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Hindenlang, Charles

Hindenlang, Charles

Biographie de Charles Hindenlang

Fils de commerçants parisiens d’origine suisse protestante, Charles Hindenlang est né à Paris le 29 mars 1810. Il s’enrôle dans l’armée française au moment de la révolution de Juillet 1930. Il avait conquis plutôt lentement ses premiers grades d’officier.

En 1838, Charles Hindenlang se retrouve à New York où le commerçant français Bonnefoux (une autre orthographe : Bonnafoux) le présente à Ludger Duvernay qui le recrute pour les Patriotes. Selon d’autres versions, ce sont un réfugie italien du nom de Falière et un dénommé Von Schoulze qui le présentent aux Patriotes.

Hindenlang s’engage dans l’armée des Patriotes en même temps qu’un autre officier français, Philippe Touvrey, et deux officiers polonais, Oklomsky et Szesdrakowski.

Les quatre officiers européens sont envoyés à Rouses Point, dans l’état de New York. Ensuite, ils traversent la frontière avec Robert Nelson et arrivèrent à Napierville, dans le Bas-Canada (le Québec), dans la nuit du 3 au 4 novembre 1838.

Hindenlang est présenté à Nelson par Cyrille-Hector-Octave Côté qui salua Nelson comme président du gouvernement provisoire de la république du Bas-Canada et présenta Hindenlang comme le brigadier général Saint-Martin.

Le temps presse. Sir John Colborne avec ses troupes de 5 ou 6 mille hommes est déjà en marche. Nelson donne l’ordre de départ et Charles Hindenlang avec 600 hommes part pour Odelltown, lieu stratégique de la frontière.

Le 8 novembre 1838, les Patriotes arrivent à Lacolle et le 9 novembre, au matin, à Odelltown. Des volontaires, qui défendent le régime anglais, sont retranchés dans l’église, ainsi les Patriotes, sans un seul canon et presque sans armes, ne peuvent assiéger longtemps l’église et se battent en retraite à la fin de l’après-midi.

Revenue à Napierville, la colonne reçoit l’ordre de se disperser. Hindenlang part avec un groupe de 14 hommes mais, épuisé, il se retrouve seul avec le jeune Adolphe Dugas, étudiant en médecine. Il est arrêté sur la frontière et expédié à Montréal.

Dès 14 novembre 1838, durant les trois mois suivants, Hindenlang adopte une attitude contradictoire. Dès son arrivée à Montréal, il signe une longue déclaration dans laquelle il affirme avoir été trompé par les chefs de la rébellion. Il accablait surtout Robert Nelson, qu’il traite de fourbe, de lâche et de vendu, et terminait sa confession en offrant de servir la bonne cause pour faire oublier quelques heures d’égarement. Cet écrit paraît le 17 novembre 1838 dans le journal montréalais l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, en même temps que deux lettres d’Hindenlang, l’une à son compagnon Touvrey, et l’autre à un ami prénommé Henri. Ces lettres sont ainsi publiées avant même que les destinataires aient pu les recevoir. Dans la lettre à Touvrey, Hindenlang reprend ses accusations contre Nelson et parle même de la générosité des Britanniques.

Plus tard, Touvrey démente, dans l’Estafette de New York, les propos d’Hindenlang, à savoir qu’il était venu à New York pour s’occuper du commerce familial. Au contraire, selon Touvrey, Hindenlang aurait décidé de venir combattre pour la liberté dès que l’insurrection de l’automne de 1837 avait été connue à Paris.

Cyrille-Hector-Octave Côté affirma le 30 octobre 1839, dans le North American de Swanton, Vermont, que c’est le juge de la paix Leclère (Leclerc?), présent lors de la première interpellation de Hindenlang, qui aurait écrit une partie de la déclaration, notamment le paragraphe sur son offre de collaboration.

Notons que le gouvernement français n’a jamais participé de près ou de loin à l’insurrection des Patriotes. L’ambassadeur de France à Washington, Édouard de Pontois, a suivi les événements en observateur attentif, comme il était de son devoir de le faire.

Après l’arrestation d’Hindenlang, l’ambassadeur français demande à son homologue britannique à Washington, Henry Stephen Fox, d’intervenir auprès de Colborne pour que ce dernier traite humainement leur prisonnier.

Le 22 janvier 1839, Hindenlang subit son procès devant un conseil de guerre. C’est l’avocat irlandais Lewis Thomas Drummond qui l’assista. Parmi les neuf témoins assignés par la poursuite, il y avait quatre Canadiens, dont le curé de la paroisse Saint-Cyprien, à Napierville, Noël-Laurent Amiot (Amyot?), qui affirma qu’Hindenlang avait traité les Canadiens de lâches après la bataille d’Odelltown.

Inculpé sous quatre chefs d’accusation, le jeune Français est trouvé coupable, mais les juges lui donnent deux jours pour préparer sa défense. Le 24 janvier 1839, Hindenlang invoque deux arguments de droit pour faire invalider son procès: d’abord, on l’avait cité sous le nom d’Hindelang au lieu d’Hindenlang, puis il ne pouvait être jugé que par ses pairs, c’est-à-dire par un jury, puisqu’il était dans un pays de droit criminel anglais. Les deux points de droit sont rejetés. Il fait ensuite un discours où il affirme que le seul tort qu’il avait eu était de ne pas avoir réussi. Cette fois-ci il n’accable pas les chefs patriotes.

Charles Hindenlang est condamné à mort. Le surlendemain, il écrit une longue lettre au gouverneur Colborne pour lui rappeler que des Britanniques avaient eu la même conduite en Espagne et que, pourtant, ils avaient été considérés comme prisonniers de guerre et non exécutés comme rebelles. Dans cette lettre, il fustigeait encore la conduite de Robert Nelson.

Le 15 février 1839, à neuf heures du matin, Charles Hindenlang monte bravement à l’échafaud, assisté du docteur John Bethune, recteur de la Christ Church, à Montréal. Il fait un petit discours et crie Vive la liberté! Hindenlang avait rédigé ce discours en plusieurs exemplaires à partir de six heures du matin, afin que les autres prisonniers le copient et le fassent circuler. Sur l’échafaud, il plaisanta jusqu’au dernier moment et encouragea ses camarades de combat.

Selon l’historien Mason Wade Hindenlang avait été condamné à mort parce qu’il avait refusé de donner des informations à l’État pour avoir la vie sauve. La postérité a voulu garder un bon souvenir de sa mort courageuse à côté de Chevalier de Lorimier, d’Aimable Daunais, de François Nicolas et de Pierre-Rémi Narbonne.

monument aux patriotes

Monument aux Patriotes devant l’ancienne prison d’Au Pied-du-Courant. Photo : © GrandQuebec.com.

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