Biographie de Dollard Ménard
Né à Notre-Dame-du-Lac, le 7 mars 1913, diplômé de l’Université Laval en 1932, admis la même année au Collège militaire Royal de Kingston, il rejoint le 22e Régiment Royal en 1936.
Dollard Ménard fut promu lieutenant-colonel en 1942 à l’âge de 29 ans. Il était le plus jeune lieutenant-colonel des forces canadiennes qui se trouvait à la tête d’un bataillon. Sa tâche était de transformer son unité en une véritable troupe de commandos qui fut la première des unités canadiennes-françaises à être sous le feu de l’ennemi.
Dollard Ménard possédait d’exceptionnelles qualités physiques et intellectuelles.
Un des soldats du régiment écrivait à sa famille le 6 avril 1942, quelques jours après l’arrivée de Dollard Ménard à l’unité: «Le nouveau commandant n’y va pas par quatre chemins et ça commence raide et ça va continuer. Nous avons eu une petite marche de 20 milles, qui a pris la plus grande partie de la journée. Il faut se mettre en forme, paraît-il… C’est un bon militaire, ce colonel, et le régiment en avait besoin.»
Ménard avait 900 officiers, sous-officiers et soldats sous ses ordres et son bataillon s’est vu confier la mission de débarquer sur la plage centrale de Dieppe le 19 août 1942.
Les soldats devaient débarrasser la plage des nids de mitrailleuses allemandes et pénétrer dans la ville. Des rochers escarpés se trouvaient à droite et à gauche de la ville, avec une plage de galets au centre.
Les Canadiens Français débarquèrent dans l’eau à plusieurs verges du bord. Des éclats de mortier leur tombaient dessus, et au moment de débarquer des centaines de Canadiens étaient déjà morts ou blessés.
En mettant le pied sur la plage, Dollard Ménard a aperçu une poignée de soldats étendus sur le sol, la tête tournée vers les parapets, comme s’ils attendaient l’ordre de bouger. Ménard voulait qu’ils passent à l’action, leur ordonna de se lever, mais en vain. Le commandant a alors rampé jusqu’à l’un d’eux, il l’a secoué, lui a parlé, mais il ne répondait pas, il était mort. Il a recommencé avec quelques autres, en vain. Ils étaient tous morts.
Les soldats n’avaient aucun abri pour se protéger du feu ennemi. On ne pouvait pas creuser de trous dans les galets. Il n’y avait vraiment aucun moyen de se mettre à couvert. Ils étaient soumis au feu croisé des soldats allemands. Mais l’avance devait continuer.
Les dernières cinquante verges avant le rivage furent les pires.
Ménard a sauté à terre et a ordonné à ses hommes d’ouvrir des passages à travers les barbelés. Il fut alors atteint par une première balle à l’épaule droite qui le précipita à terre. Ménard s’est relevé pour continuer à progresser, mais il fut atteint une deuxième fois. Cette fois, la balle lui déchira toute la joue droite.
Malgré le feu nourri de l’ennemi, les soldats réussirent à pénétrer dans le casino et dans les rues avoisinantes, mais ils ne pouvaient rien faire sans l’appui des chars et de l’artillerie, détruits sur la plage. Aussi durent-ils, eux aussi, battre en retraite.
Depuis leurs blockhaus, les Allemands continuaient à tirer et le colonel Ménard a donc décidé de tenter de les contourner avec ses hommes.
En une heure, les Canadiens ont pris le contrôle de la plage. Mais il y avait encore quelques francs-tireurs allemands dissimulés et l’un d’eux a blessé Ménard à la jambe droite. Malgré tout, il voulait encore rejoindre les rues de la ville que certains de ses hommes commençaient à infiltrer.
La dernière balle atteignit sa jambe droite, le clouant au sol.
Plus tard, Ménard fut récupéré par ses hommes et traîné jusqu’à une barge qui fut attaquée par des bombardiers.
Beaucoup perdirent la vie ce jour, le 19 août 1942, et d’autres s’illustrèrent par leur bravoure.
20 officiers et 484 hommes du régiment Fusiliers Mont-Royal sont tombés sur la plage, et seulement 125 combattants survécurent.
Blessé cinq fois, évacué par ses soldats, Dollard Ménard regagne l’Angleterre, puis revient au Canada sur un navire hôpital. On trouve alors à travers tout le pays une affiche du Général Ménard avec la mention «Ce qu’il faut pour vaincre».
En 1943, il commande la 13e Brigade du Régiment de Hull lors de la capture d’une forteresse japonaise sur l’Ile de Kiska.
Diplômé de l’École d’état-major, de l’École supérieure de la guerre en France en 1947, il devient attaché aux Affaires extérieures, attaché militaire auprès de l’Ambassade du Canada à Paris jusqu’en 1951. Il est alors affecté à l’O.N.U. puis nommé au Cachemire, en tant que chef d’état-major des observateurs chargés de l’application d’un cessez-le-feu, suite à la guerre Indo-Pakistanaise.
Plus tard, il commande la 3e Brigade, et de 1958 à 1962 il est nommé commandant du Secteur Est du Québec.
Dollard Ménard décrète en 1958 que la langue française sera dorénavant la langue de commandement pour toutes les unités francophones sous sa direction.
Il est décédé le 14 janvier 1997.
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