Situation avec l’offre de l’alcool gratuit au Québec
Texte sur les offres de l’alcool gratuit au Québec, paru le 27 septembre 2011 dans le Journal de Montréal:
Prêts à tout pour attirer la clientèle, surtout les filles, de nombreux bars offrent de l’alcool gratuitement ou à rabais même si la loi l’interdit. Le Journal de Montréal a constaté le phénomène lors d’une tournée de quelques heures, au cours de laquelle des dizaines de verres ont été obtenus sans payer. Au total, la représentante du Journal a obtenu 30 verres d’alcool gratuitement et 20 autres à rabais en seulement 4 h 30, dans sept bars de Montréal et de la Rive-Sud.
Au Light Ultra Club, à Montréal, les verres étaient gratuits avant 23 h. La déléguée du Journal de Montréal n’a eu besoin que de 15 minutes pour obtenir six verres de vodka. Sur le boulevard Saint-Laurent, le Radio Lounge offrait l’alcool gratuitement aux filles toute la soirée. En une heure, l’émissaire du Journal s’est fait servir 12 verres de vodka, de gin et de rhum. À un certain moment, 10 verres remplis étaient mis en évidence sur la table, sans qu’aucun employé y voie de problème. À Brossard, le Fuzzy offre des consommations gratuites à ceux qui sont inscrits sur une liste d’invités avant d’arriver. De cette façon, l’envoyée du Journal a obtenu huit verres de vodka et de rhum. De plus, l’alcool est offert à moitié prix aux filles, avant minuit trente.
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Par exemple, les shooters étaient seulement 1,50 $. Habituellement, les gratuités sont accordées exclusivement aux femmes. Au Radio Lounge, le photographe du Journal de Montréal s’est même fait menacer d’expulsion s’il était surpris à nouveau à boire dans le verre d’une fille. Ça n’a pas de bon sens, dénonce Hubert Sacy, directeur général chez Éduc’alcool. On attire volontairement les jeunes, et surtout les filles, avec des moyens qu’une société ne devrait pas tolérer. Le prix de l’alcool est un déterminant majeur dans leur consommation.
«C’est aberrant, croit aussi Marie-Ève Morin, médecin spécialisée en dépendances. On oublie souvent qu’il y a des dangers liés à l’alcool.» Les méthodes utilisées pour attirer la clientèle sont aussi nombreuses que variées. «Open bar», «Moitié prix pour les filles», ou encore «Spécial 2 pour 1», plusieurs établissements annoncent aussi les rabais offerts à leur clientèle. Rappelons qu’un bar qui contrevient aux règlements sur la publicité sur l’alcool est passible d’une amende de 175 $ à 425 $ lors d’une première infraction, et cela peut atteindre 1400 $ lors d’une troisième offense.
Malgré l’interdiction d’offrir de l’alcool gratuitement ou à rabais, les propriétaires de bars semblent peu inquiets de se faire prendre en défaut, notamment en raison de l’application «aléatoire» des règlements de la Régie des alcools, des courses et des jeux. Pour qu’un tenancier de bar soit reconnu coupable d’avoir enfreint un règlement, une plainte officielle doit d’abord être déposée. Une enquête policière doit ensuite être effectuée pour obtenir une preuve.
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