Biographie de Claude Jutra
Claude Jutra naît le 11 mars 1930 à Montréal. Il fait ses études secondaires au collège Stanislas.
Son père Albert Jutras (directeur du Collège des médecins du Québec) veut que son fils devienne médecin, mais Claude commence très tôt sa carrière au cinéma (au fait, le Dr. Jutras a commis la grave erreur d’offrir à son fils une caméra 16 mm pour le jour d’anniversaire, en 1946, ce qui a changé la vie du garçon pour toujours).
En 1952, Claude obtient son doctorat en médecine à l’université de Montréal, mais il ne pratiquera jamais la médecine.
En 1953, après deux courts-métrages prometteurs tournés durant son adolescence (Le Dément du Lac Jean-Jeunes, 1948, mettant en vedette les scouts du Collège Saint-Jean, et Mouvement Perpétuel, 1949), il s’inscrit à l’école du Théâtre du Nouveau Monde.
Claude Jutra joint l’Office national du film en 1954, où il scénarise pour la Radio-Canada le premier télé-théâtre de la télévision québécoise, L’école de la peur, qui remporte le trophée Frigon en 1954. En tant qu’acteur, il joue à la télévision le rôle de Grumio dans les programmes télévisé Disparu et La mégère apprivoisée réalisés par Jean Boisvert.
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En 1954, Jutra anime la série Images en boîtes qui porte sur le cinéma. Il tourne aussi deux documentaires sur la musique – Chantons maintenant et Jeunesses musicales (Youth and Music). Ensuite, il interprète d’autres rôles dans quelques téléfilms.
Il voyage en France, où il fait connaissance de François Truffaut et d’autres directeurs et comédiens de renom, avec qui apprend le métier.
À son retour au Québec (en 1957), le cinéaste rejoint l’Office national du film et participe à l’avancement du cinéma direct québécois dans plusieurs documentaires en collaboration avec Michel Brault. Leur film Il était une chaise remporte de nombreux prix internationaux dont le premier prix du film expérimental de la Mostra de Venise, un prix spécial de la British Academy of Film and Television Arts, le prix de mérite dans la catégorie art et expérimental aux prix Génie à Toronto et le deuxième du film expérimental au Festival international du film de Rapallo en Italie. Ce court-métrage lui permettra de voyager en Afrique où il rencontre Léon Rouch qui l’initie au cinéma représentatif de la Nouvelle Vague française.
En 1957, également, Claude Jutra réalise son premier long métrage Les Mains nettes, à partir d’un scénario de Fernand Dansereau. La même année, il scénarise Marlusse de Marcel Pagnol et Morts sans visage d’Arthur Hailey pour Radio-Canada.
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C’est en 1963 que Jutra réalise son premier long-métrage qui le rend célèbre. Il s’agit de À tout prendre, un film controversé et critiqué au Québec qui aborde une liste de sujets tabous pour l’époque. Le film est toutefois encensé en France et aux États-Unis.
Dans les années 1970, Claude Jutra produit Mon oncle Antoine, sa pièce maîtresse. Par la suite, il signe Kamouraska, adapté du roman d’Anne Hébert. Ensuite le réalisateur tourne quelques films pour la télévision.
Le cinéma de Claude Jutra traite du questionnement identitaire dans le Québec de la révolution tranquille. En 1984, il reçoit le prix Albert-Tessier.
En 1985, Claude Jutra réalise son dernier film, La Dame en couleurs.
Les dernières années de la vie du cinéaste ont été marquées par la perte progressive de sa mémoire causé par la maladie d’Alzheimer. Conscient de la « cage de verre invisible » qui le réduit de plus en plus, il s’enlève la vie le 5 novembre 1986 en sautant du haut du pont Jacques-Cartier à Montréal. Au moment de la mort, il portait sur lui un billet sur lequel il avait inscrit «Je suis Claude Jutra».
Remarquez que vous pouvez visionner certains films réalisés par Claude Jutra dont Mon oncle Antoine sur www.onf.ca.
Aujourd’hui, le prix Jutra et le prix Claude-Jutra sont décernés en son honneur.
