Réflexions sur l’agriculture (communication) – texte paru dans le journal La Minerve le 13 novembre 1826)
M. l’éditeur, ayant eu occasion de m’enquérir des raisons du système actuel d’agriculture au Canada, je prends la liberté de vous communiquer quelques remarques là-dessous. Elles sont moralement comprises sous trois divisions : l’état relatif du terroir, la distance du marché, la valeur actuelle ou probable du produit.
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1e. Dans presque tous les endroits, les idées morales et religieuses ont une influence très forte sur la manière de cultiver la terre. Ainsi ce sont elles qui en ce pays ont fait disposer les terres un rangé égales, né différant qui en largeur. Qui ont fait défricher avec tant de peines et de soins. Qui ont donné à la culture du blé une prépondérance qui rien ne peut balancer. Enfin qui ont inspiré une espèce d’horreur pour toute innovation qui vient en contrat avec les principes établis.
Mais quels sont ces principes, me répondra-t-on ? Les voici : les Canadiens en formant leurs terres en ligues égales et parallèles, s’établissent très près les uns des autres. Par là facilitent donc l’ouverture des chemins, la répartition pour les églises et presbytères. Le mettent à portée des satisfaire leur goût pour les veillées et les danses. Goût qui deviendrait immodéré s’ils n’étaient sagement retenus par leur pasteurs.
* Agriculture au Canada en 1826
Des plus, les difficultés quant aux limites en sont moins épineuses et moins fréquentes qu’elles ne seraient s’il en était autrement. – En défrichant à grands frais, la valeur du terrain s’accroît considérablement par la suite. Et cela en proportion de ce que le commencement a été pénible. Et c’est là que l’on reconnaît un peuple qui s’établissant quelque part, croit s’établir pour toujours. C’est l’indice certaine de la pureté des mœurs dans la corruption c’est manifeste ordinairement par un penchant au vagabondage et à l’incertitude dans la manière de vivre.
Enfin les efforts qu’ils font pour recueillir une grande quantité des bled, tendent à mettre à l’aise en bon curé. Celui-ci se fait presque toujours un devoir de répandre sur les pauvres, ce que les dîmes des riches on pu lui donner des profitable.
Tels sont ces principes qui favorisent à la fois le bien-être, la liberté, la religion de tout un peuple et qui ont formé ce système qui se repose sur les trois bases inébranlables des passions, de l’intérêt et des idées religieuses. On dépenserait des millions pour effectuer un changement dans ce qui on a appelé le résultat de l’ignorance et des préjugés. Mais ce serait peine perdue. Toute tentative de ce côté-là ne peut que s’échouer et entraîner la ruine de l’individu qui aurait cette fantaisie.
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2e. Quant à la distance du marché, il est clair que les graines qui contiennent de la valeur sous un moindre volume sont ceux qui seront les plus recherchés à mesure que l’éloignement augmente. En fait, ces grains sont incontestablement les bleds. En outre, le système d’échange est fort peu estimé des Canadiens. Cela parce que leur but principal est la possession immédiate du numéraire.
* Agriculture au Canada en 1826
3e. C’est sur la valeur actuelle ou probable d’une récolte que tout espoir de gain doit être fondé. Sans la balance exacte des déboursés et du profit, les calculs les plus ingénieux ne donneront que les résultats faux et trompeurs. C’est ainsi que plusieurs messieurs qui ne connaissent l’agriculture que sa partie illusoire, la théorie, vous promettront une récolte splendide pour le moyen du plâtre, de la chaux, des réservoirs à fumier, etc.
Mais qu’ils évaluent les dépenses en les comparant avec les prix ils verront que c’est des premières que la soustraction doit être faite. Les mêmes messieurs ne considèrent pas que les contrées populeuses de l’Europe, le vil prix de la main d’œuvre, le peu des distances et les taux avantageuses du marché, rendent l’état des choses entièrement différent. D’un autre côté, ils ne calculent pas les mécomptes qui causent les ravages presque annuels, des mouches, des la rouille, etc.
C’est donc la considération de la valeur du produit qui doit garder actuellement le canadien dans ces semences. C’est elle qui unit fortement des chaînons de toutes les parties du système de culture et ce qui elles contient par elle-même la nécessité absolue, raison irrésistible que ne branlerait pas les cavillations de la plus brillante théorie.
* Agriculture au Canada en 1826
Je finirai en rapportant le l’opinion de Jean-Jacques Rousseau sur les paysans suisses qui me semble applicables à ce pays.
« Le paysan se soucie moins d’augmenter le produit qui d’épargner sur les frais. Parce que les avances lui sont plus pénibles que les profits ne lui sont utiles. Son but n’étant point tant d’augmenter la valeur de la terre que de diminuer la dépense. C’est bien moins en l’améliorant qu’en l’épuisant qu’il peut s’assurer en gain actuel. De sorte que le mieux qui puisse arriver est qu’au lieu de détruire le sol, il le néglige ».
Signé : Agricola.