Biographie de Bernard Landry
Son enfance, ses études et le début de sa carrière
Joseph Eugène Jean-Bernard Landry est né le 9 mars 1937 à Saint-Jacques, dans la MRC de Montcalm, berceau acadien de la région de Lanaudière. Les ancêtres Landry font d’ailleurs partie des premiers colons acadiens à s’installer dans cette région durant les années 1770, soit après des années d’exil forcé à Boston à la suite de la déportation des Acadiens (1755).
Comme plusieurs garçons de son époque, le jeune Jean-Bernard est scolarisé dans des établissements d’enseignement où une communauté religieuse de frères assure l’éducation des enfants : d’abord l’Académie Saint-Louis-de-France dirigée par les Frères de Saint-Gabriel ; ensuite le Séminaire de Joliette dirigé par les Clercs de Saint-Viateur. Durant ces années d’école, il développe une passion pour la culture, les beaux-arts et l’histoire, ainsi que pour les langues, dont le français, qu’il défendra toute sa vie, et le latin, qui deviendra en quelque sorte sa marque de commerce.
En 1959, devenu un jeune adulte, il entreprend des études en médecine à l’Université de Montréal, avant de s’orienter l’année suivante vers le droit. À l’automne 1960, il rencontre celle qui deviendra la mère de ses trois enfants, Lorraine Laporte, avec qui il se marie en 1963.
Durant sa troisième année d’études de droit (1962-1963), Bernard Landry occupe la présidence de l’Ageum, dont il contribue alors à redéfinir complètement le rôle et le mandat afin de défendre au mieux les intérêts des étudiants. Parmi ses revendications, l’AGEM, à cette époque, réclama la création d’un ministère de l’Éducation (1964) et la localisation de l’Université de Montréal (1967).
Remarqué par René Lévesque, alors ministre des Richesses naturelles sous le gouvernement Lesage, Bernard Landry fait son entrée dans la fonction publique en 1964. Il occupe tour à tour, ou ministère des Ressoruces naturelles, le poste d’attaché politique, celui de conseiller technique, puis, en 1966, sous le premier gouvernement Johnson, celui d’adjoint ou directeur général de la planification. À son retour de France, en 1967, avec en poche un diplôme en économie en en finances de l’Institut d’études politiques de Paris, il devient changé de mission au cabinet du ministre de l’Éducation.
De 1969 à 1976, il pratique le droit à Montréal et à Joliette.
Le député lavallois et le gouvernement Lévesque
Sur le territoire de Laval, le 15 novembre 1976, Bernard Landy est élu député pour la première fois dans la circonscription de Fabre. Alors âgé de 29 ans, il fait partie des 71 députés qui forment le premier gouvernement de René Lévesque. Il accède au cabinet Lévesque comme ministre d’État au Développement économique, poste qu’il occupe jusqu’en 1982, et de ministre responsable de la région de Laval. Lors de ce mandat, il se fait l’apôtre de l’émancipation économique du Québec.
Parmi ses réalisations les plus remarquables de l’époque s’inscrivent le programme Opération Solidarité économique (OSE), qui permet la création de quelque 9 000 emplois, et le Sommet économique de La Malbaie, qui regroupe politiciens, patrons, syndicalistes, représentants des milieux coopératifs et agriculteurs avec l’objectif d’établir une politique économique. Mais la contribution la plus marquante de Bernard Landry, durant cette période de l’histoire du Québec, est sans conteste la publication, en septembre 1979, du document Bâtir le Québec.
Malgré la défaite référendaire (1980), le gouvernement Lévesque est réélu en avril 1981. Bernard Landry occupe alors le siège de la circonscription de Laval-des-Rapides. Un an plus tard, il publie la suite de Bâtir le Québec : Le Virage technologique, un ouvrage dans lequel il explique non seulement sa stratégie de développement des marchés d’exportation, mais aussi la nécessité d’implanter des mesures favorisant l’investissement dans les nouvelles technologies.
Sous son impulsion, on crée en 1980 l’Office québécois du commerce extérieur, qui devient, en 1983, le ministère du Commerce extérieur. Dès sa création, et jusqu’en 1985, ce nouveau ministère est sous la gouverne de Bernard Landry, qui met sur pied le programme APEX pour promouvoir les exportations et encourager les entreprises québécoises à se faire connaître à l’étranger. En 1984, Bernard Landry devient également ministre des Relations Internationales. Cette nouvelle fonction lui permet notamment de faciliter l’implantation et le développement, au Québec, d’entreprises qui se spécialisent dans les nouvelles technologies et qui mettent l’accent sur la recherche et sur l’innovation. À la fin des années 1980, la création à Laval du Parc scientifique et de haute technologie, un lieu de savoir axé sur les sciences de la vie qui devient, en 2001, la Cité de la Biotech, donne la mesure de l’exceptionnel talent visionnaire de Bernard Landry.
