Ministre Cloutier : On peut déceler les abus dans les hôpitaux du Québec
Jeudi, 20 juillet 1967. Québec – S’il se produit des irrégularités dans les hôpitaux privés ou publics qui hébergent des personnes âgées, le gouvernement du Québec, avec la collaboration notamment de l’Association des hôpitaux privés, est en mesure d’en découvrir la nature et d’y apporter des correctifs qui peuvent aller jusqu’à la fermeture de ces institutions.
Le ministre de la Santé et de la Famille et du Bien-être social, M. Jean-Paul Cloutier, a ainsi réponde hier, au chef de l’opposition, M. Jean Lesage. Ce dernier voulait savoir si le gouvernement avait pris des dispositions pour que cessent les abus mentionnés dans le rapport de M. Marcel Caron.
Monsieur Caron révélait, dernièrement, devant l’Association des hôpitaux privés, les résultats d’une enquête menée sur ce sujet par le Service fédéral des pensions de vieillesse et des allocations familiales.
Le ministre Cloutier a fait remarquer que ses deux ministres avaient apporté leur aide à l’organisme fédéral, mais que cette aide s’était limitée à la partie qui concernait strictement le gouvernement provincial, à savoir si l’on avait utilisé les chèques des pensions de vieillesse et d’allocation familiales pour rembourser des services non couverts par l’assurance-hospitalisation, dans les hôpitaux qui gardent des personnes souffrant de maladies chroniques ainsi que des convalescents.
Il a ajouté que chaque fois que des irrégularités ont été signalées au ministère de la Santé et au ministère de la Famille et du Bien-être social, les fonctionnaires de ces ministères avaient fait une enquête. M. Cloutier a précisé qu’une enquête est actuellement en cours dans une institution qu’il n’a pas nommée qu’il attend un rapport pour bientôt. Il a de plus signalé la collaboration de l’Association des hôpitaux privés dans ce ménage et ce nettoyage parmi des détenteurs de permis d’institutions. Enfin, il a rappelé que le ministère de la Santé a procédé, depuis un an, à la fermeture de deux institutions où il avait été reconnue que des abus avaient été commis.
Monsieur Lesage s’est demandé de plus s’il n’a a pas lieu de dire aux enquêteurs du ministère de porter une attention particulière aux relations financières entre les personnes âgées et les autorités des hôpitaux.
Il a expliqué en outre que la responsabilité du ministère de la Santé, et du ministère de la Famille et du Bien-être social ne se limite pas aux endossement irréguliers de chèques de pension. Les résultats de l’enquête de M. Caron parlent aussi des surcharges pour des services parfois fictifs et dans les hôpitaux privés et dans les hôpitaux publics, des comptes-rendus d’administration où apparaissent des sommes exagérées pour vêtements, friandises, cigarettes, des honoraires professionnels de médecins, facturés dès le début du mois, à des montants fixes, variant de $20 à $60 par mois. Il a fait voir que c’est de la responsabilité du gouvernement de vérifier la possibilité que certaines institutions fassent du profit sur l’acte médical, par exemple des médicaments facturés alors qu’ils devraient être fournis gratuitement.
(Ce texte a été publié dans le journal Le Soleil, jeudi, 20 juillet 1967.