dans sa chambre, la ligure rayonnante de plaisir :
« — Je viens, monsieur, vous annoncer une bonne nouvelle. — Tant mieux, tant mieux ! dit M. Bourassa, de quoi s’agit-il ? — Nous avons, depuis hier soir, un de vos compatriotes. — Ici même ? — Oui, monsieur ; je l’ai mis en face de vous, au numéro 30. — Bien obligé de l’intention, je cours le voir ».
Et M. Bourassa se hâte d’aller frapper au numéro 30. Une voix répond de l’intérieur, il pousse la porte et se trouve en présence… d’un Mexicain !
(Mélanges d’histoire et de littérature. Benjamin Sulte).
Bazar de charité en Turquie en mai 1898
Moeurs turques ou la façon dont s’est organisé le fameux bazar de charité que S.M.L. le Sultan a installé dans le parc de Yldiz ut dont il a fait l’ouverture la semaine dernière (Mai 1898).
Dans un pays où l’initiative ne peut exister sans porter ombrage au Maître, la charité devient un acte officiel, forcé. Ou impose les fonctionnaires, les employés, personne n’ose élever la voix et la chose est faite. C’est l’histoire de toutes les souscriptions publiques faites en Turquie, quand le trésor est aux abois, ce qui lui arrive toujours, Donc, pour venir en aide aux blessés de la guerre – et ils ne sont cependant pas très nombreux, 2 mille à 3 mille au grand maximum – le gouvernement était dans l’impuissance. Ou suggéra au Sultan l’idée de faire un bazar dont ses sujets se chargeraient de fournir le nécessaire.
On fit connaître les intentions de Sa Majesté par la voie des journaux. On ajoutait que la liste des donateurs serait mise sous les yeux du souverain et que chaque don dépassant 500 francs donnerait droit à une médaille. Vous voyez d’ici le steeple-chase organisé.
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Chacun s’empressa d’arriver bon premier. Un vit ces dames du harem tricoter des bas de line, confectionner des gilets de flanelle. Le bazar se constitue, mais qui achèterait ? C’est ici où nous retrouvons l’ingéniosité du bey. Ceux qui devaient acheter ne pouvaient être que ceux qui avaient envoyé leurs offrandes, ministres, hauts fonctionnaires, corps diplomatique, etc.
Et c’est ainsi que l’ouverture a eu lieu. Le grand vizir, les ministres, les ambassadeurs invités out dû dénouer les cordons le leur bourse et les journaux turcs publient que les noms des personnes qui achètent sont mis sous les yeux de Sa Majesté. Et que chaque achat au dessus de 500 francs donnerait droit à une inscription spéciale sur un livre d’or tenu pur Sa Majesté impériale elle-même.
Aussi, les fonctionnaires craignant d’être mal notés, s’ils ne vont pas faire une petite visite au bazar, s’empressent d’aller y porter leur obole. La caisse se remplit, mais le contenu ira-t-il aux blessés? Se serait miraculeux.
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