La chasse et la pêche dans la Vallée de la Matapédia : Histoire des clubs privés
La giboyeuse forêt de la Vallée de la Matapédia a toujours été une des sources les plus importantes de nourriture et de fourrure pour les Matapédiens. La chasse et la pêche pratiquées depuis des siècles par les Amérindiens seront des moyens de subsistance pour les colons. Cependant, ces derniers n’ayant aucune limite de captures passeront près d’exterminer certaines espèces comme le caribou.
Un des deux premiers gardes-chasses nommés officiellement par le gouvernement du Québec en 1867, Alfred Blais, s’installe à Causapscal en 1879. Seul pour lutter contre le braconnage sur le vaste territoire de la Gaspésie, il ne pourra faire appliquer convenablement les lois de la cynégétique qui commencent à peine à être élaborées, telle celle de 1883, imposant aux chasseurs une limite de deux orignaux, de trois chevreuils et de deux caribous par saison de chasse.
Bien qu’intéressante dans cette partie du Québec, la chasse n’est cependant pas ce qui attire les riches « sportsmen » étrangers dans la Vallée-de-la-Matapédia à la fin du XIXe siècle. La pêche sportive, surtout au saumon, mais aussi à la truite, fait rapidement la renommée de la région. De nombreux clubs privés réservés à l’élite américaine et canadienne-anglaise s’établiront le long de la rivière Matapédia et posséderont les droits de pêche sur son cours et sur celui de ses affluents, excluant ainsi la population locale de cette ressource.
La question des clubs privés qui amènera les habitants de la Vallée à se révolter dans les années 1960 est, à l’époque, la meilleure solution trouvée par l’État québécois pour mettre un frein à la pêche illégale puisqu’il n’a pas encore les moyens de le faire et qu’il est déjà préoccupé par la baisse du nombre de captures de saumons dans les rivières de la péninsule gaspésienne. En effet, les détenteurs de droits de pêche (sous forme de bail) ont l’obligation de défrayer les coûts d’un ou de plusieurs gardiens sur leur territoire pour empêcher le braconnage.
Le premier de ces clubs dans la Vallée-de-la-Matapédia fut celui établi en 1873 à Causapscal par George Stephen, un riche et influent homme d’affaires canadien d’origine écossaise. En 1892, George Stephen, devenu lord Mount Stephen, vend son vaste domaine de pêche au Ristigouche Salmon Club fixé à Matapédia depuis 1880 et possédant déjà la presque totalité des droits de pêche sur la rivière Ristigouche.
En 1905, le Ristigouche Salmon Club vend son domaine de pêche de Causapscal au Matamajaw Salmon Club Limited fondé trois ans auparavant par sis hommes d’affaires américains. Ce club étendra ses droits de pêche en 1909 pour détenir l’exclusivité sur toute la rivière Causapscal, sur la rivière Matapédia d’Amqui à la jonction de la rivière Assemetquagan et sur la rivière Humqui. Les luxueux camps de pêche, dont plusieurs sont l’œuvre du célèbre architecte états-unien Standford White, enrichissent alors le paysage de la Vallée.
Bien que les clubs privés contribuent au développement économique des localités où ils sont installés en fournissant de nombreux emplois et en drainant une riche clientèle pour les commerçants de la place, leur présence ne fait pas l’unanimité parmi les résidents de la Vallée notamment à Causapscal où des requêtes pour le libre usage des rivières Matapédia et Causapscal sont envoyées au ministère de la Colonisation, des Mines et de Pêcheries depuis les années 1920. À partir des années 1950, on réalise que l’objectif premier de l’établissement des clubs privés, c’est-à-dire la conservation de la faune, n’est pas atteint. Au contraire, la surveillance c’est relâchée sur les territoires sous bail et les membres de ces clubs n’ayant aucune limite de captures ont fait des pêches abusives.
C’est ainsi qu’entre 1911 et 1928, à eux seuls les membres du Ristigouche Salmon Club ont sorti de la rivière Ristigouche quelque 22 094 saumons. Ce facteur associé à la pêche commerciale, au braconnage, à l’agriculture, à l’activité forestière et à l’arrosage des forêts avec du DDT dans les années 1950 provoquent une baisse dramatique du nombre de saumons dans les rivières gaspésiennes et bas-laurentiennes, nombre qui atteint son creux à la fin des des années 1960.
En 1957, la Vallée-de-la-Matapédia. Innove en créant l’Association de chasse et pêche de la Matapédia qui incite les amateurs de ces sports à s’unir pour exiger le « déclubage » des rivières et des forêts de la région. N’obtenant aucun résultat, les Matapédiens augmentent les moyens de pression dans les années 1960. En 1964, le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche (MTCP) crée la Réserve de pêche de la rivière Matapédia constituée d’un ensemble de zones de pêche de la rivière Matapédia constituée d’un ensemble de zones de pêche sur les rivières Matapédia, Humqui et Assemetquagan. Puis en 1970, un certain nombre de fosses à saumon sur la rivière Matapédia sont ouvertes aux pêcheurs détenteurs d’un permis. Enfin, en 1974, le MTCP acquiert l’ensemble des droits de pêche du Matamaiaw Salmon Club, redonnant ainsi au public l’accès aux rivières à saumon.
Rivière Humqui et lac Humqui
Cette rivière a donné son nom à un canton et à la ville d’Amqui, elle vient se jeter dans la rivière Matapédia, à Amqui. Sur une vingtaine de kilomètres, ce cours d’eau de la MRC de La Matapédia arrose de son fort débit une vallée verdoyante qui a connu à la fin du XIXe siècle une vocation essentiellement forestière, pour ensuite faire place à une agriculture laitière très active. Le lac Humqui, la source de cette rivière, est situé plus à l’ouest, dans le canton de Pinault. Long de 3,2 km, sa largeur est de 1 km ; du côté sud, il reçoit les eaux de la rivière Humqui Ouest. La municipalité de Saint-Zénon-du-Lac-Humqui s’est développé sur ses bords. Le toponyme souche, de langue micmaque, figure pour la première fois en 1870 sur un document cartographique d’Eugène Taché, qui indique le canton d’Humqui et la rivière Humqui.
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