Histoire du Québec

La Rafale et l’anathème

La Rafale et l’anathème

Mgr l’archevêque et le Théâtre des Nouveautés

Les directeurs du théâtre cessent la représentation de La Rafale pour se rendre au désir de Sa Grandeur qui suggère un comité de censure qui est accepté par les intéressés

Montréal, 3 avril 1907
À Sa Grandeur, Monseigneur Paul Bruchési, Archevêque de Montréal.

Monseigneur,

J’ai l’honneur d’accuser réception de votre honorée lettre en réponse à la notre du 2 courant.

Nous vous remercions profondément de vouloir bien lever l’interdit prononcé contre le Théâtre des Nouveautés et regrettons vivement que La Rafale ait été jouée à ce théâtre lundi dernier.

Quant à la nomination d’un comité de censure destiné à viser les pièces devant être représentées, je crois fermement que ce serait un excellent moyen de donner à tous satisfaction pleine et entière et tous les Directeurs de théâtres seront certainement de cet avis.

Daignez croire, Monseigneur, à l’expression de mes sentiments très respectueusement dévoués,
R. Ravaux, Administrateur du Théâtre des Nouveautés.

Voila comment se terminait un épisode qui illustre bien le genre de pression exercée par l’archevêché de Montréal, bien avant que « les fées aient soif », et la crainte qu’inspirait dans le milieu Mgr Paul Bruchési.

Le tout avait commencé par la décision de l’administration du Théâtre des Nouveautés de présenter une pièce, La Rafale, laquelle, comme elle le rappelait dans sa lettre du 2, n’avez soulevé aucun problème la saison précédente.

Mais tel n’était pas l’avis de Mgr Bruchési et, dans une lettre pastorale datée du 31 mars et lue en chaire des églises, Mgr Bruchési frappait le théâtre d’un interdit.

C’est à ce moment-là que les administrateurs du théâtre ont décidé de retirer la pièce de l’affiche, et d’accepter de soumettre les prochaines pièces à un comité de censure, comme l’exigeait Mgr Bruchési.

Pourquoi Mgr Bruchési avait-il décidé de frapper La Rafale d’un anathème, on ne sait pas. Le contenu de la pièce reste obscur, mais Mgr Bruchési a vu dans La Rafale de M. Bernstein une apologie du suicide.

mgr bruchési

Mgr Bruchési, archevêque de Montréal. Portrait de l’époque, image libre de droits.

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