
Biographie de Benjamin Sulte
Benjamin Sulte, baptisé Olivier-Benjamin Vadeboncœur, est un écrivain, historien et journaliste québécois.
Il naît le 17 septembre 1841 à Trois-Rivières, fils de Benjamin Sulte, dit Vadeboncœur, et de Marie-Antoinette Lefebvre. Son ancêtre, Jean Sulte, dit Vadeboncœur, sellier et cordonnier, serait arrivé en Nouvelle-France avec les troupes de Montcalm.
Benjamin Sulte commence son instruction chez les Frères des écoles chrétiennes à Trois-Rivières, mais la mort tragique de son père, survenue en octobre 1847, lors d’un naufrage près de la côte de la Gaspésie, l’oblige à quitter l’école vers l’âge de dix ans pour subvenir aux besoins de sa famille.
Autodidacte, Sulte consacre ses temps libres à la lecture et à l’étude. En 1861, au moment de l’affaire du Trent, il s’engage dans la milice. Il sollicite ensuite son admission à l’école militaire de Québec, où il aurait obtenu son brevet de capitaine de la milice. En 1866, après avoir un moment repris le service actif à l’occasion de la campagne contre les féniens, il remplace Elzéar Gérin à la rédaction du Canada, journal conservateur d’Ottawa. En 1867, il devient traducteur à la Chambre des communes et dès 1870, il prend la direction de la correspondance du département de la Défense.
Le mariage de Sulte avec Augustine Parent l’introduit au sein d’une société de gens de lettres où se retrouvent son beau-père, Étienne Parent, célèbre journaliste, alors sous-secrétaire d’État, et ses beaux-frères, l’écrivain Antoine Gérin-Lajoie et le journaliste Évariste Gélinas.
Benjamin Sulte commence à signer des poèmes et des chansons dans divers journaux vers 1860. Ses publications se succèdent à un rythme effréné : les Laurentiennes : poésies (1869), Histoire de la ville des Trois-Rivières et de ses environs (1870), Mélanges d’histoire et de littérature (1876), Chants nouveaux (1880), et plusieurs autres.
Son œuvre principale, Histoire des Canadiens-français, 1608–1880 : origine, histoire, religion, guerres, découvertes, colonisation, coutumes, vie domestique, sociale et politique, développement, avenir, est publiée à Montréal en huit volumes entre 1882 et 1884. Influencé par le courant réaliste, Sulte adopte une position critique à l’égard de ses sources et ne conforte pas l’opinion alors reçue de ses devanciers, qui exaltent le rôle des communautés religieuses sous le Régime français.
L’auteur adopte un point de vue différent de ses prédécesseurs et s’intéresse aux conditions de vie des gens du peuple, orientation que traduit bien le titre de l’ouvrage. Son histoire soulève bien des polémiques, justement en raison de l’image peu flatteuse que l’auteur donne des jésuites et du premier évêque de Québec, Mgr François de Laval. Sulte acquiert ainsi une réputation d’historien aux idées libérales.
Les critiques n’empêchent pas Sulte de continuer à afficher ouvertement ses convictions. En 1902, il prend à partie Octave Crémazie dans ses articles « Le Mahomet des patriotes manqués », et « La petite religion des Vive la France ». Son franc-parler heurte les sentiments de plusieurs de ses contemporains qui glorifient la mémoire du poète national. Un tollé de protestations s’élève et c’est de justesse que Benjamin Sulte n’est pas exclu de l’Institut canadien-français d’Ottawa. Sa violente sortie éveille les vieilles rancœurs et, sous la plume de ses détracteurs, il devient « l’insulteur de la France, le traître à sa race et le dénigreur de nos gloires nationales ».
En 1912, il se sépare de sa femme. Il vit ensuite avec sa sœur Émilie, qui l’a rejoint à Ottawa. La cohabitation ne se fait pas sans heurts et, à la fin de l’année 1920, il doit se loger dans une chambre de l’hôtel Albion. La solitude et les problèmes de santé le minent. En février 1922, il est recueilli par son neveu, Paul-E. Parent, chez qui il restera jusqu’à sa mort, survenue le 6 août 1923, à Ottawa.
Benjamin Sulte est l’auteur le plus prolifique de son temps avec environ 3 500 articles rédigés. Il a été membre de l’Institut canadien-français d’Ottawa, du Cercle des dix à Ottawa, de la Société historique de Montréal, de la Société royale du Canada. En 1916, l’Université de Toronto lui a décerné un doctorat honoris causa en droit.

Benjamin Sulte, portrait de 1889 par Archambault.

Monument aux personnages illustres de Trois-Rivières, dont le buste de Benjamin Sulte. Photo : GrandQuebec.com.
Voir aussi :
Facebook
Twitter
RSS