Sa vie politique et son rôle de premier ministre
De 1989 à 1994, Bernard Landy assume la vice-présidence du Parti québécois. En 1994, élu cette fois comme député dans Verchères, il revient à l’Assemblée nationale. Jacques Parizeau le nomme alors vice-premier ministre et ministre des Affaires internationales, de l’Immigration et des Communautés culturelles. Au lendemain du référendum du 30 octobre 1995, Lucien Bouchard, alors chef du gouvernement, confie à Bernard Landry les rênes du ministère des Finances. S’ajoutent aussi à ces responsabilités le ministre de l’Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie ainsi que le ministère du Revenu. Le 15 décembre 1998, Bernard Landry hérite également de la présidence du Comité ministériel de l’emploi et du développement économique.
Durant cette période, toujours convaincu du potentiel économique du Québec, il déploie sa stratégie de développement économique, en fait une priorité gouvernementale. Ainsi, Bernard Landry se fait l’artisan d’un virage technologique et d’une nouvelle économie en employant les moyens nécessaires pour y parvenir : mise en place de mesures fiscales incitatives ; application d’une réduction des taxes sur la masse salaire pour la création d’emplois ; instauration du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie ; fondation de la société d’État Investissement Québec.
À Montréal, ces mesures audacieuses favorisent la venue d’Ubisoft ainsi que la création de la Cité du multimédia et de la Cité du commerce électronique. À Laval, elles permettent à la ville de se tailelr une place de choix dans le secteur de la santé et de l’agroalimentaire, notamment avec le Centre de développement des biotechnologies et la Cité de la Biotech.
L’héritage précieux légué par Bernard Landry, à cette époque, c’est aussi la stratégie Vers le plein emploi, qui mise autant sur le développement des exportations que sur le développement régional, incluant le tourisme.
Le 8 mars 2001, Bernard Landry succède à Lucien Bouchard en tant que premier ministre du Québec. En 2003, après la défaite du Parti québécois aux élections provinciales, il devient alors le chef de l’opposition. Il se retire de la vie politique le 6 juin 2005.
Après la politique, le retour à l’enseignement
Fin politicien, Bernard Landry est aussi grand orateur et pédagogue. En plus d’embrasser la carrière politique, il mène une carrière universitaire. À la suite de sa défaite, le 2 décembre 1985, dans Laval-des-Rapides, il devient professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), où il enseigne l’économie politique internationale jusqu’à son retourne en politique active, en 1994.
Comme il ne fait pas dans demi-mesure, Bernard Landry s’implique activement dans la vie uqamienne. L’Université lui doit d’ailleurs la Chaire de recherche Philippe-Pariseault de formation en mondialisation des marchés de l’agroalimentaire, dont il est le fondateur et le premier titulaire. Il contribue également au succès et au rayonnement de la Chaire Raoul-Danduran en études stratégiques et diplomatiques en tant que chercheur associé.
Le 20 novembre 2002, Bernard Landy décrète que la Journée nationale des patriotes remplacera désormais la f^te de Dollard.
Après son retrait de la vie politique, en 2005, il reprend le chemin de l’enseignement et accepte les nombreuses invitations qui lui permettent de partager son expérience et ses connaissances avec la communauté étudiante. Se sentant investi du devoir de transmettre son savoir d’économiste aux jeunes générations et au grand public, il n’hésite pas à offrir des cours ouverts à tous.
Il donne son dernier cours en avril 2018.
De nombreux prix et honneurs rendent hommage à Bernard Landry, qui reçoit l’Ordre bavarois du Mérite en 1999 et l’insigne du plus haut grade (Grand-Croix) de l’Ordre de la Pléiade en 2002. La France le fait commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur en 2004 et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Patriote de l’année 2006. En 2008, il obtient le rang de grand officier de l’Ordre national du Québec et se voit également remettre le prix Pierre-Bourgault.
Bernard Landry est décédé le 6 novembre 2018, il avait 81 ans.
En 2019, le comité exécutif de la Ville de Laval, sur recommandation du comité de toponymie de la Ville de Laval, décide de renommer le parc des Prairies en l’honneur de feu monsieur Bernard Landry. Ce changement de nom vise à souligner la carrière politique de l’homme d’État élu député pour la première fois dans la circonscription électorale de Fabre, à Laval, en 1976, sous le gouvernement Lévesque. Le 20 mai 2019, Journée nationale des patriotes, la Ville de Laval officialise la nouvelle dénomination : le parc Bernard-Landry.
Voir aussi :
