Origine des toponymes Gaspé et Gaspésie et leur utilisation
Au fond d’une baie célèbre, la baie de Gaspé, et à la pointe de la péninsule gaspésienne, se miche la ville de Gaspé au passé si glorieux, où Jacques Cartier planta une croix lors de son premier voyage en 1534, événement que rappelle un monument commémoratif composé de six stèles de fonte. La peuplade que le découvreur rencontre alors dénommait ce territoire Honguedo, toponyme que des études récentes remonter à un mot micmac ayant pour sens « lieu de rassemblement ». quant au nom de Gaspé, il a suscité quelques hypothèses. Selon certains, il aurait attribué au XVI siècle par des pêcheurs basques espagnols qui voulaient rappeler une ville du royaume d’Aragon, mais cette théorie recueille peu de crédit. Il faudrait y voir, selon Miren Egana Goya, un emprunt au basque « geizpe, kerizpe », abri, lieu de refuge. D’autres croient que le prénom de l’explorateur portugais Gaspar de Corte-Real, qui a exploré le Labrador en 1500, aurait été déformé en Gaspé. La version la plus répandue demeure sans doute celle du père Pacifique reposant sur la transposition française du micmac « gespeg », bout, fin, extrémité, allusion à la fin des terres, au finistère (finis terrae). L’appellation de Gaspay, qui a été utilisée à la fin du XVIe siècle par l’Anglais Richard Hakluyt dans sa traduction de la Cosmographie de Jean Alfonse (1584-1544), publiée en 1600, devint courante au début du XVIIe siècle et a suscité maintes variantes graphiques comme Gachepé, Gachepay, Gaschepay, Gaspey, Gaspay, etc.
Sur un plan administratif, les Gaspésiens ont connu certaines modifications statuaires à leur ville. D’abord érigée comme municipalité de village en 1855, statut confirmé en 1874, Gaspé devient une ville en 1959. Mais c’est en 1971 qui survient la plus importante transformation alors que la ville de Gaspé (1959) voit son territoire considérablement augmenté par la fusion des municipalités de Baie-de-Gaspé-Sud (1855) York (1866), L’Anse-aux-Griffons (1870), Saint-Alban-du-Cap-des-Rosiers (1896), Saint-Maurice (1923), Rivière-au-Renard (1933), Grande-Grève (1944), Haldimand (1953) et Saint-Majorique (1966).
Du côté religieux, l’Église anglicane est bien représentée avec l’établissement de la St.Paul’s Anglican Church (1819), la St. John’s Anglican Church (1840), la St. James Anglican Church (1845), suivies de la Trinity United Church (1867). Pour les catholiques, la mission de Saint-Albert-de-Gaspé était ouverte en 1845 et devenait paroisse en 1875. Ville portuaire importante, Gaspé est florissante tant sur le plan commercial et administratif et conjugue harmonieusement l’histoire et la modernité, grâce à la croix de Cartier et à sa cathédrale de bois. On y retrouve plusieurs activités axées sur la pêche et un pisciculture provinciale de saumons. Gaspé est, de plus, le siège de la municipalité régionale de comté de la Côte-de-Gaspé.
Parc de la Gaspésie
La première législation visant à assurer une certaine protection de la forêt et de la faune de la Gaspésie remonte à 1905 alors qu’était établie la « réserve de forêt, de chasse et de pêche dans la Gaspésie ». On dut cependant attendre jusqu’en 1937 pour obtenir une véritable législation de conservation de l’ensemble des ressources naturelles du milieu alors que fut créé le parc national de la Gaspésie.
Par cette législation, on assurait notamment la protection des sites du mont Albert et du mont de la Table, la conservation du saumon de la rivière Sainte-Anne et la survie du caribou des hauts plateaux. Cette loi interdisait la coupe des arbres, la cueillette des plantes, la chasse et même la prospection et l’exploitation minières dans le porc.
Délesté de quelques-uns de ces objectifs au cours des années par des amendements législatifs rétablissant l’exploitation forestière et minière, le territoire est redevenu un véritable parc de conservation en 1981.
