Vallée, Val, glen

Vallée, val, glen en géographie

Vallée

Vallée est l’un des premiers termes du vocabulaire géographique que l’on apprend au primaire. Élément de paysage facile à reconnaître, une vallée forme un creux allongé du relief entre deux versants plus ou moins accentués Grande ou petite, profonde ou non, une vallée est l’œuvre d’érosion d’un cours d’eau ou d’un glacier. Dans le premier cas, on parle d’une vallée en V, et dans le second, d’une vallée en U ou en auge.

Tout le monde connaît une vallée qui lui rappelle des souvenirs ou qui l’appelle à y retourner. L’une des plus fréquentées des Montréalais est la vallée de la rivière du Nord : depuis des millénaires, elle enfonce son sillon sinueux dans le roc des Laurentides. L’ont empruntée le train du Nord si cher au curé Labelle, qui voulait favoriser la colonisation agricole des Pays-d’En-Haute, puis la route 11 (devenue 117) et l’autoroute 15, dite des Laurentides. Ses flancs sont aujourd’hui occupés par des stations de ski, des chalets de villégiature ou des résidences. Cette vallée a largement permis que la région devienne l’un des terrains de jeu favoris des Québécois et même de visiteurs venus de l’étranger.

En Beauce, au sud de Québec, la localité de Vallée-Jonction, sur l’autoroute 73, routes 112 et 175, exprime une double réalité. Il s’agit d’abord d’un croisement ferroviaire au sein de la dépression de la Chaudière. Le toponyme rappellerait également une dame, du nom de Vallée (patronyme prédestiné), dont le bac permettait aux usagers de traverser le cours d’eau. Plus à l’est sur la rive nord, en Gaspésie, sur la route 132, deux villages se voisinent à moins de dix kilomètres de distance : Grande-Vallée et et Petite-Vallée. Le première s’est ancré à l’entrée de la rivière du même nom qui, depuis le lac Abélard, débouche des montagnes de l’intérieur ; le second s’est installé au fond d’une petite anse.

Lieu de naissance en 1896 d’Esdras Minville, économiste, sociologue et ex-directeur de L’École des hautes études commerciales de Montréal, Grande-Vallée a été le premier village-relais du Québec. Il réserve des surprises à ceux qui s’y arrêtent : une plage de sable fin, un pont couvert construit en 1923, une église centenaire sur son cap, de la pêche au grand quai et, sur la grève, le Gisant, étrange rocher qui se dégage à marée basse.

Moins peuplée, Petite-Vallée a célébré son 150e anniversaire en 2008. Depuis 1983, s’y tient le Festival en chanson présentant une centaine d’artiste établis et de la relève, pendant dix jours, à la fin du mois de juin et début du mois de juillet. Y ont été révélés, entre autres, Vincent Vallières, Bernard Adamus, Stéphanie Boulay, Lisa LeBlanc.

Val

Le terme val peut être entendu de diverses façons. Il désigne une vallée étroite ou de petite taille, une vallée aux flancs assez doux ou encore, il prend une valeur assez poétique (pensons au célèbre sonnet d’Arthur Rimbaud, Le dormeur du val).

Dans le premier cas, retenons Val-David et Val-Marin, dans les Laurentides, que desservent la route 117 et l’autoroute 15. Aussi à Val-des-Bois, au bord de la rivière du Lièvre dans l’Outaouais, sur la route 307, à Val-Brillant dans le Témiscouata, sur la route 132, à Val-Joli dans le Centre-du-Québec, sur la route 249, à Val-Paradis en Abitibi, route 393.

À Sainte-Irène-de-Matapédia, près d’Amqui, Val-d’Irène réfère à une dépression en pente douce, drainée par le ruisseau Pearson. Culminant à 685 mètres, le mont Val-d’Irène y accueille une station de ski homonyme d’un dénivelé de 274 mètres, au cœur d’un parc régional du même nom.

Au Lac-Saint-Jean, Val-Jalbert, sur la route 149 est un site historique, un musée à ciel ouvert, au pied de la chute Ouitchouan, où a été aménagé un moulin à pulpe de bois, en 1901. Le village a fermé en 1927. Des bâtiments de l’époque (maisons de bois, bureau de poste, magasin général, etc.) constituent un parc que visitent chaque année des milliers de personnes.
Val-d’Or, sur la route 117 doit son nom aux riches gisements de zinc, de cuivre, de plomb et, bien sûr, du précieux métal que recèle son sous-sol. Longtemps qualifiée de « reine » de la Vallée-de-l’Or, la localité était connue comme le « Klondike » du nord-ouest du Québec. Le Village minier de Bourlamaque, avec ses maisons de pension pour les mineurs, sa cafétéria, son dispensaire et ses belles demeures des dirigeants de la compagnie, fait remonter dans un passé pas si lointain.

Glen

Issu du celtique, le générique anglais « glen » a le même sens qu’en français. Quelques localités l’intègrent à leur nom, comme le hameau de Glen Almond qui fait maintenant partie de L’Ange-Gardien, sur l’autoroute 50, dans l’Outaouais, et le lieu-dit de Glen Lloyd, au nord de Thetford Mines, routes 112 et 267. Le hameau de Glen Sutton (chemin de la Vallée-Missisquoi) est installé dans les Cantons-de-l’Est, à proximité de la frontière du Vermont. Dans les environs, une section des Sentiers de l’Estrie emprunte l’un des versants de la passe de Bolton et présente de belles vues sur la vallée sinueuse ; elle se dirige ensuite vers le mont Glen, de 645 mètres d’altitude en traversant une forêt touchée par le verglas de 1998 avant de se terminer, sur l’autre versant, au camping rustique du ruisseau Ives.

Pour sa part, Val-Saint-François est une municipalité régionale de comté dans les Cantons-de-l’Est, regroupant 22 municipalités dont la principale est Windsor, établie sur la route 143, autoroute 55. Selon la Commission de toponymie du Québec, le « terme val est employé ici avant tout pour des raisons d’élégance toponymique, car aucune vallée d’importance n’y borde la rivière Saint-François ». Ce territoire a fait beaucoup parler de lui entre les années 1998 et 2003, lorsque des citoyens se sont opposés au passage d’une ligne de transport d’électricité à 735 kV, en invoquant leur volonté de préserver la beauté du paysage environnant.

(Extrait du Dictionnaire géographique du Québec par Normand Cazelais, éditions Fides, 2018).

Vallée du Cor

Dans la nature verdoyante des monts McGerrigle, accroché au flanc est du mont Jacques-Cartier, dans le parc nationale de la Gaspésie, la vallée du Cor descend rapidement vers l’est en direction du ruisseau du Vieillard, où elle se confond avec la vallée de ce dernier. La Commission de toponymie a rendu officiel, en 1989, ce nom dont se servait déjà l’administration du parc de conservation. Vallée du Cor est une appellation qui exprime l’univers poétique et sonore de la nature en région de montagne, où le vent qui s’engouffre dans les vallées, les couloirs et les canyons devient parfois audible, comme une musique qui surgirait d’un cor minéral.

Voir aussi :

Cette superbe voûte étoilée, sous laquelle nous revînmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. (Denis Diderot Supplément au voyage de Bougainville). Photographie d'une vallée par Megan Jorgensen.
Cette superbe voûte étoilée, sous laquelle nous revînmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. (Denis Diderot Supplément au voyage de Bougainville). Photographie d’une vallée par Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire