Thériault, Yves

Biographie de Yves Thériault

Yves Thériault naît à Québec le 27 novembre 1915. Issu d’un milieu modeste, il passe la plus grande partie de son enfance et de l’adolescence dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal. Là il fait ses études à l’école Notre-Dame-de-Grâce et au Collège Mont-Saint-Louis (de 1921 à 1929).

Thériault abandonne l’école à quinze ans. Mais au contraire de bien des copains de son âge, il aime la lecture. Le jeune homme  reçoit par hasard un cadeau. Un coroner fait le ménage de sa bibliothèque. Alors c’est ainsi que le garçon a accès à tout Zola, à Balzac, aux récits de Pierre Loti et à d’autres classiques. Ces livres lui permettent de s’ouvrir à la littérature. Étant bilingue, il se familiarise également avec certains auteurs américains, particulièrement Ernest Hemingway.

Jeune homme, il s’adonne au tennis et à la boxe. Cependant suite à une maladie pulmonaire, entre 1934 et 1935, il doit faire un séjour prolongé dans un sanatorium du Lac Édouard. La maladie et l’abandon de ses études semblent avoir été deux traumatismes dans sa vie.

En plus d’avoir été tennisman et boxeur, il a été trappeur, chauffeur pilote de brousse. Thériault a été fier-à-bras dans un club de nuit. Il a travaillé comme vendeur de fromage, vendeur de tracteurs, agent publicitaire. Il a été directeur artistique, journaliste, scripteur. Par la suite annonceur de radio à Rimouski, à New-Carlisle, à Hull, à Québec, à Montréal.

Plus tard, Yves Thériault fut directeur des Affaires culturelles au Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Il a beaucoup voyagé. Thériault habita Paris grâce à une bourse du Ministère de la Culture de France. Il fit des séjours successifs en Italie, près de Florence.

Vers 1940, Thériault décide d’envoyer au journal Le Jour, dirigé par Jean-Charles Harvey, son premier conte qui est publié. Son don naturel de conteur, et le travail acharné qu’il met à apprendre et à appliquer les règles de grammaire, à employer des phrases courtes et simples, l’amènent à perfectionner son style d’écriture. Sa première épouse, Germaine Blanchet, dite Michelle, secrétaire du rédacteur du journal Le Jour, fut une collaboratrice précieuse et lui donna confiance dans son talent d’écrivain.

Entre 1942 et 1950, il est engagé à l’Office national du film et à Radio-Canada.

En 1944, il signe Conte pour un Homme seul, son premier livre, il part ensuite pour l’Europe.

Un grand nombre de romans à dix sous, signés de pseudonymes, et écrits par Thériault et Germaine Blanchet, furent une école pour apprendre à écrire vite: ils en publiaient environ douze par semaine pour avoir un revenu important. La rédaction de textes radiophoniques fut aussi une occasion de se discipliner strictement sur la longueur des récits et apprendre à créer une ambiance par les mots.

Durant toute sa carrière, il publie dans divers journaux et revues: Photo-Journal, le Samedi, La Nouvelle Relève, le Bulletin des Agriculteurs, Liaison, Amérique française, Gants du ciel, Le Devoir, La Patrie, Châtelaine, le Magazine Maclean, le Nouveau Journal, Sept Jours, La Presse, Digeste Éclair, Vidéo-Presse et Livre d’ici.

L’œuvre de Thériault est prolifique et variée, en effet il a abordé de nombreux thèmes et il a écrit quarante romans, contes ou nouvelles, trois pièces de théâtre, une centaine de romans à dix sous, des livres pour enfants, un scénario de film, plus de mille trois cents textes radiophoniques…

L’écrivain est surtout connu comme auteur des romans Agaguk (1954), Aaron (1958), Ashini (1960) qui mettent en scène des minorités canadiennes, tels que les Juifs dans Aaron, les Inuit dans Agaguk ou les Amérindiens dans Ashini.

Ses expériences de vie lui permettent de diversifier les sujets de ses écrits, mais Yves Thériault n’est pas un écrivain à thèse, c’est un conteur. Il s’appliquait aussi à enjoliver sa propre légende. Même dans les entrevues officielles qu’il accordait, il se donnait la liberté de narrer des expériences qu’en réalité il n’avait jamais vécues.

C’est pourquoi relever les éléments biographiques de sa vie est dangereux: on risque qu’elles se dérobent à tout moment. Cependant, il ne s’agit pas de mensonges ni de mystification, sinon des contes d’un grand conteur qui se prend à son propre jeu.

On remarque à travers toute l’œuvre des thèmes récurrents, des métaphores de passions et de caractères humains. Voici un survol bref de ces thèmes. Thème de la grande nature, paysages variés, tels toundras, taïgas, rochers décharnés, cimes inaccessibles, vents de tempête, froids extrêmes, neiges et banquises traîtresses. Impuissance apparente de l’homme à changer le cours de son destin. Mais cette impuissance est vaincue par des choix lucides et courageux. Culte du héros et de ses combats contre lui-même, contre les forces de la nature, contre le destin.

Thème de la sexualité présent dans toute l’œuvre, traité subtilement et quelquefois crûment. Dénonciation de l’exploitation des pauvres par les riches, des peuples, des gens de campagne par les gens des villes. Apologie des différences culturelles, et plaidoyer pour leur conservation. Romantisme et tendresse entre les humains et même avec les éléments de la nature. Importance de la prise de parole pour se libérer et pour vivre…

En 1977, Thériault fonde une compagnie de films avec sa seconde femme, Lorraine Boisvenue. Elle a été auteure du Guide de la cuisine traditionnelle québécoise.

On a traduit plusieurs œuvres de Yves Thériault en différentes langues, même en japonais. Sa fille, Marie José Thériault, est aussi une écrivaine reconnue et son œuvre est importante.

En 1979, Yves Thériault a reçu le Prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.

Il était membre d’honneur de l’Union des écrivains québécois. Aussi membre francophone de la Société Royale canadienne, agrégation qui lui tenait très à cœur.

Yves Thériault s’éteint à Joliette, le 20 octobre 1983. À sa mort, il laisse une production de plus d’une soixantaine de romans et de contes. Ainsi que des textes pour la radio et la télévision.

Yves theriault
Yves Thériault vers 1945, photo d’auteur inconnu, domaine public.

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