Histoire d’Amury Girod, un « chef » des Patriotes

Amury Girod : Suicide d’un chef des Patriotes en 1838

Amury Girod arrive au Bas-Canada vers 1828. On le voit s’intéressant à l’agriculture, vivant d’abord à Québec sur la ferme de Joseph-François Perreault, puis à Varennes. Il rédigea plusieurs articles et au moins un ouvrage sur le noble métier d’agriculteur, mais comme il avait un véritable penchant pour l’action et pour l’agitation, le mouvement patriote le trouva prêt à s’enrôler.

Il dépensa en discours et, puisqu’il avait quelque connaissance des choses militaires, on le vit transmettre sa science à ceux qui rêvaient de combattre. Plus d’un trouvaient Girod embarrassant, car il voulait être partout à la fois, et surtout auprès des meneurs, l’ombre ne lui convenant guère… Son rôle dans l’affaire de Saint-Eustache reste nébuleux, mais c’est néanmoins sur lui que l’on rejette parfois la responsabilité de l’inutile siège au cours duquel Chénier et d’autres patriotes devaient perdre la vie.

Alors que les patriotes des Deux-Montagnes se demandaient encore s’ils allaient résister dans le cas d’une intervention de l’armée, Girod se présenta à eux, en s’imposant comme « général en chef » délégué dans la région par Papineau lui-même. Après avoir séjourné à Saint-Benoît, il se dirigea vers Saint-Eustache où, raconte un témoin, « il supplanta le brave docteur Chénier dans le commandement et se fit reconnaître comme commandant en chef ». C’était la gloire confirmant son récent succès à l’assemblée du 23 octobre où son éloquence et ses vues sur la révolte lui avaient valu l’admiration générale.

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Cependant, le héros avait une face cachée. Ayant appris que les troupes marchaient vers Saint-Eustache, il prit la fuite vers Saint-Benoît où il fut capturé et forcé ensuite à revenir à Saint-Eustache avec une centaine d’hommes prêts à risquer leur vie pour leurs compatriotes. S’étant arrêté à une auberge pour se réchauffer, le groupe ne réalisa pas immédiatement que Girod les avait quittés en s’emparant du cheval d’un habitant, Jean-Baptiste Proulx dit Clément.

On ne le reverra pas vivant. Il s’arrête un instant chez Eugène Globenski. Poursuivant sa route à bride abattue, il répond à ceux qui l’interrogent que la victoire avait été couronné les efforts des patriotes de Saint-Eustache.

À Rivière-des-Prairies il demande l’hospitalité à un certain Turcotte qui la lui refuse, dénonçant le fuyard aux autorités anglaises. Girod poursuit sa route jusqu’à la Pointe-aux-Trembles où un nommé Laporte accepte de lui donner l’hospitalité. L’arrivée des troupes de force à quitter sa retraite. « Ils L’aperçurent qui cherchait à fuir, écrit le Populaire du 20 décembre ; lorsqu’il vit qu’il lui était impossible de leur échapper, il se détourna du chemin, tira un coup de pistolet et s’en brûla la cervelle,

La balle frappa sur un côté du front et ne défigura qu’un œil. Son corps fut relevé par les volontaires, qui l’amenèrent en ville sur une traîne.

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Une foule innombrable se précipitait sur la traîne. Les gens voulaient s’assurer que celui qui avait fait tant de mal au pays, était bien hors d’état de recommencer. On plaça le corps dans la vieille prison. Le coroner nomma un jury, dont le verdict fut « felo » (suicide).

En conséquence, on transporta le corps du misérable en dehors de la ville. À un lieu sur le grand chemin au-dessus du faubourg Saint-Laurent. On l’enterra là avec un pieu à travers le corps, selon l’usage. Pendant ce temps, les volontaires (anglais) Killingham, Higgins, Taylor et Clarke se disputaient devant d’autres juges. Ils voulaient savoir qui était le plus proche de Girod au moment de son suicide. En fait la réponse permettrait de présumer que le plus rapproché aurait arrêté Girod. Alors il aurait empoché la récompense promise pour sa capture.

Le mardi 13 juin 1865, des ouvriers occupés à des travaux d’excavation effectués à l’angle des rues Saint-Laurent et Sherbrooke, à Montréal, mettaient à jour les ossements d’un homme que l’on identifia comme étant Amury Girod.

L’homme ayant joué un rôle important pendant la rébellion. Ainsi, la version de son suicide comme celle de sa lâcheté allant des adversaires, on décida de déposer les restes de Girod sous le monument des victimes de la rébellion.

(Source : Nos racines, l’histoire vivante des Québécois, #61).

Pour en apprendre plus :

“Le désespoir est le suicide du coeur.” (Jean-Paul Friedrich Richter, écrivain, né en 1763 et mort en 1825). Photo de GrandQuébec.com.
“Le désespoir est le suicide du coeur.” (Jean-Paul Friedrich Richter, écrivain, né en 1763 et mort en 1825). Photo de GrandQuébec.com.

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