Biographie de James Murray
Le général James Murray a été le premier gouverneur de la nouvelle Province de Québec (Province of Quebec), créée par la Proclamation royale du monarque George III du Royaume-Uni en date du 10 octobre 1763 et établie de facto le 10 août 1764. C’est lui qui instaure les structures d’un gouvernement colonial britannique dans ce qui avait été la Nouvelle-France.
James Murray naît le 21 janvier 1721. Fils d’Alexander Murray, 4e baron Elibank, et d’Elizabeth Stirling, il fait partie de la petite noblesse écossaise. Il s’enrôla dans l’armée britannique en 1736, à l’âge de 15 ans, et est muté en 1741 au 15e régiment d’infanterie avec lequel il demeure jusqu’en 1759. Il participe à plusieurs campagnes : aux Antilles de 1740 à 1742, et en Flandre en 1745. Il est blessé à Ostende et il participe à une expédition contre Lorient en 1746. Il est promu lieutenant-colonel.
En 1758, Murray débarque en Amérique du Nord et participe au siège de Louisbourg sous les ordres du général James Wolfe. En 1759, il participe au siège de la capitale de la Nouvelle-France. Lors de la Bataille des plaines d’Abraham, il est l’un des premiers à débarquer et à gravir l’escarpement de l’Anse au Foulon, par la suite, il commande le centre de la ligne de combat. Suite à la mort de Wolfe sur le champ de bataille, James Murray devient responsable de la ville de Québec, toujours sous la menace d’une attaque des troupes françaises commandés par François Lévis.
Le 28 avril 1760, Murray affronte Vaudreuil et Lévis lors de la bataille de Sainte-Foy, la bataille gagnée par les Français, mais l’arrivée de la flotte britannique en mai empêche les Français de reprendre la capitale.
Le commandant en chef, Amherst, ordonne à Murray de remonter le Saint-Laurent avec ses troupes. La jonction de son armée avec celles de Amherst et de Haviland devant Montréal entraîne la capitulation de la colonie.
Pour le reste de la guerre, Murray exerce les fonctions du premier gouverneur britannique de la nouvelle acquisition britannique. En conquérant, il sait se gagner le respect des nouveaux sujets britanniques de langue française. Il écrit en 1766 : « Je me glorifie d’avoir fait tout en mon pouvoir pour gagner à mon maître l’affection de ce peuple brave et courageux, fort et hardi. »
Toutefois, on lui reproche le fait de pendre Joseph Nadeau, capitaine de la milice canadienne qui participa activement aux combats contre les Anglais. Meunier de profession, Joseph Nadeau brava les restrictions imposées par l’occupant afin de nourrir la population. Murray le fit arrêter et pendre à une poutre extérieure du moulin à blé de Nadeau. Le corps resta exposé plusieurs jours avant d’être décroché secrètement.
Par la Proclamation royale du 10 octobre 1763, le territoire devient province de Québec et James Murray en est désigné gouverneur en titre, avec prise d’effet le 10 août 1764.
La Proclamation royale annonce la création d’une Chambre d’assemblée, mais Murray ne mit jamais à exécution cette provision. En effet, les lois britanniques excluaient les catholiques de toute fonction s’exerçant sous l’autorité de la couronne, et Murray imaginait mal 200 propriétaires anglais légiférant pour une population de quelque 70 000 catholiques canadiens.
Les bonnes intentions de James Murray provoquent toutefois les sourdes menées de quelques marchands britanniques qui réussissent à le faire rappeler par le gouvernement de Londres. En fait, ll perd l’appui du gouvernement britannique avec l’arrivée au pouvoir des whigs en 1763, et est de plus dénigré à Londres par les agents et associés des commerçants britanniques. L’affaire Walker, survenu en décembre 1764, cristallise les protestations des marchands, et ils obtiennent le rappel de Murray le 1er avril 1766. Le général quitte Québec le 28 juin 1766 pour n’y plus revenir.
Il sera lavé des accusations portées contre lui, et conservera officiellement son poste de gouverneur jusqu’au 12 avril 1768, mais il ne reviendra jamais au Canada.
Guy Carleton, qui remplace James Murray, poursuit la politique de conciliation envers les Canadiens.
De retour en Angleterre, James Murray continue sa carrière militaire, est promu lieutenant général en 1772, et est nommé en 1774 lieutenant-gouverneur, puis gouverneur de Minorque jusqu’en 1782. Il participe à la défense du fort Saint-Philippe contre une armée franco-espagnole très supérieure en nombre.
Il se retire dans sa propriété du Sussex où il passe les douze dernières années de sa vie. Il meurt le 18 juin 1794.
On peut encore voir de nos jours dans le Vieux-Québec, au coin des rues Saint-Jean et Saint-Stanislas la maison Murray-Adams. En 1763, le général James Murray achète cette maison construite sur ce site quelques années plus tôt, et s’y établit. En 1801, ses héritiers cèdent la bâtisse à Henry Caldwell.
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