
Réserve aquatique de la rivière Moisie
Le chemin de la liberté
En février 2003, le gouvernement du Québec annonce officiellement la création de la première réserve aquatique de la province à la rivière Moisie en vertu de la nouvelle Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Les activités industrilles, y compris l’exploitation forestière et minière, ainsi que la production d’énergie sont interdites dans un couloir de conservation de près de 4 000 kilomètres carrés. En vue de protéger la majeur partie du lit de la rivière Moisie, la réserve inclut une portion considérable du bassin versant immédiat, dont les rivières aux Pékans et Carheil, deux affluents qu’Hydro-Québec rêvait de détourner vers le bassin de la Sainte-Marguerite.
C’est que le développement de la centrale SM-3 prévoyait le détournement de ces deux rivières pour accroître la quantité d’énergie stockeé dans le réservoir hydroélectrique. Une commission du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, ayant conclu que le concept ne se justifiait pas sur le plan économique, recommanda de poursuivre les études d’impact, car une dérivation de cet ordre pouvait altérer le débit de la Moisie au point de nyire au saumon. Hydro-Québec ne renonçant pas au fil des études à imposer son point de vue, le gouvernement trancha le débat en faveur de la protection des deux affluents.
La création de la réserve aquatique reçut l’appui général de la population et celui des plus fervents admirateurs de la Moisie. L’utilisation traditionnelle du cours d’eau par les Premières nations, perpétuée par la nation Uashat Mak Mani-Utenam, en souligne l’intérêt patrimonial, tout comme la qualifient des paysages grandioses et la préservation de ses espaces. Aucun aménagement hydroélectrique n’entrave son cours, ses chutes et ses rapides; les berges sont vierges de rebuts d’industries et de résidences permanentes. La Moisie restera l’une des dernières rivières sauvages de la Côte-Nord.
D’une largeur variant de 6 à 30 kilomètres, le corridor protégé par la réserve englobe le lit de la rivière Moisie entre le 37e et le 358e kilomètre depuis l’embouchure, ainsi qu’une vaste portion du bassin versan contigu. La superficie totale atteint 3 897,5 kilomètres carrés.
Du point de vue juridique, la réserve aquatique de la rivière Moisie jouit d’une protection complète : l’exploitation minière, gazière ou pétrolière, les activités d’exploration, de prospection, de fouille ou de décapage du sol, la coupe des arbres et l’aménagement forestier (au sens de la loi sur les forêts), l’exploitation hydroélectrique ainsi que toute nouvelle attribution de baux de villégiature, de terrassement ou de construction, sont interdits. Les droits acquis des autochtones y sont respectés, ntamment en regard de la chasse et de la pêche.
La réserve poursuit les objectifs suivants :
- La conservation d’une rivière représentative des conditions écologiques régionales ;
- La protection du saumon de l’Atlantique ;
- Le maintien de la biodiversité des systèmes aquatiques et des milieux riverains ;
- La préservation du paysage et la valorisation de ses éléments particuliers ;
- L’amélioration des connaissances sur l’écologie du saumon et sur le patrimoin naturel de la rivière Moisie.
Le nouvau statut de la rivière Moisie se compare avantageusement à celui dont bénéficie le réseau canadien des rivièes du patrimoine. En effet, la Moisie devient le premier cours d’eau intégralement protégé contre toute forme d’exploitation industrielle. Première par la superficie du bassin versant protégé, deuxième plus grand cours d’eau du sud du Canada, après le fleuve Fraser, à obtenir une reconnaissance patrimoniale, elle est digne de l’intérêt qu’on lui porte.
Canton de Rochemonteix
Proclamée en 1909, cette unité territoriale située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, est limitée au sud par le golfe du Saint-Laurent. La rivière au Bouleau, qui présente une orientation nord-sud, avant d’atteindre le golfe, lui sert de limite est. Le canton est traversé par la rivière Pigou du nord au sud et il comprend de nombreux plans d’eau. Cependant les lacs Pontois, Noirolle, à Thommy et de la Grande Anse sont les seuls dénommés sur la centaine de lacs qu’il renferme. Le père Camille de Rochemonteix (1834-1923), jésuite, a fait porter ses recherches historiques principalement sur la Compagnie de Jésus et la Nouvelle-France car, estimait-t-il, les deux sont restées inséparables. On lui doit plusieurs ouvrages, en particulier « Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVIIe siècle d’après beaucoup de documents inédits (1895-1896) et « Les Jésuites et la Nouvelle-France au XVIIIE siècle d’après des documents inédits » (1906).

La réserve aquatique de la rivière Moisie. Le décor sauvage du cours supérieur de la rivière Moisie. Fenêtre sur la rivière Nipissis, l’un des principaux affluents de la Moisie. Photographie de GrandQuebec.com.
Bravo à la rivière Moisie, bravo aux Autochtones, et bravo à tous ceux qui ont travaillé pour la protection de cette rivière.
Nous devons tous, rester vigilants en tout temps.