Biographie de Robert Rumilly
Né le 23 octobre 1897, à Fort-de-France, Île de la Martinique, d’un père officier dans l’infanterie coloniale française (Georges Rumilly tenait garnison à Fort-de-France), il fait ses études primaires et secondaires en Indochine, avant de gagner Paris, où il est un étudiant assidu des Lycées Buffon et Louis-le-Grand.
Titulaire d’un baccalauréat ès Lettres et d’un autre ès Sciences, le futur historien québécois étudie le Droit lorsque la Première guerre mondiale éclate. Il est blessé en combat et à sa démobilisation, Rumilly ne tarde pas à graviter dans les milieux de la droite traditionnaliste et monarchiste, à militer dans l’Action française et à s’associer même à la Fédération nationale des Camelots du roi, une organisation royaliste.
Robert Rumilly, accompagné de son épouse Simone Bove, pose le pied en terre canadienne, un vendredi 13 avril 1928. De son propre aveu, il a quitté une patrie dont l’avenir lui semble de plus en plus sombre, « pour gagner une France plus conforme à son idéal ». Il montre un intérêt croissant pour ses nouveaux compatriotes, qu’il juge « sains et fidèles à leurs traditions », il ne songe pas à écrire autrement que pour le Petit Journal, auquel il collabore entre les cours qu’il donne à l’Université McGill en littérature française.
En 1931, il publie une biographie de Wilfrid Laurier qui connaît un succès flatteur. Rumilly n’est arrivé au Canada que depuis trois ans et cette première réussite pousse le future historien à persévérer dans la même veine.
Un an plus tard, c’est la parution d’une étude sur Sainte-Anne-de-Beaupré. Puis ce sera « Lavérendrye, découvreur canadien », édité par Albert Lévesque, « Kateri Tékakitha », « Papineau », « Marguerite Bourgeoys », « Mercier », Mgr Laflèche et son temps », Georges-Étienne Cartier », « Coup d’État », « Adlophe Chapleau » pour ne citer que les ouvrages les plus importants. On reconnaît à Rumilly une certaine élégance de style et de la « couleur » dans la peinture des personnalités politiques, civiles ou religieuses qu’il a choisi de faire revivre.
Entre 1940 et 1980, Rumilly publie sa monumentale l’Histoire de la province de Québec en 41 volumes. Pour rédiger son Histoire, Rumilly se base sur les articles des journaux, le Journal de l’Assemblée législative du Québec, de la Chambre des communes du Canada et les témoignages qu’il recueille.
La volumineuse biographie de Maurice Duplessis, parue en 1973 complète en quelque sorte l’Histoire de la province de Québec, en la menant de 1945 à 1959.
Cette immense fresque qu’est L’Histoire de la province de Québec est l’œuvre maîtresse de Robert Rumilly, son principal titre de gloire. Avec ses copieux index, elle constitue une véritable encyclopédie historique du Québec.
En plus de son Histoire, l’intarissable Rumilly se permet d’écrire une « Enquête économique sur la Gaspésie » (1944), « La plus riche aumône, Histoire de la Société Saint-Vincent-de-Paul au Canada (1946), « L`Autonomie provinciale » (1948) et une étude historique de plus de 400 pages sur « Le Frère Marie-Victorin et son temps » (1949).
Robert Rumilly a aussi publié des monographies sur Montréal, Outremont, Saint-Laurent et Longueuil. Il a publié une histoire de l’Acadie en 1955, puis la retravailla pour ce qui devait être sa dernière œuvre en 1983 (les tomes 3 et 4 ont été amorcés à l’étape de manuscrits, mais jamais publiés, suite à son décès).
Le 9 décembre 1944, avec Victor Barbeau, Marius Barbeau, Robert Choquette, Lionel Groulx et Rina Lasnier, il est un des membres-fondateurs de l’Académie canadienne-française ayant pour objectifs de servir et de défendre la langue et la culture d’expression française et la place de la littérature dans la société canadienne et québécoise. Cet organisme deviendra l’Académie des lettres du Québec, en 1992.
Dans les années 1950-1970, il a été très actif en politique québécoise, notamment au côté de son ami Camillien Houde. Ultra-nationaliste de droite qui luttait contre le communisme, Rumilly a fondé un centre d’études en 1956 qui diffusait des pamphlets politiques en faveur de l’Union nationale.
Rumilly sera accusé, malgré ses dénégations répétées, de commettre un crime impardonnable : d’avoir été un ami de Maurice Duplessis (mais Rumilly a toujours admis être un sympathisant de l’Union nationale et de Duplessis).
Dans ses écrits, Rumilly fait appel au concept de « race » pour expliquer les relations entre francophones et anglophones et il étudie les conséquences de l’industrialisation sur le peuple. Il pense que le Québec est destiné à être le centre du catholicisme et de la civilisation française en Amérique du Nord.
Vers la fin des années 1950, il subira les horions de Pierre Laporte, Pierre Elliott Trudeau et Louis O’Neil pour avoir affirmé que les gauchistes s’infiltrent au Canada français et que Le Devoir et Cité libre sont leur tribune. En 1957, il se fait traiter de « nationaliste » par un journaliste en colère de nom de René Lévesque…
En 1967, Robert Rumilly, membre-fondateur de l’Académie française, reçoit le prix Duvernay pour son Histoire de la province du Québec.
Robert Rumilly s’éteint le 8 mars 1983 à Montréal. Homme de droite, nationaliste, historien, journaliste, polémiste, il avait choisi l’engagement et la fidélité à ses idées. La Ville de Québec nomme en 1987 une de ses rues en son honneur.
Anecdote historique : Dans les années 1960, au cours d’un cocktail littéraire tenu au Ritz, à Montréal, l’un des écrivains québecois s’avance vers Robert Rumilly, homme à la silhouette filiforme et au visage émacié. Il lui demande: «Ne seriez-vous pas François Mauriac ?» Outré, l’intellectuel de la droite québécoise lui répond d’un ton sec: «Je n’ai pas ce déshonneur.»

Voir aussi :
- Histoire de la Province de Québec
- Biographie de Camillien Houde
- Biographie de Maurice Duplessis
- Affaire Bernonville
- Affaire Roncarelli
- L’Expo-67 vu par Robert Rumilly
- Biographie de l’écrivaine Nelly Arcan