Carleton : origine du nom du canton, de la ville et de la montagne
Canton de Carleton
Proclamé en 1642, sur la rive sud de la péninsule gaspésienne, ce canton, dont le front s’ouvre sur la baie des Chaleurs, comprend les agglomérations de Carleton et de Saint-Omer. Le reste du territoire est inhabité et son relief est marqué par une multitude de ravins que les Gaspésiens appellent des coulées. Le nom a été attribué en mémoire du général Guy Carleton, lord Dorchester (1724-1808). La carte de Vondenvelden/Charland, « A new topographical map of the province of Lower Canada » (1803), signale que ce canton et quelques autres du district de Gaspé ont été tracés au cours de 1786.
Mont Carleton
D’une hauteur de 609 mètres, ce mont s’élève immédiatement au nord du mont Saint-Joseph, dans les limites de la ville de Carleton, en Gaspésie. Avant de porter le nom Carleton, en Gaspésie. Avant de porter le nom Carleton, ce mont était connu sous celui de Tracadigache. James White mentionne à cet égard une montagne nommée Tracadigash dans le neuvième rapport de la Commission de géographie du Canada (1911). Dès 1916, cet auteur, alors secrétaire de la Commission canadienne de conservation, indique Carleton Mount pour désigner cette élévation.
En 1930, la carte topographique intitulée Escumins Sheet présente le nom Carleton Mtn. C’est en 1945 toutefois que les autorités toponymiques adoptent officiellement le nom Carleton pour désigner cet élément du relief, à la faveur de l’installation sur ce mont d’un repère planimétrique. Les noms Tracadigache et Carleton proviennent de la désignantion d’un même établissement côtier : Tracvadièche, devenu Carleton en 1787. En décembre 1755, sept familles acadiennes touchées par la déportation des Acadiens et parties de Beaubassin gagnent la lagune de Carleton ou barachois de Tracadièche.
Selon l’abbé Édouard-Pierre Chouinard, qui l’avait appris de Sam Souk, un chef micmac, le nom Tracadièche signifie endroit où il y a beaucoup de hérons. D’autres auteurs ont vu dans Tracadièche un emprunt à la patrie d’origine des Acadiens, cette fois Tracadie ; il constituerait l’équivalent de Petite-Tracadie.
Il est intéressant de noter que le père Guinard distingue étymologiquement Tracadie et Tracadièche, le premier venant de tlagatig et signifiant « établissement », campement, tandis que le second provient de « tlagatiedche, endroit où il y a des hérons. En ce qui concerne le nom Tracadigache (ou Tracadicache, Tracadigash), le père Pacifique et James White le rattachent tous deux au nom Tracadie pour l’étymologie. Le mont Carleton a été également connu sous le nom de Montagne de la Tour, à cause d’une tour détruite par le feu en 1923. Outre ce mont, le nom Carleton s’applique à une dizaine d’autres entités géographiques de la région.
Ville de Carleton
Les municipalités des cantons de Carleton (1855) et de Carleton-sur-Mer (1927) ont d’abord existé comme entités distinctes avant de fusionner en 1972 pour former la ville de Carleton en Gaspésie. Toutes les appellations ont pour source commune celle du canton de Carleton. Ce nom souligne la mémoire du général Guy Carleton, 1er baron Dorchester (1724-1808), lieutenant-gouverneur de la province nouvellement créée de Québec (1766-1768), sous le gouverneur James Murray, puis gouverneur en chef de cette même province de Québec, de 1768 à 1778 et de 1786 à 1796.
Il fut davantage connu sous le nom de lord Dorchester, le titre de baron lui ayant été octroyé en juillet 1796 pour avoir sauvé Québec lors de l’invasion des Américains l’année précédente. Il s’est surtout signalé à l’attention des Canadiens français par des réformes prudentes et empreintes de justice. Il demeure l’un des Britanniques les plus sympathiques à la cause des Québécois d’alors.
Ville commerciale et touristique magnifiquement située au fond d’une anse et marquée par la présence du mont Saint-Joseph à partir du sommet (558 m) duquel le panorama se révèle exceptionnel entre Maria et Saint-Omer, Carleton a connue une première vague de population dès le XVIIIe siècle. En effet, les premiers Carletonnais furent des Acadiens de Beaubassin qui s’y sont installés dès 1755, fuyant l’ostracisme britannique. Ils ont voulu rappeler leur terre natale en dénommant les lieux Tracadièche (variantes : Tracadigache, Tracadiche, Traquidigash, etc.), c’est-à-dire, Petite-Tracadie, appellation d’origine micmacque ayant pour sens : endroit où il y a beaucoup de hérons, laquelle a eu cours jusqu’en 1787 alors que des Loyalistes américains lui substituèrent Carleton. On retrouve encore aujourd’hui dans la baie d’importantes colonies de hérons bleus.
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