Langstaff, Annie

Biographie d’Annie Langstaff

Annie Langstaff, née MacDonald, est restée dans l’histoire du Québec comme une féministe infatigable qui a combattu pendant de longues années pour le droit des femmes de devenir avocates.

Née à Alexandria, en Ontario, elle décide de devenir juriste. Elle étudie à la faculté de professions de l’Université McGill, où elle se spécialise en droit. En 1914, Annie obtient son diplôme (avec grande distinction, par ailleurs) et devient ainsi la première femme diplômée en droit au Québec.

Logiquement, elle veut obtenir la permission de passer les examens d’admission au Barreau du Québec, mais l’ordre professionnel qui regroupe les avocats de la province, refuse sa demande, présentée en 1914. Cette décision est prise par le Conseil général du barreau et confirmée par la Bureau des examinateurs qui sont d’avis que seule une révision de la loi par le Parlement québécois pourrait lever les doutes relatifs à l’admission des femmes au Barreau.

La jeune juriste entreprend alors une longue lutte pour les droits des femmes d’exercer la profession et ce litige avec le Barreau du Québec et avec tout le système judiciaire, la rend célèbre, parce qu’elle n’abandonne pas ses efforts et soumet son cas à la Cour supérieure de la province de Québec. Elle est représentée par Me Samuel William Jacobs et la cause est entendue devant la Cour supérieure en janvier 1915.

Le 12 février 1915, le juge H.-C. St-Pierre rejette sa demande. Le président du tribunal retient les arguments du barreau, c’est-à-dire, donné que la loi d’incorporation du Barreau de 1849 n’inclut pas les femmes, seul le parlement pourrait la modifier. La Cour du banc du roi confirme la décision l’année suivante. La cour statue également qu’un tel amendement, s’il venait à être adopté, devrait respecter les dispositions du code obligeant les femmes en pareil cas à obtenir le consentement de leur mari.

La cause est alors déposée devant la Cour d’appel à Montréal, le 2 novembre 1915, à la majorité et non à l’unanimité. Quatre des cinq juges qui y siègent rejettent la requête d’Annie Langstaff. La dissidence du juge Joseph Lavergne toutefois revêt une importance considérable en faisant la démonstration qu’une personne en autorité peut se prononcer en faveur de l’admission des femmes au barreau.

La cause devient désormais politique et c’est au parlement de Québec que se jouera l’avenir des femmes de profession jusqu’en avril 1941.

Déboutée, Annie Langstaff commence à travailler à Montréal en tant que représentante para-juridique au sein du cabinet de Samuel W. Jacobs avec qui elle a fait son stage et qui appuie et défend sa demande. Sa cause devient politique et l’Assemblée législative écoutera le cas à six reprises.

Annie Langstaff continue à lutter pour que les femmes puissent pratiquer le droit au Québec jusqu’à ce qu’elle gagne sa cause en 1942. Elle ne sera cependant admise au Barreau du Québec que 30 ans après sa mort.

Dans les années 1920-1950, Annie Langstaff rédige plusieurs articles en droit de famille pour aider les femmes québécoises à se défendre en matière de justice.  Ces écrits sont publiés dans des revues féminines à grand tirage. En 1937, elle fait paraitre  un dictionnaire de droit bilingue, anglais-français et français-anglais.

Elle a travaillé comme conseillère para-juridique pour le sénateur Lazarus Phillips, l’un des fondateurs de l’étude Jacobs, Couture and Fitch (devenue l’étude Davies Ward Phillips and Vineberg) de Montréal.

Annie Langstaff est décédée le 29 juin 1975, à Montréal. C’est le 14 juin 2006 que le Barreau du Québec la reconnait à l’unanimité membre de cet ordre à titre honorifique et lui octroie la Médaille du Barreau pour ses mérites, pour son courage et sa détermination à exercer la profession d’avocate, ainsi que pour souligner son rôle précurseur dans la reconnaissance du droit des femmes à exercer la profession d’avocat.

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Annie MacDonald Langstaff. Photo des années 1920, du domaine public.

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