Le parc de la Gaspésie, d’une superficie de 802 km carrés, se divise en trois grandes unités physiographiques : les monts Chic-Chocs, les monts McGerrigle et la vallée de la rivière Sainte-Anne. Cet ensemble offre aux visiteurs des paysages grandioses : des sommets culminant à plus de 1000 m, donc parmi les plus élevés de l’Est du Canada, de hauts plateaux découvertes dont la flore et la végétation son à peu près semblables à celles que l’on rencontre au-delà du 60e parallèle et où on peut encore observer une harde de caribous.
Le relief tourmenté du parc offre à la vue des excursionnistes des ravins profonds dont les lits demeurent enneigés sur presque dix mois, des parois abruptes d’où tombent de fines cascatelles. Ces lieux attirent les scientifiques depuis plusieurs générations. Des dizaines de biologistes, botanistes, géologues, géographes et écologistes ont suivi les traces de Wiliam Logan et d’Alexander Murray à qui on doit les premières désignations des principaux sommets du secteur, dans les années 1844 et 1845. Plus jeune mais tout aussi présent dans le paysage, Le Gîte-du-Mont-Albert constitue, avec l’hébergement et la gastronomie qu’il offre, un refuge de choix dans cette « mer de montagnes » comme on se plaît à qualifier le parc de la Gaspésie.
Cap Gaspé
Le cap Gaspé se situe à la pointe de la presqu’île de Forillon, longue d’une dizaine de kilomètres et large d’au-moins 1 km. Très abrupt du côté nord, le cap Gaspé, qui s’élève à 91 mètres, est accessible du côté sud par une étroite route de gravier. Dès 1625, Champlain, en parlant du cap de Gaspey, signale la présence d’un petit rocher à une lieue (5 km) plus loin, que l’on nomme Le Forillon.
Or, c’est probablement la présence rapprochée de ces deux toponymes qui explique que le cap Gaspé ait été identifié par Cap Forillon dès la fin du XVIIe siècle par Nicolas Denys (1672), Le Forillon sur une carte de Jean Deshayes levée en 1686 et publiée en 1695 et Cap Forillon sur une carte de Lange en 1775. On retrouve même, sur une carte anonyme dessinée vers 1760, le toponyme Old Woman à la place du nom de lieu identifiant le cap.
La forme officielle du toponyme qui ignore la particule, alors qu’elle est présente sous la plume de Champlain en 1625 et sur plusieurs cartes du Régime français, doit avoir été inspirée de la carte des comtés de Bonaventure et de Gaspé publiée en 1924 par le ministère des Terres et Forêts et précédée par des cartes d’inspiration anglaise, comme celle de Carver (1776) qui mentionne « Cap Gaspe ».
Région administrative de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Utilisé dès 1691 par le récollet Chrestien Le Clercq, alors missionnaire chez les Micmacs, le toponyme Gaspésie a fini par s’appliquer à l’ensemble de la vaste péninsule située entre l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, délimité, au sud, par la baie des Chaleurs et, à l’ouest, par la vallée de la Matapédia et l’exe qui la prolonge jusque vers Mont-Joli.
Cette délimitation traditionnelle correspond à celle que l’on reconnaît encore pour la région touristique de la Gaspésie. La région administrative, dont les limites ont été plusieurs fois remanies, commence quant à elle plus à l’est, à Capucins ; surtout, elle comprend depuis 1987 les îles de la Madeleine, archipel situé fort loin des côtes, presque au centre du golfe du Saint-Laurent.
La partie continentale de la région administrative regroupe les MRC de la Haute-Gaspésie, de La Côte-de-Gaspé, de Pabok, de Bonaventure et d’Avignon. La plupart des villages et des petites villes se situent le long de la côte. La pêche et le tourisme y sont les sources principales de revenus avec l’exploitation forestière et quelques industries dérivées. Le cuivre est exploité à Murdochville, l’une des rares agglomérations de l’intérieur de la péninsule. Gaspé, principale ville, est la capitale de cette région qui s’étend sur 21 096 kilomètres carrés. Forillon, Percé et Miguasha sont des sites particulièrement célèbres des zones littorales tandis que l’intérieur renferme de nombreux parcs et réserves où se retrouvent les Chic-Chocs et quelques-uns des plus importants sommets du Québec méridional.. Quant aux Îles-de-la-Madeleine, l’économie y repose essentiellement sur la pêche, le tourisme et l’exploitation d’un gisement de sel.
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