Vallée de L’Anse-au-Griffon

La vallée de L’Anse-au-Griffon

La vallée de L’Anse-au-Griffon traverse le Parc national du Canada Forillon du nord-est en direction du sud-ouest.

Encaissée dans l’Épine de Forillon, bande montagneuse qui prolonge le versant nord-est de la baie de Gaspé, la vallée de L’Anse-au-Griffon est traversée par la rivière Griffon, alimentée par plusieurs ruisseaux et longue de treize kilomètres de long.

La vallée jouit d’un couvert forestier assez dense et la flore y est très diversifiée : Des peuplements de bois francs occupent le terrain plat qui longe la rivière Griffon. Des érablières y sont présentes et des bouleaux blancs et jaunes forment d’éventuelles réserves de bois de chauffage. L’ensemble de la forêt est dominé par des résineux, épinettes et sapins, et une pinière importante existait aux premiers temps de la colonisation. Un relief relativement plat abrite plus de 4 536 acres de terres cultivables dotées d’un climat sans grands écarts.  La route du Portage traverse la vallée de part en part, reliant le village de pêcheurs à la baie de Gaspé.

Cette vaste vallée a été occupée par l’homme d’environ 1850 au début des années 1970. Au moment de l’ouverture de la vallée de L’Anse-au-Griffon à la colonisation, le député du comté, John Le Boutillier, propriétaire d’un établissement de pêche au village de L’Anse-au-Griffon, organise l’arpentage du comté. Son gendre, Louis Painchaud, agent des terres pour le gouvernement, finalise la confection du cadastre en 1850. Les lots sont circonscrits alors dans une division cantonale et partagés en rectangles taillés perpendiculairement à la rivière Griffon, sorte de mélange du système seigneurial français et des townships anglais.La division des terres est complétée dans les années 1851 à 1855 par l’ouverture d’une route capable de laisser passer des charrettes à cheval.

Dès que le tracé routier est achevé en 1855, quarante-cinq titres fonciers sont accordés, 14 maisons sont construites et les lots sont presque tous vendus avant la fin du siècle.

Au cours des cent années de l’occupation humaine qu’a connue la vallée, près d’une vingtaine de moulins ou d’installations de sciage voient le jour. L’un d’eux, celui d’Eddy Chouinard, demeure même en opération pendant un peu plus de cinquante ans. Quand des moulins de pâte à papier ouvrent leurs portes à Gaspé, les fermiers de la vallée se tournent alors vers le bois de pulpe et vendent également à la compagnie Robin de L’Anse-au-Griffon et de Rivière-au-Renard. Certaines années, entre 1950 et 1960, la firme jersiaise empile de 500 à 1 000 cordes de bois avant de l’expédier au moulin de Trois-Rivières à bord des caboteurs de Verreault Navigation.

Les cultures pratiquées par les fermiers de la vallée demeurent les mêmes tout au long de l’occupation du sol, jusqu’en 1970 : pommes de terre, navets, carottes, blé, avoine, orge et foin pour les animaux. Ces agriculteurs élèvent des chevaux pour la ferme et les chantiers ainsi que des vaches, porcs, moutons et volailles pour l’alimentation humaine. La production laitière occupe beaucoup de place. Par exemple, d’après M. Mario Mimeault, un chercheur indépendant, la ferme de la famille English, au centre de la vallée, compte, dans les années 1960, une cinquantaine de vaches.

Toujours d’après M. Mario Mimeault, chercheur indépendant, la vallée de L’Anse-au-Griffon qui tient son nom du fait que l’échancrure qui la constitue débouche sur le village de pêcheurs du même nom se caractérise par un fait unique : alors que les pêcheurs qui ont habité le bord de la mer ont vécu sous la dépendance des compagnies anglo-normandes, les habitants de la vallée ont conservé une totale autonomie. Depuis, cette vallée agro-forestière est redevenue sauvage.

Aujourd’hui, elle connaît un développement spécifique qui la distingue et la démarque du reste de la Gaspésie. En effet, la vallée présente un milieu de vie unique par rapport à son environnement. Il s’agit d’un univers agro-forestier qui distingue et qui démarque ce territoire.

Jersey Cove

Ce hameau de la ville de Gaspé est situé entre les villages de L’Anse-au-Griffon et de Cap-des-Rosiers. Il s’étire le long de la route, sur une falaise escarpée surplombant une longue plage. Un bureau de poste y a été actif sous l’appellation de Jersey Cove de 1895 à 1955. L’usage local et plusieurs cartes ont véhiculé les variantes Anse Jersey, Anse à Jersey et L’Anse-à-Jersey.Les premiers Européens à s’y fixer, au milieu du XIXe siècle, étaient originaires de l’île de Jersey, territoire britannique autrefois français, où la langue française avait été conservée, mais où les gens pratiquaient la religion protestante.

Une bonne partie de la Gaspésie a d’ailleurs été exploitée par des entreprises de pêche jersiaises, à partir de 1764. Parmi les plus importantes de ces sociétés spécialisées dans l’exportation de la morue séchée, trois sont dignes de mention : Charles Robin and Company, John Le Boutillier and Company et Le Boutillier Brothers. La première a été fondée par Charles Robin (1743-1824) à Paspébiac en 1783, la seconde par John Le Boytillier (1797-1872) à Gaspé en 1830 et la troisième par David Le Boutillier (1811-1854) à Paspébiac en 1838, ces deux derniers ayant auparavant acquis de l’expérience dans ce commerce en tant que commis à la Charles Robin and Company.

Bibliographie utilisée :

  • Mimeault, Mario. Historique de l’exploitation agro-forestière de la vallée de L’Anse-au-Griffon. Gaspé, Parcs Canada, 1995.
  • Mimeault, Mario. Esquisse historique de L’Anse-au-Griffon. Gaspé, Parcs Canada, 1995.
Anse au Griffon
Rue L’Anse-au-Griffon. Photographie de GrandQuebec.com.

Lire aussi :

Laisser un commentaire