Ouellette, Rose (La Poune)

Biographie de La Poune (Rose Ouellette)

La comédienne et l’humoriste Rose Ouellette, surnommée La Poune, fait partie de la légende en ce qui concerne le théâtre populaire, le vaudeville et le burlesque au Québec.

Rose-Alme Ouellette est née le 25 août 1903 dans une famille du Faubourg à m’lasse, une famille pauvre et nombreuse de l’est de Montréal, dans une petite maison à l’angle des rues Papineau et Ontario. En fait, dix-sept 17 de ses frères et sœurs moururent en bas âge, ne lui laissant que trois sœurs atteignant l’âge adulte : Almoïse, Blanche et Andréa, le papa lui-même s’en est allé à l’âge de 42 ans.

Rose-Alme quitte l’école dès l’adolescence pour travailler dans une usine de chaussures (Duchess Shoes) au coin des rues Craig (St-Antoine) et Beaudry.

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Avant l’arrivée de la télévision, les théâtres et cabarets pullulaient à Montréal, alors, attirée par la scène, vers l’âge de 12 ans, avec la complicité d’une de ses tantes, et à l’insu de sa mère, Rose se présente à des concours de chansons au Ouimetoscope et elle rafle tous les prix. En 1922, Rose gagne trois concours de chants amateurs en 3 semaines. Elle est alors engagée comme chanteuse au Ouimetoscope, et ensuite elle engagée par le comédien Paul Hébert pour jouer au Théâtre King-Edward.

Pour ceux qui se demandent d’où lui vient son surnom de « La Poune », il lui a été donné par Olivier Guimond, le père de l’autre Olivier Guimond, humoriste populaire au cours des années 1960. Olivier Guimond, père, suggère La Poune parce que cela rime avec son propre nom de scène, « Ti-zoune ».

Le duo Ti-zoune + La Poune connaît d’énormes succès aussi bien à Montréal qu’à Québec et Ottawa.

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Très jeune, Rose devient la première directrice de théâtre en Amérique et son nom a été étroitement associé au théâtre Cartier, situé dans le quartier montréalais  de Saint-Henri. Directrice de ce théâtre de 1928 à 1936, elle donne alors deux représentations par jour (à 13h et 20h30) et ce, sept jours par semaine. Elle présente une nouvelle revue à toutes les semaines. Elle forme une troupe de burlesque qui compte dans ses rangs Juliette Petrie, qui sera sa partenaire durant plusieurs décennies.

Le burlesque est un genre composé surtout de monologues humoristiques et de sketchs improvisés où l’effeuillage est exclu. Ce genre domine la scène de Montréal entre 1920 à 1950. Au départ influencé par le vaudeville américain, le burlesque québécois doit son remarquable succès en français presque exclusivement à trois interprètes qui dirigèrent tous de nombreuses troupes de burlesques francophones: Arthur Petrie, Olivier Guimond, père ( Ti-zoune), comique le plus populaire de l’époque, et La Poune.

En 1936, Rose Ouellette devient directrice du Théâtre National. Pendant 17 ans, la foule se pressera tous les soirs aux portes du National pour entendre La Poune entonner sa chanson-thème C’est d’la faute à poupa et présenter, dans des numéros de comédie et de chant, de nouvelles vedettes. Tous les grands acteurs de burlesque de cette génération ont joué au Théâtre National à l’époque de La Poune: Abys Rob, Juliette Petrie, Arthur Petrie, Manda Parent, Hector Pellerin, Georges Leduc, Simone Roberval, Paul Desmarteaux, Juliette Huot, Olivier Guimond fils et d’Olivier Guimond, père, Paul Hébert, Pierre Thériault, Jacques Normand, Lucie Mitchell, Léo Rivest et bien d’autres.

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Rose quitte le Théâtre National en 1953 pour se joindre à la troupe de Jean Grimaldi.

La Poune fut la première artiste québécoise à enregistrer du matériel d’ici chez RCA Victor. Elle reçoit alors 25 $ par chanson ou 50 $ pour les 78 tours, sans aucune redevance pour les disques vendus.

En 1953, elle joue un petit rôle dans son premier film, Cœur de maman. Elle tiendar des rôles dans L’Apparition (1972) de Roger Cardinal et Les Aventures d’une jeune veuve (1974) de Roger Fournier.

En 1960, Rose fait ses débuts à la télévision dans «Les Deux Valses», pièce d’André Laurendeau présentée par la SRC. En 1961, on la verra dans la série humoristique «Télé-surprise» (CFTM) et beaucoup plus tard, elle tiendra des rôles épisodiques dans les téléromans « Chère Isabelle » (TVA, 1976-1977), « Les Brillant » (TVA, 1979-1982) et « Les Moineau et les Pinson » (TVA, 1982-1985).

Au théâtre, La Poune joue, pendant de longues années au Théâtre des Variétés de Gilles Latulippe. En 1974, elle joue dans Un jour, ce sera ton tour de Serge Sirois au Théâtre du Nouveau-Monde et, en 1981, avec Réjean Lefrançois, dans Boeing Boeing au théâtre d’été de l’île Charron.

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En 1993, à l’âge de 90 ans, la Poune fut le porte-parole d’une pub télévisée. Il s’agissait de la bière « La rousse » brassée par Molson. Le slogan était « La rousse est douce ! » faisant référence au fait que toutes deux étaient rousses.

La Poune est morte à Montréal, à l’âge honorable de 93 ans, le 14 septembre 1996.

Notons qu’une certaine intelligentsia québécoise a longuement boudé le genre qui professait La Poune.  Dans les milieux «bien branchés», où les snobs sont légion, on se moquait d’elle. En fait ils statuaient que le théâtre burlesque était un sous-produit culturel.  Un jour la comédienne prit sa revanche en jouant dans la pièce Un jour ce sera ton tour de Serge Sirois, au réputé Théâtre du Nouveau Monde, une institution considérée haut-lieu de la culture québécoise.

Bref, tous les milieux ont fini par accepter Rose Ouellette parce que devenue incontournable.

En 1983, la Poune a été récipiendaire du prix Hommage du Gala de l’ADISQ. Pour ses 75 ans de vie artistique, elle a d’ailleurs reçu l’Ordre national du Québec, en 1990.

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Rose Ouellette, La Poune. Source de la photo : La Mémoire fragile

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