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Laberge, Albert

Laberge, Albert

Biographie d’Albert Laberge

Albert Laberge naît à Beauharnois, le 18 février 1871, dans une famille de cultivateurs.

Il fait ses études primaires à l’école Saint-Clément et il se rend au Collège Sainte-Marie de Montréal pour y poursuivre ses études secondaires, mais il est renvoyé de l’école en 1892 pour avoir lu des auteurs mis à l’index (Baudelaire et Verlaine, entre autres, interdits par l’Église). Il travaille par la suite dans le cabinet d’avocats Maréchal et Mackay Montréal.

Laberge poursuivit ses études en cours privés chez Leblond de Brumath. Il devient chroniqueur sportif pour le quotidien La Presse. Il devient rédacteur sportif du journal, poste qu’il occupera jusqu’en 1932, à l’âge de 61 ans.

Après la publication de quelques récits, Albert Laberge entreprend, en 1903, la publication, sous forme de feuilleton de son roman La Scouine dans divers périodiques.

En 1909, l’écrivain devient membre de l’École littéraire de Montréal. La même année monseigneur Bruchêsi, archevêque de Montréal, condamne le roman. La Scouine n’est édité en entier qu’en 1918 à compte d’auteur et dans un tirage de 60 exemplaires.

La Scouine, c’est une triste histoire de la famille Deschamps qui s’articule principalement autour de Paulima, l’une des filles Deschamps, une jeune femme cruelle et sadique. Elle porte le sobriquet peu flatteur de La Scouine qu’elle doit à la forte odeur d’urine qu’elle dégage. Le portrait sinistre, dans lequel l’écrivain inclut un épisode de jouissance solitaire, méritera à Laberge une vive réprobation de l’Église.

Passé dans l’oubli, l’auteur est ignoré et ne connaîtra la renommée qu’au soir de sa vie comme le fondateur du roman anti-terroir.

Albert Laberge a été le premier écrivain réaliste canadien-français et c’est La Scouine, son unique roman, qui lui mérite une place dans la littérature québécoise et canadienne.

Il représente les paysans comme des êtres ignares et méprisables, responsables de leur propre ruine. Leur vie, selon Laberge, est pleine de cruauté et de misère, et cette représentation est opposée à roman du terroir, fort présent dans la littérature québécoise depuis les années 1840 et qui vante les mérites de la campagne.

Camille Roy, le plus grand critique littéraire québécois de la première moitié du XXe siècle qualifie Laberge de père de la pornographie au Canada (Mgr Bruchêsi lui aussi qualifiera le texte de La Scouine d’ignoble pornographie).

Albert Laberge est redécouvert dans les années 1950 par Gilles Marcotte, mais el meurt le 4 avril 1960. À la fin de sa vie, Laberge surprend avec des textes empreints de nostalgie dédiés à la campagne de Châteauguay dans un recueil de contes à saveur autobiographique, Hymnes à la terre.

La critique littéraire de la Révolution tranquille le vantera comme un des meilleurs romanciers canadiens et lui désignera une place parmi les auteurs classiques de la littérature québécoise. Dans son livre Histoire de la littérature canadienne-française, paru en 1960, Gérard Tougas reconnaît à Laberge un rôle de précurseur: «L’importance de ce roman est indiscutable; il est le premier exemple d’un réalisme intégral, accordé à la rude existence de l’habitant».

En 1988, un film sur la vie de Albert Laberge, Lamento pour un homme de lettres est tourné par Pierre Jutras. Le rôle de Laberge est interprété par Gilbert Sicotte.

D’autres écrivains suivront la voie de Laberge : Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, en 1933; Trente arpents de Ringuet, en 1938; Le Survenant de Germaine Guèvremont, 1945.

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Albert Laberge en 1910. Photo du domaine public.

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