Les administrateurs coloniaux
Les véritables dirigeants de la Nouvelle-France sont le gouverneur et l’intendant. Ils exercent leurs fonctions à Québec où ils sont établis, mais ils séjournent une partie de l’hiver à Montréal afin de régler les affaires relatives à l’affectation des troupes et à l’approvisionnement des postes de l’Ouest.
Au début du XVIe siècle, les gouverneurs nommés par le roi sont affectés à des régions frontalières ou turbulentes, où une présence militaire est requise. À la fin du XVIe siècle, on en trouve dans tout le royaume de France. Les gouverneurs exercent les prérogatives du roi, à l’exception de la justice. La charge deviendra honorifique sous le règne de Louis XIV. Ce n’est pas le cas en Nouvelle-France où les gouverneurs conservent leurs responsabilités militaires et où on désigne habituellement à ce poste des officiers en fin de carrière.
En général, en France, le Roi Soleil utilise les intendants de provinces pour consolider son autorité à la suite des agitations des grands seigneurs durant la Fronde. Ce sont pour la plupart des administrateurs compétents entièrement dévoués aux intérêts de la monarchie.
Les gouverneurs de la Nouvelle-France sont des hommes dans la force de l’âge et leur séjour à Québec n’est qu’une étape dans leur carrière.
En ce qui concerne les habitants de la colonie, on les dépeint souvent comme des « êtres indociles », mais les manifestations d’opposition sont très rares et se limitent à de simples agitations. Selon l’historienne Louis Dechêne, qui a étudié cette question, le climat d’insécurité qui règne dans la colonie à cause de la menace d’invasion renforce « la figure de l’autorité protectrice ». Nul mieux que le gouverneur Frontenac.
Le gouverneur de la Nouvelle-France réside au château Saint-Louis. Quant à l’intendant, il loge d’abord dans une maison de la haute ville, puis dans un palais aménagé sur les bords de la rivière Saint-Charles.
Jean Talon est le premier intendant de la colonie et aussi le plus illustre. Le dernier gouverneur sera François Bigot, de triste mémoire.