Isaac Jogues

Biographie d’Isaac Jogues, un missionnaire Jésuite, martyre de la foi

Plusieurs jésuites arrivés en Nouvelle-France à partir de 1625 ont payé de leur vie leur venue au Canada. À la petite école, jadis, on nous racontait en détail les supplices infligés à ces disciples de saint Ignace. Lalemant, Brébeuf et Jogues sont ceux qui ont laissé leur trace dans les mémoires.

Savons-nous que le premier missionnaire victime des Iroquois est le père Isaac Jogues ? Une statue d’Isaac Jogues, missionnaire ambassadeur, s’élève sur les bords du lac George, dans l’État de New York. Cette statue, dévoilée en 1939 au milieu d’un parc, indique le lieu où on a enterré de nombreuses victimes de combats de l’époque. On peut y lire donc cette inscription : « Le père Jogues s.j. Ambassadeur de paix de la Nouvelle-France auprès des cinq nations iroquoises, avec son compagnon Jean Bourdon, découvrit ces eaux et les nomma lac Saint-Sacrement, 30 mai 1646. »

Isaac Jogues est né à Orléans le 10 janvier 1607. Il entre au collège des Jésuites après la mort de son père. En 1624, il fait son noviciat à Rouen, puis il étudie la philosophie à La Flèche. Il enseigne jusqu’en 1633. Ordonné prêtre en 1636. Il est aussitôt désigné pour les missions de la Nouvelle-France. Arrivé à Québec, il quitte la ville en direction du pays des Hurons. En 1639, il voyage chez les Pétuns avec le père Garnier. En 1641, c’est chez les Chippewas qu’il est reçu.

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Ce sont des Amérindiens de race algonquine installés sur les rives du lac Huron et du lac Supérieur. Ils étendent leur territoire vers l’ouest jusque dans l’actuel Dakota du Nord. Le père Jogues y fonde la mission de Sault-Sainte-Marie. Un peu plus tard, il revient à la mission Saint-Joseph, puis se rend à Québec. C’est de là qu’en 1642 il part en direction de Trois-Rivières avec des Hurons. Lors d’une embuscade, René Goupil et quelques chrétiens tombent aux mains des Iroquois. Jogues s’en sort, mais, apprenant que René Goupil est entre leurs mains, il se livre suivi par Guillaume Couture. Ses tortionnaires s’en donnent à cœur joie.

Des supplices sont pratiqués sur sa personne. En plus de le forcer à effectuer des travaux harassants, on le fait marcher sur des charbons ardents, on lui sectionne et lui écrase les doigts, on le tortue en lui faisant l’ablation des ongles, on le soumet au déchiquetage de ses muscles…

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Ce sont des Hollandais d’Orange, aujourd’hui Albany, qui obtiennent sa libération alors que la gangrène ronge ses plaies.

À son retour en France, la régente Anne d’Autriche le convoque à Paris et a une entrevue avec lui. Les mutilation de ses mains l’empêchent de célébrer la messe comme la coutume le demande en utilisant l’index et le pouce pour les bénédictions. Cependant, le pape Urbain VIII lui accorde l’autorisation de tenir la sainte hostie avec les doigts qui lui restent, en faisant observer qu’il eût été indigne de refuser les espèces à un martyr de Jésus-Christ. À la lettre de son supérieur, le père Jérôme Lalement, qui lui demande de retourner chez les Amérindiens en 1644, il répond : « Croiriez-vous bien qu’à l’ouverture de celle de votre Révérence, mon cœur a comme été saisi de crainte. La pauvre nature qui se souvient du passé a tremblé. Mais Notre Seigneur, pas sa bonté, y a mis et y met le calme encore davantage. »

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Le supérieur des Jésuites l’attache à Ville-Marie. Deux années plus tard, le gouverneur, connaissant l’érudition du père Jogues, lui demande de retourner chez les Iroquois à titre d’ambassadeur. C’est en s’y rendant que lui et son compagnon Jean Bourdon découvrent le lac Saint-Sacrement, l’actuel lac George.

Après avoir accompli sa mission, il obtient la permission de retourner chez les Agniers, ses bourreaux. On le reçoit agressivement et, le 18 octobre 1646, on lui fend la tête. Ils ont tué son compagnon, Jean de Lalande, de la même façon. Isaac Jogues est le premier jésuite tué par les Iroquois. On peut lire dans Les relations des Jésuites, en 1647 : « On le peut tenir pour martyr devant Dieu. En apprenant sa mort, les autres missionnaires ne se sont pût résoudre de célébrer pour lui la messe des trépassés car ils se sentaient plutôt portés d’invoquer le Père que de prier pour son âme. » L’Église a canonisé le père Jogues en 1930.

(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).

Voir aussi :

Trois-Rivères Isaac Jogues
Saint-Laurent à la hauteur de Trois-Rivières. Photographie de GrandQuebec.com.

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