L’immigration au Canada au début du XXe siècle : l’Acte d’Immigration de 1906
En 1913, le Canada établit un nouveau record. En effet, 400 870 immigrants arrivèrent cette année-là, un chiffre jamais égalé dans l’histoire du pays. C’est en 1957 que le nombre d’immigrants approche le plus de celui de 1913, avec 282 164 immigrants.
Dans les années 1980, il y avait environ 134 mille personnes qui venaient chaque année.Au cours de la décennie suivante, le nombre d’immigrants reçus a franchi le cap des 200 mille personnes par année. Au XXIe siècle, le Canada accueille environ 240 mille nouveaux arrivants par an, mais ce nombre augmente et on peut s’attendre à des chiffres qui seront proches de 300 mille immigrants par an dans un futur proche. Toutefois, le cap de 400 mille immigrants par an, que le Canada a dépassé en 1913, est loin d’être à nouveau atteint.
La politique qui a mené à ce record de 1913 a été développée par M. Frank Oliver, ministre de l’Intérieur et superintendant aux affaires indiennes du Canada, nommé à ce poste en avril 1905 par le premier ministre du Canada, sir Wilfrid Laurier, premier dirigeant du Canada d’origine canadienne française.
Avant la nomination de Frank Oliver, le nombre d’immigrants, même s’il était élevé, n’atteignait pas 200 mille personnes. Ce chiffre grimpe après que Frank Oliver mette en place en 1906-1907 une politique d’immigration très sélective et restrictive (Pas très logique, mais bon…).
Oliver déclare qu’avant d’accepter un immigrant, il faut s’assurer que la personne pourra contribuer à la bonne marche de la société canadienne. Il élabore et fait approuver en 1906 l’Acte d’Immigration qui prévoit l’interdiction des individus indésirables, des prostituées, des infirmes, dont les «retardés mentaux, les épileptiques, les muets et les idiots» (ce sont les termes de l’Acte).
Une liste de pays dont les immigrants seront acceptés en priorité au Canada est attachée à l’Acte d’Immigration de 1906. Un immigrant peut être renvoyé en raison de la situation économique et politique du pays. Par exemple, si un immigrant vivait depuis 2 ans sur les fonds publics après son arrivée au Canada, ou s’il était logé dans une institution de charité ou passait des périodes très longues dans les hôpitaux, il pouvait être chassé du pays (cette clause sera invoquée lors de la crise de 1929 et de la dépression économique qui suivit).
Selon l’Acte de 1906, le Canada exercerait un contrôle plus sévère le long de la frontière canado-américaine. En 1910, un amendement à la loi est adopté, selon lequel le gouvernement canadien pouvait interdire l’entrée de toute immigration en provenance de «pays incompatibles avec le Canada». Le cabinet des ministres pouvait désormais déterminer les origines ethniques des immigrants et nommer les pays indésirables (cette disposition fut annulée en 1978).
Oliver adopte une sélection ethnique pour le Canada, privilégiant l’immigration britannique et américaine et l’immigration urbaine (contrairement à la politique de son prédécesseur, M. Clifford Sifton, qui privilégiait l’immigration en milieu rural). Les résultats, toutes proportions gardées, sont évidents: en 1906, le nombre d’immigrants reçus d’expression anglaise est de 36 796, il passe, en tenant compte de l’augmentation considérable du nombre des immigrants dans l’ensemble du pays, à 142 622 personnes en 1914.
Pourtant, cette politique d’immigration du gouvernement fédéral soulève des protestations de la part de l’opposition. Henri Bourassa et Armand Lavergne, deux députés libéraux de tendance nationaliste, s’insurgent à la Chambre des communes. En 1907, ils accusent ouvertement le gouvernement fédéral de tenter d’assimiler les Canadiens français.
Il faut toutefois noter que depuis cette époque, le gouvernement provincial du Québec favorise à son tour largement les immigrants en fonction de leur langue ou de leur pays d’origine. Il est beaucoup plus facile pour un français ou pour un belge francophone de venir au Québec, que pour quelqu’un en provenance d’un pays africain ou asiatique non-francophone. En effet, le Québec est la seule province du Canada à faire sa propre sélection en matière d’immigration. Pourtant, c’est au Québec que l’on trouve le plus fort pourcentage de nouveaux arrivants qui décident, après un temps plus ou moins long, de quitter la province pour aller voir ailleurs, ou simplement pour retourner dans leur pays d’origine.
Voir aussi :
- Biographie de Wilfrid Laurier
- Biographie d’Henri Bourassa
- Immigration au Québec au XIXe siècle
- La ville de Québec entre 1900 et 1945
- Migration vers les États-Unis
- l’Île de la Quarantaine
- Lieu historique national du Canada de la Grosse-Île
- La porte fermée au SIDA
- Le Canada pour les Canadiens